Le nouveau rapport sur les questions liées à l'égalité des sexes dans le monde rendu public, jeudi 7 mars, par l'Organisation internationale du Travail (OIT), pointe du doigt l'absence de progrès accomplis pour réduire l'écart entre le taux d'activité des hommes et celui des femmes. Le rapport 2019, intitulé « Une avancée décisive vers l'égalité entre hommes et femmes: un meilleur avenir du travail pour tous », rassemble des recherches, des données et des connaissances collectées grâce à l'Initiative du centenaire de l'OIT sur les femmes au travail, lancée en 2013. Il observe que « le taux d'activité des femmes n'est que de 48%, contre 75% pour les hommes. Les femmes représentent également une part beaucoup plus importante de la main-d'œuvre potentielle, sous-utilisée ». Le rapport note que depuis plus de vingt ans, les écarts entre hommes et femmes, mesurés sur les indicateurs du marché du travail, ne se réduisent pas de façon significative. En 2018, 1,3 milliard de femmes occupaient un emploi, contre 2 milliards d'hommes, soit 700 millions de moins. Autrement dit, la probabilité que les femmes aient un emploi était inférieure à celle des hommes de 26,0 points de pourcentage. Les rédacteurs du rapport de l'OIT affirment que les femmes travaillaient plus fréquemment dans des professions considérées comme peu qualifiées, avec des conditions de travail moins bonnes que celles des hommes. Risque majeur d'occuper un emploi informel De fait, les femmes connaissent un risque majeur d'occuper un emploi informel dans plus de 90% des pays d'Afrique subsaharienne, 89 pour cent des pays d'Asie du Sud-Est et près de 75% des pays d'Amérique latine. En outre, les femmes travaillent souvent dans des professions qui présentent les plus forts déficits de travail décent: travail domestique, travail à domicile, travail familial non rémunéré. En plus d'être une femme, d'autres facteurs -migration, origine ethnique, handicap, statut VIH- accentuent le risque de connaître de mauvaises conditions de travail ou d'avoir un plus fort taux d'emploi informel. Les femmes sont aussi sous-représentées aux postes de direction et de décision. À l'échelle mondiale, seulement 27,1% des dirigeants sont des femmes. Proportion qui a très peu évolué entre 1991 et 2018. Toutefois, si peu de femmes atteignent le sommet, elles y arrivent plus vite: aux postes de direction, les femmes ont presque un an de moins que les hommes; différence qui se réduit lorsque le revenu national augmente. Les femmes tendent aussi à avoir un niveau d'instruction supérieur à celui des hommes dans les postes de direction: à l'échelle mondiale, 44,3% d'entre elles ont un diplôme universitaire supérieur, contre 38,3% de leurs homologues masculins, constate le rapport. Le travail non rémunéré de soin à autrui L'OIT souligne que dans l'organisation actuelle des sociétés, les femmes et les filles continuent d'assurer la plus grande part du travail non rémunéré de soin à autrui, même si les hommes et les garçons du XXIe siècle sont de plus en plus conscients de la nécessité de partager ce travail et soucieux de prendre leur part de responsabilité. L'évolution des mentalités peut être accélérée si les économies et les sociétés reconnaissent non seulement qu'elles dépendent des activités de soin à autrui pour survivre et prospérer, mais aussi que travail et activités de soin à autrui sont étroitement interconnectés. Cette interdépendance est plus nette encore dans le contexte de l'actuelle transition vers une économie numérique et verte. Réconcilier ces deux notions, «travail» et «activités de soin à autrui», est une des clés de la promotion active de l'égalité entre hommes et femmes, affirme les rédacteurs du rapport 2019 de l'OIT. Celui-ci explique que la baisse des taux de fécondité, l'accentuation des mouvements migratoires, le vieillissement de la population et le nombre croissant de femmes qui ont une activité professionnelle sont les réalités d'aujourd'hui. A la recherche des résultats bénéfiques pour les femmes Pour toutes ces raisons, l'Organisation internationale du travail implore les gouvernement à accélérer l'établissement des mesures fortes pour mettre fin à la violence, au harcèlement et aux discriminations à l'encontre des femmes, avec l'objectif fondamental de mieux répartir les activités de soin à autrui entre hommes et femmes. Pour l'OIT, il est essentiel de disposer de données de qualité, ventilées par sexe, pour concevoir de telles politiques et mesurer leurs effets, afin de s'assurer que les résultats sont bénéfiques pour les femmes. « Cela suppose aussi de mettre l'accent non seulement sur les comportements individuels, mais aussi sur l'action collective à travers la solidarité, l'établissement d'alliances stratégiques et la promotion de la mobilisation sociale, toutes choses qui impliquent une participation plus intense des femmes aux prises de décision », conclut le rapport.