Introduction : Pendant l'épisode précédent, nous avons rappelé comment le Messager (BP sur lui) avait passé les trois premières années de sa mission à réaliser le plan qu'il avait mis au point pour s'entourer d'hommes valeureux capables de porter avec lui la responsabilité de la mission. Au début il n'en avait avec lui que cent cinquante et aujourd'hui nous continuons avec les trois années suivantes. Le Messager (BP sur lui) passait à la seconde étape de son plan qui était la divulgation de son message et nous allons voir comment ses compagnons s'adaptaient vite aux circonstances. Ils s'activaient selon un plan précis sans attendre de miracles qui ne venaient que de temps en temps pour les consolider et les consoler de l'oppression et de l'injustice qui s'abattait sur eux. Nous devons savoir que celui qui veut réussir son but dans la vie doit s'activer et s'armer de tous les moyens matériels possibles. Les miracles ne viennent que pour encourager les efforts et faire sentir que la miséricorde d'Allah est proche des bienfaisants. La réaction de Qoraïche : Qoraïche ne voyait pas d'un bon œil la propagation de l'Islam partout dans ses tribus. Ses notables se mirent d'accord pour l'entraver et décidèrent de s'attaquer en premier lieu à la personne du Prophète (BP sur lui). Ils décidèrent de le traiter de menteur, se moquer de lui, nuire à sa famille, attaquer ses compagnons et leur infliger des supplices corporels allant parfois jusqu'à la mort. Le Messager et ses compagnons supportaient toutes ces tyrannies pour la cause et pour éterniser le Message et nous le faire parvenir. Les mécréants accusaient Le Prophète (BP sur lui) de raconter des histoires que lui apprenaient d'autres gens venant de contrées loin de la Mecque et le Coran a réfuté leurs accusations avec ce verset -qui peut être traduit par - : “" Les mécréants disent : « Tout ceci n'est qu'un mensonge qu'il (Muhammad) a inventé, et où d'autres gens l'ont aidé ». Or, ils commettent là une injustice et un mensonge. " (TSC[i], Al-Fourqân (LE DISCERNEMENT) : 4). Et comme le Prophète disait toujours qu'il leur transmettait les paroles du Miséricordieux, ils pensaient qu'il y avait un homme nommé miséricordieux qui lui apprenait ces histoires. An-Nadr ibn al-Hârith est parti en Perse apprendre des histoires folkloriques pour venir les raconter à la Mecque pour distraire les gens et les détourner de Mohammed (BP sur lui). Il prétendait qu'il parlait mieux que le Prophète et se mettait à raconter ses histoires à haute voix quand le Messager (BP sur lui) priait avec ses compagnons devant la Ka‘ba pour les brouiller. Abou Lahab marchait derrière le Prophète (BP sur lui) dans les rues de la Mecque et disait à ceux qui s'approchaient de lui : “Ne l'écoutez pas c'est un menteur.” Venant d'un oncle, ces mots devaient être particulièrement difficiles et humiliants. Nous pouvons également subir des souffrances lorsque nous servons une cause mais nous devons nous rappeler notre Prophète (BP sur lui) et essayer d'être patient comme lui. Il faut persister, avancer et s'activer malgré tout, comme il faisait. Il ne pouvait pas s'arrêter, il avait reçu cet ordre avec ces versets -qui peuvent être traduits par - : “Lève-toi [pour prier], toute la nuit, excepté une petite partie ; " (TSC, Al-Mouzzammil (L'ENVELOPPE) : 2). Et encore : “" Lève-toi et avertis. " (TSC, Al-Mouddaththir (LE REVETU D'UN MANTEAU) : 2) et lorsque Khadîdja lui conseillait de se reposer et de prendre soin de lui même il lui répondait : “Le temps du sommeil est révolu Khadîdja.” Notre Prophète (BP sur lui) bien-aimé a dû terriblement souffrir car les insultes et les humiliations font le plus mal quand on se sent meilleur et plein de fierté. A l'âge de quarante-trois ans, lui, le bien-aimé du Miséricordieux, qui a toujours été connu comme le véridique, le probe, était humilié de cette façon. Avant d'arriver à la Mecque pour la saison du pèlerinage, les tribus étaient prévenues contre lui et on leur disait “Evitez le fou”. Oum Djamîl, la femme d'Abou Lahab était des plus acharnés contre lui. Rien ne lui semblait suffisant. Elle déposait de la saleté devant sa porte et lui jetait de la poussière sur le visage. Il ne faisait que répondre : “Quel voisinage est-ce là ?” sans colère et sans lui rendre la pareille. C'est à son sujet que ces versets ont été révélés - ils peuvent être traduits par- : “" de même sa femme, la porteuse de bois, à son cou, une corde de fibres. " (TSC, AL-MASAD (LES FIBRES) : 4, 5). Cette femme avait pris l'habitude de composer des vers satiriques où elle insultait le Prophète en lui donnant le surnom du Mouzammam (le blâmable) et quand les compagnons du Prophète se fâchaient, il leur disait : “Ne vous en faîtes pas, elle insulte un Mouzammam (blâmable) et je suis Mohammad (louable). Une autre fois alors qu'il pratiquait la circumambulation autour de la Ka‘ba avec ses compagnons, des mécréants se mirent à se moquer de lui et à le railler. Mais comme il était patient mais pas faible, il se dirigea vers eux et leur cria qu'il allait leur apporter la mort s'ils n'arrêtaient pas leurs railleries. Ils se turent à l'instant et dire avec des voix mielleuses : “Nous savons que tu es clément.” Le Messager pouvait faire des invocations contre eux et déchaîner le courroux du ciel contre eux, mais il patientait et disait : “Je suis venu en miséricorde pour l'humanité.” Au milieu de tout cela le Coran venait le consoler et lui révéler des versets comme ceux-ci - qui peuvent être traduits par- : “ Et Nous savons certes que ta poitrine se serre, à cause de ce qu'ils disent. " (TSC, Al-Hijr : 97). « Il ne t'est dit que ce qui a été dit aux Messagers avant toi. Ton Seigneur est certes Détenteur du pardon et Détenteur aussi d'une punition douloureuse. " (TSC, Foussilat (LES VERSETS DETAILLES) : 43). Pouvons-nous imiter le Messager, être courageux, patients et entreprenants comme lui ? Saurons-nous réussir la renaissance de la Umma comme il aurait aimé nous voir le faire ? Pourrons-nous être positifs et instaurer tout ce qui peut aider à la prospérité de la Umma ? Y a-t-il parmi vous ceux qui se sentent honteux de ne pas avoir pu sauvegarder le message du Prophète (BP sur lui) ? D'avoir manqué au serment fait par l'humanité à Allah lorsqu'il lui a donné le vicariat sur Terre ? Allah vous dit -ce qui peut être traduit par- : “ Ô vous qui croyez ! Ne trahissez pas Allah et le Messager. Ne trahissez pas sciemment la confiance qu'on a placée en vous ? " (TSC, Al-'Anfâl (LE BUTIN) : 27). La Terre a besoin de nous. Lorsque nous rencontrerons le Messager (BP sur lui) nous aimerions lui assurer que nous avions suivi ses pas. Un jour il dit à ses compagnons : « Mes frères me manquent ! » On lui dit alors : « Ne sommes-nous pas tes frères ? » Il dit : « Non ! Vous êtes mes compagnons ! Mes frères sont des gens qui viendront après moi, croiront en moi alors qu'ils ne m'ont pas vu ! » Je vous demande si vous aimez assez le Messager pour faire revivre sa Sunna. Allah le consolait avec des versets -qui peuvent être traduits par - : “ N'avons-Nous pas ouvert pour toi ta poitrine ? Et ne t'avons-Nous pas déchargé du fardeau qui accablait ton dos ? Et exalté pour toi ta renommée ? A côté de la difficulté est, certes, une facilité !” (TSC, Ach-Charh (L'OUVERTURE) : 1-5). Et encore : “ Nous t'avons certes, accordé l'Abondance. Accomplis la Salât pour ton Seigneur et sacrifie. Celui qui te hait sera certes, sans postérité. " (TSC, Al-Kawthar (L'ABONDANCE) : 1-3). Pour ajouter à tous ces malheurs, Abou Lahab ordonna à ses fils ‘Otba et ‘Otaïba de répudier les filles du Messager, Roqaya et Oum Koulthoum. La mécréance des Quraychites est liée à leurs intérêts, c'était pour eux une question d'intérêts sociaux et économiques. D'ailleurs, chacun d'entre nous est constamment exposé à ce choix dans sa vie. Nous sommes tous les jours tenus de choisir entre la vérité, la rectitude d'une part, et le mal et l'illicite d'autre part. Les étudiants sont tentés par la tricherie pour réussir, les fonctionnaires par les félonies et les coups bas pour gravir les échelons, ou par la corruption. Et là je prie les femmes, les épouses pour qu'elles disent non au gain illicite de leurs maris, faites comme les compagnes du prophète qui disaient à leurs maris : "aie crainte de Dieu, car nous pouvons endurer la faim mais pas le feu de l'enfer." Face à la résignation du Prophète, les Quraychites vont durcir le ton, et ils iront même jusqu'à lui porter atteinte physiquement. Le plus virulent d'entre eux était Oqba Ibn Mou'aît. Il attendait, par exemple, le moment où le Prophète faisait sa prière devant la Ka'ba, venait vers lui, lui enlevait sa cape et l'enroulait sur sa tête pour l'étouffer. Une fois, alors que le Prophète était encore dans sa prière, Oqba vit le cadavre d'un chameau qui gisait non loin de là, il prit sa lame, ouvrit le ventre du chameau et sortit ses boyaux puis les mit sur le dos du Prophète qui était prosterné. Le Prophète resta ainsi jusqu'à ce que l'une de ses filles vienne l'en débarrasser alors que les gens riaient autour d'eux. À Zeinab qui pleurait de cette pénible scène, le Prophète dit : "ne pleure pas ô ma fille, Dieu triomphera ton père". Avez-vous vu combien le Prophète a enduré pour nous ? Des fois, les mécréants le guettaient aux détours des rues et lui jetaient du sable dans les yeux et il repartait ainsi chez lui, souillé par ce qu'ils lui jetaient. Alors que Fatima l'essuyait et pleurait, il lui disait : "ne pleure pas ô ma fille, Dieu triomphera ton père". Mais pourquoi Allah a-t-Il tant fait souffrir Son bien aimé ? Pour que l'on sache que cette religion est très chère, que le message qu'il portait était grave. Mais qu'avons-nous fait après lui ? Je vous citerai un verset très grave. Dieu dit -ce qui peut être traduit comme : " Muhammad n'est qu'un messager - des messagers avant lui sont passés -. S'il mourait, donc, ou s'il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ?... " (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 144). Sommes nous retournés sur nos talons ? Avons-nous délaissé sa cause et son message ? ‘Oqba Ibn Mou'aît, un ami d'Abou Jahl, a fait encore plus grave que ce nous avons cité jusqu'à présent. Alors que Abou Jahl était en voyage, ‘Oqba commença à écouter le Prophète et à ressentir de la sympathie envers lui. Il décida enfin d'embrasser l'Islam, mais quand Abou Jahl revint du voyage et apprit les desseins de son ami, il le menaça de ne jamais le regarder ni lui adresser la parole s'il ne dénigrait pas le Prophète en lui crachant au visage. ‘Oqba partit voir le Prophète et lui cracha au visage ! Et les versets suivants furent révélés ; Dieu dit -ce qui peut être traduit comme : " Le jour où l'injuste se mordra les deux mains et dira : « [Hélas pour moi !] Si seulement j'avais suivi chemin avec le Messager !... Malheur à moi ! Hélas ! Si seulement je n'avais pas pris « un tel » pour ami !... Il m'a, en effet, égaré loin du rappel [le Coran], après qu'il me soit parvenu ». Et le Diable déserte l'homme (après l'avoir tenté). " (TSC, Al-Fourqân (LE DISCERNEMENT) : 27-29). Avez-vous choisi vos compagnons parmi les gens du bien pour qu'ils vous aident à persévérer dans le sentier d'Allah ? Dites-moi qui vous fréquentez et je vous dirai si vous vous repentirez ou pas, dites-moi qui vous fréquentez et je vous dirai si vous tiendrez après le ramadan ou pas. Où bien avez-vous fait comme Oqba qui écouta le mauvais conseil de son ami ? Abou Jahl décida un jour d'aller plus loin dans les sévices qu'il faisait endurer au Prophète. Il s'est dit : par Allât et Ouza (des divinités de Qoraïche) j'irai voir Mohammed dans sa prière et lui écraserai la face avec mon pied et lui enfoncerai le visage dans la poussière. Mais il revint tout frissonnant et dit : quand j'ai voulu m'approcher de lui j'ai vu une tranchée de feu devant moi et j'avais peur qu'il me brûle si je le traversais !! Dieu a laissé le Prophète endurer les maux de Qoraïche parce que la vérité est chère et pour que l'on estime le sacrifice du Prophète et l'Islam à leur juste valeur. Le Prophète a dit dans un hadith : "on me faisait du mal alors qu'on ne faisait du mal à personne. On m'a fait peur dans ma religion alors qu'on ne faisait peur à personne. On m'a affamé alors que personne n'était affamé. Nous passions moi et Bilal tout un mois sans rien dans le ventre qui puisse nourrir un homme. Je ne mangeais que ce que Bilal m'apportait caché sous son aisselle !!" Vous imaginez l'ampleur de la souffrance de celui dont le nom est forgé sur la porte du paradis ? Que lui dirons nous le jour du jugement quand nous le rencontrerons ? Qu'avons-nous fait après lui ? Au milieu de toutes ces souffrances, le Prophète n'a cessé de prôner la vérité et de soutenir la justice. Un jour, un bédouin était venu à la Mecque réclamer de l'argent que lui devait Abou Jahl qui refusait de le lui restituer. Les gens lui ont dit que personne ne pouvait lui rétablir son droit auprès d'Abou Jahl de toute la Mecque sauf Mohammed. Ils ont fait cela pour rire, car ils savaient bien ce qu'il y avait entre le Prophète et Abou Jahl. L'homme se dirigea vers le Prophète et lui dit qu'on lui avait suggéré d'aller le voir pour qu'il l'aide à restituer son argent chez Abou Jahl. Alors le Prophète lui enjoignit de le suivre. Il frappa à la porte d'Abou Jahl et quand ce dernier avoua avoir pris l'argent, il lui ordonna de rendre à l'homme ce qu'il lui devait. Abou Jahl s'exécuta et le bédouin s'en fut satisfait sans que le Prophète ne le force à embrasser l'Islam, car il avait fait le bien pour le bien. Les Quraychites dirent à Abou Jahl : as-tu si peur devant Mohamed ? Alors il leur répondit : « quand il a frappé à ma porte j'ai vu derrière lui un chameau mâle et j'avais peur qu'il me dévore si je ne faisais pas ce que Mohammad me demandait. » C'est un autre miracle, mais des miracles qui apparaissent quand on décide d'agir. Le sacrifice des compagnons : Les compagnons du Prophète ne reculèrent pas non plus devant la persécution de Qoraïche. Abdallah Ibn Mass'oud, un jeune homme chétif, dit un jour : par Allah je leur ferai entendre le Coran. Il alla à la Ka'ba au centre de la Mecque et entonna la sourate Ar-Rahmane à haute voix à qui veut l'entendre. Les Quraychites le prirent et le rouèrent de coups jusqu'à ce que vinrent ses compagnons pour le délivrer plus mort que vivant. Mais à la surprise de ceux-ci, il leur dit : par Allah je récidiverai demain. Et c'est ce qu'il fit et les Quraychites le prirent encore une fois et le battirent jusqu'à ce que ses compagnons l'en délivrèrent. Intraitable, il leur dit : par Allah je le referai demain. Alors le Prophète lui dit : aie pitié de toi-même Ibn Mass'oud. Et Ibn Mass'oud lui dit : par Allah je les trouve plus méprisables qu'avant. Un jour, le Prophète passa auprès d'un groupe de Quraychites, alors ceux-ci se groupèrent autour de lui et se mirent à le malmener ; l'un le tirait par les vêtements et l'autre le poussait et ainsi jusqu'à ce que passa par là Abou Bakr. Il joua des coudes jusqu'à ce qu'il atteignît le milieu, il arracha le Prophète de leurs mains et leur cria : faites-vous du mal à un homme dont le seul tort est d'avoir proclamé que son seigneur est Allah ? Alors les Quraychites se détournèrent du Prophète et prirent Abou Bakr et le battirent. ‘Oqba Ibn Mou'aît poussa Abou Bakr et quand celui-ci tomba par terre, il commença à le frapper sur le visage jusqu'à ce le visage d'Abou Bakr s'enflât et qu'on ne distinguât plus le nez du reste de son visage ! Il ne lâcha prise que lorsque Abou Bakr s'évanouit. Alors ils le portèrent chez sa mère et lui dirent : s'il vit encore nourris-le et ne le laisse pas sortir durant trois jours. Dès que Abou Bakr ouvrit les yeux, il demanda ce qu'était devenu le Prophète (BP sur lui). Alors sa mère lui dit : qu'importe les nouvelles de Mohammed, occupe toi de ton état. Alors il lui dit : par Allah je ne mangerai et ne boirai que lorsque je saurai ce qui est advenu de lui, va chez Fatima Bent Alkhatab et demande lui ce qui est advenu de Mohammed. Celle-ci vint chez lui et le rassura en lui disant que le Prophète allait bien. Mais Abou Bakr voulut s'en assurer lui même. Alors les deux femmes le soutinrent et le portèrent chez le Prophète et quand il vit qu'il allait bien il dit : louange à Allah. Le Prophète le prit dans ses bras et le serra contre lui. Parmi eux aussi, Bilal que l'on supplicia dans le désert, en le fouettant et en mettant sur son ventre une pierre pour qu'il renie sa foi. On le tortura d'avantage pour qu'il prononce les noms de leurs divinités mais il leur dit : je veux le dire mais ma langue ne m'obéit pas ! Je dis à tous les démunis, à tous les opprimés, prenez exemple sur Bilal. Que votre condition sociale ne vous empêche pas d'être porteurs de message et défenseurs de causes. Parmi ces nobles compagnons qui ont tant souffert aussi, Az-Zoubeir Ibn Al-Awam. Son oncle le torturait sans relâche pour qu'il se rétracte sur sa conversion. Il l'enroulait dans un tapis et le suspendait dans une pièce de la maison et allumait un feu en dessous de lui et laissait la fumée remplir la maison, tant que Az-Zoubeir attrapa une maladie respiratoire par la suite. Il n'avait que seize ans alors ! Mais cela ne le dissuada point de tenir ferme dans son attachement au Prophète. Saâd Ibn Abi Waqaç était très attaché à sa mère. Celle-ci le mit devant un choix difficile, soit il renonçait à sa foi soit elle se priverait de nourriture et de boisson jusqu'à ce qu'elle meure et que Qoraïche l'accuse d'avoir causé la mort de sa mère. C'est ce qu'elle fit, elle s'abstint de manger pendant trois jours jusqu'à ce qu'elle perdit conscience. Quand elle revint à elle, Saâd lui dit : par Allah, si tu avais cent âmes et que tu rendes ces âmes une par une, je ne reviendrai sur ma religion ! Sa mère renonça à son jeûne. Et le Coran se révéla au Prophète pour apprendre aux compagnons de bien traiter leurs parents ; Allah (exalté soit-Il) dit -ce qui peut être traduit comme : " Et si tous deux te forcent à M'associer ce dont tu n'as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas ; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi, ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez ». " (TSC, Louqmân : 15). Avons-nous réalisé tout le long de cet épisode combien le Prophète et ses compagnons ont souffert ? Cela est-il suffisant pour nous éveiller ? Nous ne sommes pas tenus d'endurer ce qu'ils ont subi, mais avons-nous fait quelque chose pour notre religion ? Tapis que nous sommes chacun dans sa petite situation confortable bien loin de ces supplices que nous contons. Les exemples sont nombreux ; La famille de Yasser entre autre. Yasser, son fils Amar et sa femme Soumaya ont subi une torture atroce. On les suppliciait sans relâche et quand le Prophète (BP sur lui) se rendit chez eux, il leur dit : tenez ô famille de Yasser, le paradis vous est promis. Soumaya était particulièrement tenace. Elle avait dépassé la soixantaine, elle était frêle et faible, mais elle avait tenu devant Abou Jahl d'une façon extraordinaire. Cela rendit fou Abou Jahl qui se sentait impuissant devant cette femme chétive. Alors un jour, excédé par sa résignation il prit une lance et l'enfonça dans ses parties intimes et elle mourut. Elle fut la première martyr de l'Islam, encore une femme pour jalonner la grande Sira du Prophète. Deux jours après la mort de Soumaya, son époux décéda des suites de la torture. Dix ans après, durant l'expédition de Badr, Abou Jahl fut tué. Le Prophète appela Amar et lui dit : n'aie peur, Dieu s'est vengé pour toi ! Khabab n'endurait pas moins qu'eux. Les Quraychites le prenaient, le ligotaient et le mettaient sur des charbons ardents. Et ils ne s'arrêtaient que lorsque la graisse de son corps fondit et éteignait les charbons ! Il alla en rampant chez le Prophète et lui dit prie Dieu ô Prophète pour qu'il nous sauve. Alors le Prophète (BP sur lui) au lieu de le réconforter se refrogna, s'assit et lui dit : "par Allah, les gens qui vous ont précédé, on les coupait en deux avec des scies et ceci ne les détourna point de leur religion. Par Allah cette religion triomphera au point où l'on marchera de Sana' à Hadramaout sans craindre autre qu'Allah. Mais vous vous empressez, tiens bon ô Khabab." Le Prophète était pourtant miséricordieux envers ses compagnons, mais il voulait des hommes qui soient à la hauteur de la mission. Sommes-nous à la hauteur de cette mission ? Sommes-nous des porteurs dignes de ce message ? Vous connaissez certes les pigeons voyageurs, ces pigeons qui bravent les aléas du temps, qui volent haut et qui ne s'arrêtent ni pour picorer ni pour boire jusqu'à atteindre leur destination. Pourrions-nous être comme ces pigeons et apprendre de ce petit oiseau le sens du sacrifice ? Mais au milieu de toutes ces souffrances, Dieu réconforta le Prophète et ses compagnons par l'Islam de hamza et de Omar. Hamza était un homme distrait qui aimait la chasse. Il n'était pas intéressé par les affaires de la Mecque et ce qui s'y passait. Un jour, alors qu'il revenait d'une sortie de chasse, il rencontra une esclave (regardez encore l'exploit des femmes croyantes) qui lui dit : ô Abou Imara (son surnom) tu t'amuses à chasser et tu ignores ce qui est arrivé à ton neveu (le prophète). Hamza lui dit : qu'est-il donc arrivé à mon neveu ? La femme lui dit : Aba Al-Hakam (le surnom de Abou Jahl) le persécute et l'humilie et toi tu chasses... Hamza se dirigea aussitôt vers la Ka'ba où il trouva Abou Jahl et il lui dit : oses-tu l'insulter alors que moi aussi j'ai embrassé sa religion ? Et il prit alors son arc et le frappa sur la tête et lui dit : rends le coup si tu peux. Quelqu'un qui assistait à la scène dit : as-tu embrassé la religion de Mohammed ô Hamza ? Il répondit : oui, et qui peut bien m'en empêcher ? Hamza s'en fut en réalisant ce qu'il venait de dire. Pouvait-il se rétracter ? L'entêtement des arabes l'empêcherait et c'est ainsi quand Dieu veut appeler à lui l'un des Ses serviteurs... Hamza ne dormit pas de la nuit, le lendemain il alla chez le Prophète et lui dit : ô mon neveu, je me suis mis dans une situation que je ne peux résoudre. Le Prophète lui proposa alors d'embrasser l'Islam, ce qu'il fit et il dit au Prophète : par Allah je sais que tu dis vrai, va et crie fort ta religion, je suis à tes côtés. Vint ensuite la surprise de la conversion d'Omar. Hamza a rejoint l'Islam d'un coup de tête subit, alors que ‘Omar s'en est approché à petits pas, étape par étape. Cela commença d'abord lorsqu'il malmenait lui aussi le Prophète. Il le suivait et chaque fois que le Prophète voulait parler à quelqu'un, ‘Omar ordonna à l'homme de se tenir à l'écart, car il était d'une grande taille et il était très rude et les gens le craignaient beaucoup. Un jour qu'il battait une des ses esclaves convertie à l'Islam, et qu'il haletait de fatigue, celle-ci lui dit : vois-tu comment tu es fatigué, par Allah je ne sens la moindre fatigue et tu peux toujours me battre tant que tu veux. ‘Omar raconte qu'il sentit pour la première fois l'Islam frapper à la porte de son cœur. Une autre fois ‘Omar raconte qu'un soir alors qu'il était ennuyé car il ne trouva pas ses compagnons avec qui il veillait, décida d'aller vers la Ka'ba pour faire la circumambulation. Arrivé là, il trouva le Prophète qui priait. ‘Omar se dit que tant que le Prophète était absorbé par sa prière et ne le voyait pas il écouterait ce qu'il raconte. Le Prophète priait et récitait la sourate Al-Hâqqa. ‘Omar écouta et se dit que Mohammed ne pouvait être qu'un poète alors que le Prophète récitait justement le verset dans lequel Dieu dit -ce qui peut être traduit comme : " et que ce n'est pas la parole d'un poète ; mais vous ne croyez que très peu, " . ‘Omar se dit alors que Mohammed devait être un devin et le Prophète récita le verset suivant : " ni la parole d'un devin, mais vous vous rappelez bien peu. " et ‘Omar se demanda ce que cela pouvait être et le Prophète récita le verset suivant : " C'est une révélation du Seigneur de l'Univers. " ‘Omar dit : « j'ai eu un frisson et l'Islam a pénétré davantage dans mon cœur. » Un jour, ‘Omar rencontra une femme qui portait un baluchon et qui marchait. Omar lui dit : où vas-tu ô esclave d'Allah ? Elle lui répondit : ‘je vous fuis avec ma religion'. ‘Omar lui dit : ‘il n'est point juste que tu quittes ta terre'. La femme qui remarqua une lueur dans les yeux d'Omar retourna vers son mari et lui dit qu'elle sentait que ‘Omar allait embrasser l'Islam. Son mari lui répondit : « par Allah, Omar n'entrera en Islam que lorsque l'âne de son grand père Al-Khattab le fera ! » L'Islam ne cessait de titiller le cœur d'Omar, mais le diable le retenait encore dans la mécréance jusqu'au jour où l'on dit à Omar que Mohammed divise les gens et sème la discorde à la Mecque. Exaspéré, il prit son épée et décida d'aller tuer le Prophète. En route il rencontra l'un des compagnons du Prophète qui lui dit en le voyant porter son épée : où vas-tu comme ça ‘Omar ? ‘Omar lui répondit sans sourciller : je vais tuer Mohammed. Alors le compagnon qui eut peur pour le Prophète lui dit : tu cherches à tuer Mohammed et tu laisses ta sœur ? Omar lui dit : qu'a fait ma sœur ? L'autre lui répondit : elle a suivi Mohammed dans sa religion. ‘Omar devint fou de rage et se dirigea aussitôt chez sa sœur. Celle-ci était entrain de réciter avec son mari et Khabab la sourate Ta-ha. ‘Omar entra furieux et leur dit : j'ai entendu un murmure, qu'est ce que vous lisiez ? Sa sœur lui dit : nous ne lisions rien du tout. Alors ‘Omar empoigna son mari et le mit à terre et le frappa avec force en lui disant ; j'ai entendu que tu as embrassé l'Islam. Et Saïd Ibn Zeid lui répondit : vois-tu si la vérité était autre que ta religion... ‘Omar continua à le frapper alors sa sœur, Fatima Bent Al-Khattab, voulut le retenir et le tira par son vêtement, ‘Omar se retourna et la frappa au visage du revers de la main qui fendit sa lèvre. Fatima tomba par terre et le morceau de cuir sur lequel était écrit la sourate lui tomba de la main mais elle ne cria pas malgré le sang qui coulait de son visage, elle lui répétait seulement : vois-tu si la vérité était autre que ta religion... ‘Omar lui demanda de lui donner le feuillet et Fatima lui dit : tu es impur et tu ne dois pas le toucher ; va d'abord prendre un bain rituel. ‘Omar partit se baigner puis revint et lui redemanda le feuillet, le prit et lit la sourate Ta-Ha qui y est écrite :" Tâ-Hâ, Nous n'avons point fait descendre sur toi le Coran pour que tu sois malheureux. si ce n'est qu'un Rappel pour celui qui redoute (Allah), (et comme) une révélation émanant de Celui qui a créé la terre et les cieux sublimes. Le Tout Miséricordieux S'est établi « Istawā » sur le Trône. A Lui appartient ce qui est dans les cieux, sur la terre, ce qui est entre eux et ce qui est sous le sol humide. Et si tu élèves la voix, Il connaît certes les secrets, même les plus cachés. Allah ! Point de divinité que Lui ! Il possède les noms les plus beaux. " ‘Omar s'ébranla à la lecture des versets et demanda à sa sœur où était le Prophète (BP sur lui) Saïd lui dit : il est chez Al-Arqam. Omar partit vers la maison d'Al-Arqam et frappa à la porte. Le Prophète se trouvait avec une cinquante de compagnons entrain d'apprendre le Coran. Quand ils surent que c'est ‘Omar qui frappait à la porte ils prirent peur. Mais Hamza les rassura, en leur disant : s'il est venu pour le bien qu'il soit le bienvenu, et s'il est venu pour le mal je m'en chargerai. Quand ‘Omar entra, Hamza le tint par derrière et lui dit : qu'es-tu venu faire ici ? Mais le Prophète qui comprit la situation dit : viens là ‘Omar. Quand celui s'approcha de lui, le Prophète se leva et le prit par l'épaule et le secoua si fort que celui-ci tomba à genoux et lui dit en criant presque : n'est-il pas temps que tu entres en Islam ô Ibn Al-Khattab ? ‘Omar dit d'une voix toute aussi forte : je témoigne qu'il n'y a point de Dieu en dehors d'Allah et que tu es le messager d'Allah !! Aussitôt qu'il embrassa l'Islam, ‘Omar dit au prophète : dis ô prophète, ne sommes nous pas dans la vérité ? Le Prophète lui répondit : si. ‘Omar lui dit : ne sont-ils pas dans le tort ? Le Prophète lui dit : si. Et ‘Omar dit : pourquoi se cacher alors ? Le Prophète lui dit : que vois-tu Omar ? Il dit : « nous sortirons et nous crierons notre foi haut dans la Mecque. » Le Prophète sourit et dit, tu es Al-Farouq ‘le séparateur', par toi Dieu a séparé entre la vérité et le faux. Les croyants sont alors sortis de la maison d'Al-Arqam en deux rangées, une rangée avec à sa tête ‘Omar et une autre avec à sa tête Hamza et firent la circumambulation autour de la Ka'ba en scandant : Allah est plus grand et Qaraïche regardait sans rien faire. Vous rendez-vous compte de ce que les croyants ont fait dès le premier jour de l'Islam de ‘Omar ? Qu'avons-nous fait pour l'Islam nous, qui sommes musulmans depuis des années ? Soyons comme un pigeon voyageur, ou soyons comme ‘Omar ou comme Hamza. ‘Omar ne se contenta pas de ça. Il voulait que toute Qaraïche sache qu'il est Musulman désormais. Il alla chez Abou Jahl et frappa à sa porte, et quand celui-ci ouvrit ‘Omar lui dit : sais-tu Aba Al-Hakam ? J'ai témoigné que Mohammed est le Prophète de Dieu. Abou Jahl referma la porte en lui disant : tu m'as gâché ma journée. Il fit de même avec Abou Soufiane. Mais cela non plus ne le contenta pas. On lui désigna un homme qui s'appelait Jamil Ibn Al-Mouamir, connu pour être quelqu'un qui aimait colporter les nouvelles, alors ‘Omar alla le voir et lui dit d'un ton de confidence ; sais tu que j'ai embrassé l'Islam ? Omar dit, je me suis tourné et je ne l'ai pas trouvé devant moi, il était déjà parti en répétant à qui veut l'entendre : « ‘Omar a embrassé la religion de Mohammed. » ‘Omar, sachant que Qoraïche se réunirait à la Ka'ba pour discuter de la nouvelle de sa conversion, alla les rejoindre. Arrivé là bas, ils le prirent à part et le frappèrent et lui les frappa. Il dit, j'étais harassé et extenué, alors j'ai pris l'un d'entre eux et je l'ai mis à terre et posé mon genou sur son cou et mes doigts dans ses yeux et je lui ai dit, si tu ne leurs dis pas de me laisser tranquille je te crèverai les yeux, alors ils m'ont laissé partir. Je suis retourné à la maison, fatigué mais heureux ! ‘Omar ne dormit pas pour autant. Il réunit ses enfants et leur dit : je ne vous adresserai plus la parole si vous n'embrassez pas la foi de Mohammed. Alors le benjamin de ses enfants ; Abdullah lui dit : mais je suis musulman depuis un an ! Alors Omar le secoua et lui dit : m'aurais-tu laissé me perdre... Al-Hassan Al-Basri dit : le jour du jugement, l'Islam s'incarnera et viendra et dira ô mon Dieu celui là m'a triomphé, celui là a failli envers moi et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il arrive à ‘Omar, alors il prendra sa main et la haussera et dira : j'ai été étranger jusqu'à ce que cet homme m'embrassât. Abdullah Ibn Mass'oud disait : nous ne pouvions faire la prière à la Ka'ba que lorsque ‘Omar est entré en Islam. Le Prophète dit : j'ai vu en rêve que c'était le jour du jugement. Chacun portait une cape, mais les uns avaient une cape qui les couvrait jusqu'aux genoux, les uns jusqu'à la taille, d'autres au cou seulement. Et j'ai vu ‘Omar qui traînait sa cape. Les compagnons lui ont dit : que peut bien être la cape dans ce rêve ? Il leur dit : c'est l'Islam. Conclusion : Nous sommes venus au bout de cet épisode. Le sens que nous avons appris c'est que la vérité triomphera. Récapitulons les notions que nous avons saisies : Prenez garde de vivre pour vos intérêts, Sacrifiez-vous pour votre cause, Vous les femmes, soutenez les hommes et épaulez-les dans la vérité, A ceux qui ont les pouvoirs dans le monde musulman, l'Islam a besoin de vous. A la fin de cet épisode, j'irai à la tombe du Prophète, celle de Omar et de Abou Bakr et je leur dirai : vous avez beaucoup souffert pour nous, nous vous promettons de faire le bien et de reformer la terre et de vivre pour la cause pour laquelle vous avez vécu. Source : www.AmrKhaled.net