Au Maroc, dénoncer le makhzen, « monstre tentaculaire » est un leitmotiv commode qui évite de digresser cette notion polysémique .Ainsi lors de la réforme constitutionnelle de 1996 certains politiques ont souhaité que disparaisse le Makhzen,« principal outil de trente-cinq ans de pouvoir personnel ». Mais le Makhzen est-il l'administration, le gouvernement ou L'Etat ? Quand par exemple ,Driss Basri, après la consultation référendaire relative à la prorogation de deux ans du mandat des membres du Parlement de 1984 ,organisé le 1er décembre 1989, disait dans un point de presse en répondant à une question sur la rétroactivité de ce referendum ,que celle-ci relève d'un débat d'universitaires ; parlait-il au nom de L'Etat ,du gouvernement ou tout simplement s'exprimait-il à titre personnel ? En outre, pourquoi suffit il parfois de changer le Wali d'une région pour que sa population sente moins de pression et plus de liberté ? A partir de là, Le Makhzen n'apparaît ni comme représentant de l'administration, ni comme celui le gouvernement ni comme celui de l'Etat, mais plutôt comme celui des hommes qui le composent dans leurs rapports d'allégeance avec le pouvoir et de contrôle sur la société. Ces hommes sont imbus d'une culture politique basée sur des règles de conduite et une façon particulière et propre de gérer les collectivités et les affaires aussi bien à l'échelle centrale que locale . Cependant, les slogans mêmes de cette culture sont en perte de vitesse : Goulou laam zine , Camera chaala Hadou Dialna Hadouk Dyalhoum .... Laissant place à de nouveaux mots d'ordre tournés vers l'avenir : Droits de l'homme, citoyenneté, Indh... Au niveau du pouvoir local les nouveaux Walis, gouverneurs et agents d'autorité ont un nouveau langage crédibilisé par une nouvelle gouvernance. Dans ce sens, au Tadla Azilal ,il a suffi de changer le Wali pour voir émerger un nouveau pouvoir local digne de la nouvelle conception de l'autorité. Au niveau de l'Etat central, les choses se clarifient davantage. Ce mois de janvier a connu un palmarès d'actes de démakhzénisation avec le rapport de l'institution équité et réconciliation dont le travail durant 2 ans a permis de comprendre les abus de pouvoir voire les excès de zèle des hommes prétendant agir au nom du Makhzen et pour le makhzen et qui se croyaient au dessus des lois temporelles et spirituelles. De même , le rapport sur le développement humain 50, sort le pays de l'omerta et de l'hypocrisie politicienne qu'entretenaient les hommes épris de cette culture, pour ouvrir grandes les portes d'un débat sur notre présent afin de se mobiliser à la construction de l'avenir. Edifice auquel l'association Appel citoyen , née durant le même mois , tente d'apporter sa pierre , en défendant les acquis de l'Etat et de la société contre les nihilistes , les marchands de désespoir et les pécheurs en eau trouble . Le discours royal est venu couronner le tout en énonçant : « A cet égard, outre le devoir de conserver cette période dans la mémoire collective de la nation, dans la mesure où elle fait partie intégrante de son Histoire, il appartient à chacun de nous d'en tirer les enseignements qui s'imposent, afin de se doter des garanties nécessaires, pour éviter que certains écarts du passé ne se reproduisent et pour combler certaines lacunes antérieures .Cela dit, ce qui importe le plus, c'est bien de se tourner vers l'avenir dans une démarche prospective et constructive, apte à galvaniser nos énergies pour nous focaliser sur le règlement des questions majeures qui préoccupent instamment notre peuple, afin de favoriser l'essor et le progrès de notre pays ». Alors, libre à ceux qui voient dans ces acquis « un ravalement de façade », de continuer à nager contre le courant. Quant à la réalité, elle crève les yeux et le pays connaît une « nouvelle révolution du roi et du peuple », jetant aux scories de l'histoire , un passé douloureux et avec lui le makhzen et ses épigones. assid