A l'heure où le débat institutionnel débouchera sur un vote, lundi, un front social de prés de 400 associations marocaines a présenté sept propositions jugées « nécessaires » à l'officialisation réelle de la langue amazighe dans les deux projets de loi relatifs à son application dans tous les domaines publics et à la création du Conseil des langues et de la culture marocaines, en examen à la Chambre des représentants. Les propositions ont été publiées, fin de la semaine en cours, cadre d'un mémorandum, parallèlement au débat parlementaire sur les lois organiques sur l'amazighe, dont la promulgation devra être accélérée à partir de ce lundi. Cette déclaration a été signée, entre autres associations, par la Coordination nationale amazighe, l'association Tamaynut, l'Observatoire amazigh des droits et libertés, la Confédération des associations amazighes du Sud et la Fédération des associations amazighes du Nord. Muratis mutandis Ils proposent la plaidoirie dans le cadre de la loi organique pour activer le caractère officiel de la langue amazighe « afin de relever toutes les expressions de discrimination à son égard », en affirmant que la langue, aujourd'hui constitutionnalisée, « souffre depuis des décennies de la non réalisation de l'égalité avec la langue arabe et du manque des mêmes opportunités de croissance et de développement dont bénéficie la langue arabe ». Les propositions incluent également la nécessité « d'examiner de près » les alinéas des dispositions de la loi organiques afin qu'« elles deviennent claires et contraignantes » et qu'« elles définissent clairement les obligations de l'Etat, ne laissant aucune place à l'ambiguïté ». L'objectif souhaité étant de « permettre l'activation pratique au sein des institutions » et d'« éviter des phrases larges et interprétables dans tous les sens ». La règle de quatre Les associations soulignent la nécessité de « conserver les acquis institutionnels de l'amazighe depuis 2003 ». Ils les définissent comme étant représentés par « quatre piliers » qui devraient être inclus dans les articles 3 et 4 du projet de loi relatif à l'activation du caractère officiel de la langue amazighe. Ces quatre piliers sont l'obligation d'enseigner l'amazighe à tous les Marocains en tant que droit et devoir national, de l'étendre sur tout le territoire national et verticalement sur tous les cycles de l'éducation, du primaire à l'enseignement supérieur. Troisièmement, l'unification de la langue amazighe et sa standardisation progressive afin d'enrichir sa diversité linguistique et de la préserver de la disparition, en tant que langue d'institutions et non de simples expressions de dialectales transmises uniquement par communication orale dans des zones et régions. Et quatrièmement, l'écriture la langue amazighe avec son alphabet original, le Tifinagh, comme en a décidé la plus haute autorité du pays, après avoir consulté des experts, et approbation des partis politiques, depuis le 10 février 2003. Aussi dans leurs propositions, les représentants du tissu associatif marocain s'intéressant de près à cette question ont appelé à travailler sur la précision des taux de diffusion et de radiodiffusion des programmes en langue amazighe dans les médias, « à un niveau qui correspond à celui d'une langue officielle et qui évite les expressions égarées qui entravent l'activation réelle du contenu de la Constitution ». Equité institutionnelle Les associations ont également demandé la création d'un organe indépendant chargé de suivre le processus d'activation du caractère officiel de la langue amazighe, en révisant la perception générale du projet de loi sur le Conseil national des langues et de la culture marocaines. Ils estiment que l'établissement qui verra le jour « vise à dissoudre les institutions œuvrant dans le domaine des langues et de la culture en son sein ». Ces associations considèrent que l'autonomie administrative et financière de ces institutions devrait être préservée, en plus de rendre les mandats de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) « identiques aux mandats et tâches stipulés dans cette loi pour l'Académie de la langue arabe ». Les délais d'activation Le mémorandum souligne en fin l'importance de réduire les étapes d'activation du caractère officiel, jugé « exagéré ». L'exemple ainsi donné est celui de l'intégration des cycles d'enseignement, et les domaines techniques ne nécessitant pas, selon les signataires, de ressources importantes, telles que l'inscription de l'amazighe sur les billets de banque et les pièces de monnaie, les timbres, les cachets administratifs, et dans l'état civil marocain. « Les partis politiques et les groupes parlementaires ont une responsabilité historique à un moment crucial du pays », souligne le collectif adhérant aux énoncés du mémorandum, appelant es différents partis politiques à adopter leurs propositions « pour un Maroc fort de son identité, de sa personnalité culturelle équilibrée, et du sentiment national commun de toutes ses composantes ».