Mes parents n'ont rien vu venir. Mes amis se sont bien marrés de moi. Les voisins s'en remettront des décibels qui les font souffrir. Mais le plus important c'est que moi j'adore !! Il est vrai que l'Inde, ou plus exactement le cinéma indien, a envahi grands et petits écrans marocains il y a bien des années, mais la vision des gens n'a pas pour autant changé. Une personne qui aime "l'hnoud", ça fait tâche. Amine m'a dit : " y a que les vendeurs de cigarettes en détail et les chmakryas qui regardent ça". Hanane, elle, s'est contentée d'un :" Safi, hadouk houma li kanou na9sinek !!". Jawad, lui, connaît plein de monde qui regarde "l'hnoud" :" Mais seulement quand ils se saoulent...tu te saoules ?". Sur au moins une centaine de personnes, seule Majdouline (regardeuse invétérée de hnoud), a su me conseiller quelques bonnes productions purement Bollywoodiennes !! En réalité, c'est bien Bollywood qui produit le plus de films par an, avec des moyens très très ....enfin avec beaucoup beaucoup de zéros sur les chèques et le résultat et plus que satisfaisant, c'est féerique !! Exit les anciens films indiens où le héros était un combattant, où il devait au minimum y avoir 3000 litres d'hémoglobine versés et où la seule fille qui apparaissait était la mère du héros qui pleurait son fils. Exit aussi le cliché du film à l'eau de rose où l'amour est caricaturé et où le Roméo et la Juliette se pleurent. Aujourd'hui, l'industrie du film indien a fait un très grand saut en avant. Les acteurs sont jeunes, ayant une beauté bien spéciale (indienne ?!)Et qui jouent très bien leurs rôles. Je ne dirais pas que TOUS les films indiens sont excellents ; d'abord parce que je ne les ai pas tous vus, ensuite parce que pour reconnaître le bon du mauvais, il faut bien produire des navets !(question de relativité) Bon, d'accord "Le Film Indien", c'est avant tout Le héros + l'héroïne + l'amour impossible + la Famille + les méchants, cela n'en fait pas pour autant un cinéma à bannir ou à mépriser. Hollywood utilise le même principe, le Caire aussi, ce n'est pas pour autant qu'on ne pleure pas les amoureux du Titanic ou qu'on ne reste pas bouche bée devant les deux protagonistes égyptiens qui se retrouvent à la fin du film pour un tendre baiser enflammé (ou une accolade, ça a le même effet), après tant de haine et de péripéties. Le concept reste le même, ce n'est que la manière de proposer l'histoire qui diffère d'un pays à un autre. Aux States, Jack et Sarah sont blonds et/ou ont les yeux bleus, ils couchent ouvertement avant le mariage, ils se fâchent puis, après qu'on ait kidnappé l'un d'eux, se réconcilient car ils ne peuvent pas vivre loin l'un de l'autre. En France, Jean et Marie sont concubins et dingues, plus ouverts que les américains mais aussi plus volages, la fin n'est pas toujours connue, parfois y en a pas. En Egypte, Ali aime Mouna et Mouna aime...Ali. Il tombe amoureux de la meilleure amie de Mouna qui a son tour se voit obligée par sa famille d'épouser son cousin Yasser. Mais Mouna et Ali finissent par se marier. (Je sais les choses ont plus ou moins changé depuis Fatine Hamama, d'ailleurs les jeunes acteurs égyptiens sont très talentueux, ex : minna shalabi, hanan turk, et plein d'autres, mais il s'agit là de citer les clichés cinématographiques des autres pays pour arriver à : Le cinéma indien n'est donc pas bête, il ne pousse pas les gens à être plus naïfs, il ne dit pas que la vie est rose, il ne montre pas que l'amour triomphe toujours (Devdas). C'est un genre qui se veut respectueux de la famille et des parents avant toute chose, où les sentiments sont purs (les bons comme les mauvais), et où l'adoration et l'être humain acquièrent un sens et une valeur. C'est ainsi que rares sont les films indiens où l'amour charnel est représenté dans sa forme la plus basique (pour faire plus court:les scènes de cul, le sexe quoi...). Le film indien est d'abord une représentation de l'innocence, de l'adoration du dieu (des dieux), la famille, l'amour, l'amitié, les valeurs et les principes (qu'on perd de plus en plus). Tous ces concepts sont présentés dans une Inde en plein développement, charmeuse, drôle, touchante, sévère, éducatrice mais surtout animée. Le film indien dure en moyenne 2 heures 30 à 3 heures et contient au minimum 6 chansons. Les paroles sont envoûtantes (l'indien est LA langue de l'amour !!), les danses tantôt tristes (Kal ho naa ho - s'il n'avait pas de lendemain), tentatrices (Kaahe Chhed Mohe), prières au(x) dieu(x) (Ragupati Raam) et bien d'autres... Les costumes, quant à eux, sont too much ! Mélange d'une Inde traditionnelle et modernes, couleurs vives pour les dames, un peu plus sobres pour les messieurs. C'est très banal, cité comme ça, mais quand vous regarder une production indienne, vous voyez plus que ces choses futiles, car les acteurs sont là pour vous passer un message, celui de l'amour ? Pas forcément... Je dirais plutôt celui de l'humanité. Cette humanité qui nous fait tellement peur, cette humanité qu'on a perdu ou qu'on veut perdre. Ce n'est pas nouveau, les sentiments nous font peur. Dire que "je donnerais ma vie pour toi", je ne crois pas que Monsieur ou Madame tout le monde pourrais le dire, en l'assumant mais surtout en le ressentant. Car cet amour innocent pur et simple qu'on critique dans ces films, l'a-t-on déjà ressenti ? Peut-être même qu'il n'existe plus. Mais assez parlé d'amour, les indiens parlent aussi, dans leurs films, des différences culturelles de leur pays. En effet, en Inde, il y a de tout, des hindous, des musulmans, des chrétiens, des juifs, des agnostiques, des athées,....Le film indien voudrait qu'un jour toutes ses cultures vivent -réellement- en harmonie. D'ailleurs, les indiens parlent beaucoup des conflits avec leurs pays voisins (surtout le Pakistan, qui faisait partie du territoire indien mais a été déclaré état des indiens musulmans et le Cashmere). Si les indiens peuvent réaliser la paix en films, le monde ne peut-il pas la réaliser à une échelle mondiale ? Mais bon, vanter les mérites des « hnouds » pourrait me prendre des heures et je n'en finirais pas, car ce peuple, ce sous-continent qui a défié l'océan et la nature pour atteindre l'Asie, puis le monde a de quoi être fier. En nous offrant le langage de l'amour universel, le vrai, le pouvoir de rêver et d'oublier un peu ce dur monde où nous vivons, Bollywood nous permet de croire encore en l'innocence, en la possibilité d'une trêve, non pas avec le monde extérieur, mais avec nous même, un petit moment où penser ne serait plus un supplice, où les yeux retrouvent la joie du regard, où les sens se reposent tout en apprenant une seule est unique chose : rien n'est impossible !