A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) a lancé une campagne nationale visant à mettre un terme à l'exception légale qui permet le mariage des mineures, et à empêcher catégoriquement le mariage des filles âgées de moins de 18 ans. La présidente du Conseil national des droits de l'homme (CNDH), Amina Bouayach, a prononcé aujourd'hui un discours critique au sujet de l'exception légale prévue par l'article 20 du Code de la famille concernant l'autorisation du mariage d'une mineure. «Cette exception est devenue la norme», déplore la présidente dans une capsule vidéo publiée ce 8 mars. Alors que le Plan d'action national sur la démocratie et les droits de l'homme prévoit l'ouverture d'un dialogue sur le mariage des mineurs, Amina Bouayach se prononce pour l'abolition de cette exception. Cette campagne nationale s'est traduite par le lancement de plusieurs activités que les Commissions régionales des droits de l'Homme organisent du 6 au 16 mars pour discuter de ce sujet dans ses différentes dimensions. L'enrichissement du débat public et l'identification de certains indicateurs régionaux font partie des objectifs déclarés. Parmi les activités à traiter par les commissions régionales, figure notamment une série de documentaires, d'émissions télévisées et d'émissions de radio. En guise d'exemple, on trouve parmi les thématiques choisies : «Le mariage d'un mineur à la lumière des conventions internationales et la loi marocaine», «Le rôle des médias dans la sensibilisation sur les droits humains de la femme» et «Les formules juridiques et sociales sur le phénomène du mariage des mineurs et les moyens de les réduire». Le juge autorise le mariage d'un mineur De plus, une série de réunions de sensibilisation sont prévues en invitant au débat des mineurs, des parents, des fonctionnaires, ainsi que des personnes détenues dans des établissements pénitenciers. Il convient de noter que, conformément aux conventions internationales, notamment celles relatives aux droits de l'enfant, le législateur marocain a fixé à 18 ans l'âge légal du mariage et autorisé le mariage de mineurs dans des cas exceptionnels. Toutefois, l'article 20 du Code de la famille dispose que : «Le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l'âge de la capacité matrimoniale, par décision motivée précisant l'intérêt et les motifs justifiant ce mariage». A savoir que la décision du juge autorisant le mariage d'un mineur n'est susceptible d'aucun recours. Selon le Conseil national des droits de l'homme, cette pratique s'est traduite par une augmentation du nombre de mariages de mineurs. «Ceci entraîne la violation des droits économiques, sociaux et de santé de cette catégorie», explique Amina Bouayach dans son discours.