Téhéran, maître du contournement diplomatique, s'est trouvé une nouvelle cause : le Sahara marocain. En effet, Zahra Ershadi, la voix du régime à l'ONU, lors des débats de la 4e Commission de l'Assemblée générale des Nations unies du mois d'octobre 2024, s'est lancée dans un discours vibrant de soutien aux séparatistes du polisario. Son objectif ? Défendre les « pauvres Sahraouis » contre le « méchant Royaume » et son « pillage » des ressources naturelles. Cette intervention s'inscrit dans une politique offensive de l'Iran, visant à renforcer son soutien au polisario dans une région que l'Iran convoite. Voilà donc un acte héroïque... de la part d'un pays qui brille par ses propres troubles intérieurs et extérieurs. Cette provocation résonne comme une suite logique aux accusations portées par Rabat en 2018, lorsque le Maroc avait rompu ses relations diplomatiques avec Téhéran. À l'époque, le Royaume avait déclaré un soutien militaire de l'Iran au polisario, facilité par l'intermédiaire du Hezbollah libanais. Cette intervention n'avait pas seulement marqué une rupture nette, elle avait mis en lumière, aux yeux du monde, la nature bien plus stratégique des liens entre l'Iran, l'Algérie et les séparatistes sahraouis. Elle accuse le Maroc, à demi-mot, en le traitant de « puissance occupante ». Une rhétorique bien familière, qui nous envoie directement à celles empruntées au grand livre des relations algériennes et de leurs protégés. Téhéran, dans sa quête de gloire régionale, s'aligne donc avec Alger, dans un duo plutôt mal assorti, tous deux figés dans une époque diplomatique aussi poussiéreuse que la région qu'ils convoitent. Iran, Algérie et polisario pour le pire Dans un énième coup de théâtre à l'ONU donc, Zahra Ershadi, ambassadrice de l'Iran et représentante adjointe auprès de l'ONU, a déroulé un discours ostensiblement hostile au Maroc, un classique à Téhéran. Son intervention devant la Quatrième commission a réaffirmé la « solidarité » de l'Iran avec la fantomatique RASD, tout en accusant le Maroc sans le nommer, il y va de soi, de « pillage des ressources naturelles » du territoire. C'est bizarre, le polisario trouve grâce aux yeux d'un régime iranien qui, lui, ne manque pas de manipuler des milices islamistes au Yémen, en Syrie ou encore au Liban. La spécialité de Téhéran ? Les guerres par procuration, bien sûr. Et, le Sahara marocain ne fait pas exception à la règle. Depuis la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc, en mai 2018, pour cause de soutien militaire au Polisario via le Hezbollah, l'Iran continue d'alimenter une hostilité sournoise contre la souveraineté marocaine. Cette hostilité, Ershadi la remet en lumière avec une ardeur que personne ne demandait vraiment. Mais, comme Téhéran aime s'ingérer là où on l'attend le moins, il est bien sûr hors de question de rater une opportunité de se poser en « champion des peuples opprimés ». Le petit hic, c'est que ce soutien iranien va de pair avec celui de l'Algérie, afin de rappeler que ce duo géopolitique est aussi coordonné qu'autrefois. Cependant, qu'à cela ne tienne, le Maroc, soutenu par une large coalition internationale, continue de faire face à ces gesticulations avec la même détermination. Pendant que Téhéran et Alger s'accrochent à des scénarios désuets, Rabat poursuit ses efforts pour renforcer sa souveraineté inaliénable sur ses Provinces Sahariennes, avec des soutiens croissants de pays arabes et africains, sans parler des grandes puissances comme les États-Unis et la France. Bref, l'Iran peut bien continuer à souffler sur les braises, le Maroc, lui, avance.