Le Maroc compte environ 5,5 millions de fumeurs, soit le taux du tabagisme le plus élevé dans la région MENA. Selon le ministère de la Santé, le tabagisme est responsable de 8% de la mortalité au Royaume, dont 75% des décès sont dus au cancer du poumon et 10% à des maladies respiratoires liées au tabagisme. Dans son dernier rapport intitulé « La surveillance de la consommation de tabac et des politiques« , l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné que des progrès remarquables ont été accomplis en matière de lutte antitabac depuis le lancement, il y a 10 ans, du programme MPOWER, pour contribuer à la mise en œuvre de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac. A noter que le programme MPOWER, consiste à surveiller la consommation de tabac et les politiques de prévention, protéger la population contre la fumée au tabac (espace non-fumeurs), offrir un aide à ceux qui veulent renoncer au tabac (programme de sevrage tabagique), mettre en garde contre les dangers du tabagisme, faire respecter l'interdiction de la publicité en faveur du tabac, de la promotion et du parrainage et augmenter les taxes sur le tabac. Le Maroc a en effet ratifié la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac. Il a même été le premier pays à élaborer une loi (1991) interdisant de fumer dans les lieux publics. Toutefois, la loi 15-91 qui a été votée en 2008 par le Parlement n'a jamais été publiée dans le Bulletin Officiel (BO). D'autre part et suite à la mise en place du programme MPOWER, l'OMS relève que près des deux tiers des pays (121 sur 194) recouvrant 63% de la population mondiale, ont désormais introduit au moins une mesure MPOWER au plus haut degré d'exécution (campagnes médiatiques, sensibilisation ..), et que 2,4 milliards de personnes habitent dans un pays qui offre aujourd'hui des services complets d'aide au sevrage tabagique, soit 2 milliards de plus qu'en 2007. La population du monde étant estimée à 7,4 milliards avec 195 pays, en 2016, seulement 121 pays sont couverts par au moins une politique de lutte antitabac au degré d'exécution le plus élevé, soit 4,7 milliards de personnes sont désormais protégées par au moins une mesure de lutte antitabac conforme aux meilleures pratiques, soit 3,6 milliards de personnes il y a 10 ans. Cependant, 2,7 milliards de personnes ne bénéficient aujourd'hui encore d'aucune protection contre la maladie, le handicap et la mort causés par la consommation de tabac et l'exposition à la fumée secondaire du tabac ni contre les préjudices économiques, sociaux et environnementaux qui lui sont associés. La part de la population mondiale couverte par une campagne médiatique nationale satisfaisant à l'ensemble des critères de bonne pratique était de 44% en 2016, soit une baisse de 12% par rapport à 2014. Parmi les pays ayant pris des mesures concrètes, l'OMS donne l'exemple de l'Afghanistan, Cambodge, Salvador, République démocratique populaire Laos, Roumanie et Ouganda qui ont récemment adopté une législation interdisant totalement de fumer dans tous les espaces publics intérieurs et tous les lieux de travail, ou encore l'Arabie Saoudite qui a introduit la possibilité de créer des salles spéciales pour les fumeurs dans les débits de boissons et les établissements de restauration. L'organisation cite également sept pays à revenu faible ou intermédiaire pour la plupart tels que l'Afghanistan, Koweït, Nigéria, Ouganda, Qatar, République de Moldavie μet le Sénégal qui ont instauré l'interdiction totale de toutes les formes de publicité en faveur du tabac, de promotion et de parrainage, y compris sur le lieu de vente qui est un acte fréquent au Maroc où l'on trouve souvent des commerciaux dans les bureaux de tabac proposer leurs nouveaux produits. Ce qui fait qu'aujourd'hui, 5 milliards de personnes habitent dans un pays qui a instauré des interdictions de fumer, l'apposition de mises en garde illustrées sur les conditionnements des produits du tabac ainsi que d'autres mesures efficaces de lutte antitabac. C'est quatre fois plus qu'il y a 10 ans indique l'OMS. Toutefois, le rapport de l'OMS souligne μque de nombreux pays ne mettent pas encore en œuvre correctement certaines politiques susceptibles de sauver des vies, notamment en matière de sevrage tabagique, et n'ont toujours pas adopté de mesure MPOWER. En effet, indique le rapport, 57 pays n'ont toujours pas adopté ne serait-ce qu'une seule mesure MPOWER au plus haut degré d'exécution. De plus, certaines mesures MPOWER sont adoptées plus lentement que d'autres, souligne-t-elle, donnant ainsi l'exemple que « la majorité des pays mettent beaucoup trop de temps à instaurer une interdiction totale de toutes les formes de publicité en faveur du tabac, de promotion et de parrainage et à relever les taxes sur le tabac à des niveaux suffisants ». Outres les mesures MPOWER non adoptées par plusieurs gouvernements, l'OMS indique néanmoins que d'importants progrès ont été accomplis ces 10 dernières, années notamment dans l'application de la Convention-cadre pour la lutte antitabac depuis son adoption en 2003 ainsi que dans tous les domaines couverts par MPOWER qui ont permis d'obtenir des gains réels et mesurables « mais beaucoup reste à faire », souligne-t-elle. « Plus d'un milliard de personnes dans le monde continuent d'utiliser des produits du tabac, ce qui, si l'on n'avance pas plus vite sur la voie indiquée dans ce rapport, continuera d'avoir de la mordibité, de la mortalité et des autres préjudices« , conclut le rapport de l'OMS.