Le polisario est une entité parasite, créée de toutes pièces pour tenter, avec un échec retentissent, d'exercer une influence, factice soit dit en passant, sur la région. En fin connaisseur de la question du Sahara pour s'être penché, à plusieurs reprises, sur le sujet, le géopoliticien français Aymeric Chauprade, s'attarde, dans une chronique publiée par le site d'information français « Opinion Internationale », sur les implications de ce conflit qui perdure. Sous l'intitulé « Sahara, un pourrissement du conflit qui nourrit le fondamentalisme islamique », Chauprade explique que l'idéologie du Polisario ne repose sur aucun fondement historique et géopolitique susceptible de conférer une légitimité à un projet d'Etat sahraoui indépendant. Selon lui, « il s'agit d'une construction idéologique artificielle née des circonstances de la guerre froide ». A partir du moment où aucune substance nationale n'existe et qu'en plus des générations de sahraouis n'ont connu que la culture autoritaire, pour ne pas, dire totalitaire régnant dans les camps de Tindouf, oserions-vous parier qu'une reconnaissance d'une indépendance sahraouie ne tournerait pas rapidement au cauchemar fondamentaliste ? s'interroge l'expert français. La réalité à reconnaître Et cette réalité, relève-t-il, les élites algériennes doivent avoir l'honnêteté de la reconnaître, « pas seulement par devoir de vérité mais parce que le temps approche où le séparatisme polisarien va se retourner contre eux de manière cauchemardesque ». Soulignant à ce propos que la rapidité avec laquelle un séparatisme a cédé la place au fondamentalisme, « aurait dû nous amener à nous inquiéter du risque de contagion dans le Sahara », il plaide pour l'option de stabilité dans la région. Après avoir failli laisser le Mali à des fanatiques religieux qui ont récupéré le projet séparatiste en un tour de main, est-ce cela que l'on veut pour le Sahara, dans le Sud immense de cet autre grand Etat stabilisateur de la zone saharienne, le Maroc ?, argue-t-il. Le réalisme à suivre Et de rappeler à cet égard que le Maroc, dès juillet 2012, de manière visionnaire, appelait à une intervention urgente pour protéger le riche patrimoine du Mali et surtout sa population. Ce Maroc, poursuit Aymeric Chauprade, qui depuis des années, et pas seulement contre la menace du séparatisme sahraoui, mais aussi face à toutes les menaces séparatistes, ne cesse d'avertir ses voisins et le monde occidental quant au danger de l'émiettement des Etats-nations... Mettant le doigt sur un aspect important de la question, à savoir un acteur actif, qui pourtant s'en défend, à savoir l'Algérie, le géopoliticien estime que « cela fait maintenant trop longtemps que les services algériens jouent au pompier-pyromane avec le fondamentalisme islamique ». Pour « éteindre » le FIS, ils ont d'abord favorisé les crimes atroces de GIA dans le but de décrédibiliser l'islam politique aux yeux du peuple algérien (...), mais en soutenant le séparatisme du Polisario, mouvement lui-même contaminé par l'islam radical, « ils jouent contre la possibilité d'une paix durable et bénéfique dans le Maghreb, condition préalable à tout mouvement d'intégration économique et politique de l'UMA, analyse-t-il. L'objectif à défendre Pour Chauprade, l'équation est simple : la région a besoin à la fois de justice et de pragmatisme, et ces deux mots sont bien la clé d'un retour à la stabilité. Et la justice, affirme-t-il, « c'est la reconnaissance des spécificités des uns et des autres, c'est à dire le cadre autonome que propose le Maroc depuis 2007 : l'autonomie dans la souveraineté ». Le pragmatisme, c'est la consolidation des Etats tels qu'ils existent aujourd'hui, et l'avenir, c'est donc « l'autonomie dans la souveraineté », dit-il. Et de faire valoir que le Maroc a donné l'exemple, dès 2007, en étant le premier à mettre en place les conditions d'une véritable autonomie sahraouie dans le cadre de la souveraineté marocaine, « cette formule, juste, équilibrée et pragmatique, car garante de la stabilité de la sous-région (...) ». En conclusion, l'expert français a appelé « tous ceux qui regardent le problème du Sahara avec les vieilles lunettes idéologiques du passé, celles de la guerre froide, à reconsidérer leur regard et à inscrire celui-ci dans la réalité géopolitique du moment. La nouvelle ligne de fracture sépare bien ceux qui souhaitent conjuguer souveraineté des Etats et autonomies, les mêmes défendant un islam modéré et enrichi des traditions locales, et ceux qui, a contrario, veulent purement et simplement détruire l'Etat-nation au profit d'un projet religieux extrémiste ».