Au cœur d'une nouvelle tempête judiciaire, le maire démocrate de New York, Eric Adams, se retrouve accusé de cinq chefs d'inculpation, dont « corruption » et « financement illégal de campagne électorale ». Cette affaire soulève la question des gains obtenus par la Turquie et son président, Recep Tayyip Erdogan, en contrepartie des fastueux voyages de luxe en première classe et autres privilèges prétendument offerts à Adams. La nouvelle est tombée le mois de septembre. Le procureur fédéral de Manhattan a officiellement inculpé Eric Adams, le maire de New York, de corruption et de manquements aux lois sur le financement électoral, après une enquête menée par celui-ci et qui dure depuis au moins un an. Selon les affirmations du procureur, durant la campagne municipale de 2021, Adams aurait cherché à obtenir des contributions illégales, en particulier de la part de responsables turcs. En échange de faveurs politiques, il aurait également accepté des cadeaux luxueux et des voyages prestigieux, d'une valeur d'environ 100.000 dollars. De plus, il est allégué que ces faveurs ont consisté à influencer des fonctionnaires municipaux pour qu'ils valident des projets profitant à ses soutiens étrangers. En outre, le procureur soutient qu'Adams, qui est maire de New York depuis le 1er janvier 2022, a enfreint les lois fédérales sur le financement électoral en détournant frauduleusement plus de 10 millions de dollars de fonds publics pour sa campagne. Eric Adams et ses connexions turques D'après l'hebdomadaire Gazete Oksijen, c'est en 2015 que les autorités turques ont commencé à tisser des liens avec Eric Adams, alors maire de Brooklyn. Dès lors, Adams a considérablement intensifié ses voyages, financés par ses hôtes, vers la Turquie, mettant particulièrement le cap sur Istanbul. De plus, lors de nombreux déplacements internationaux, il a profité de la générosité de Turkish Airlines, la compagnie aérienne nationale. Par ailleurs, certains de ses échanges avec des hommes d'affaires et des officiels turcs auraient été facilités par l'une de ses assistantes, Rana Abbasova, responsable de l'international et des relations avec la communauté turque de New York. Abbasova, citoyenne azéro-américaine et turcophone, a opté pour la coopération avec les autorités judiciaires face aux accusations portées. En contraste, Eric Adams, incriminé le jeudi 26 septembre, a plaidé non coupable. De surcroît, l'acte d'accusation dévoilé en septembre rappelle que le président turc a construit une tour moderne de verre et d'acier de 36 étages en face des Nations Unies, baptisée la « Maison turque », qui surplombe l'horizon de New York et l'East River, soit un lieu de représentation consulaire qui aurait été accéléré par Adams, malgré des complications liées à la sécurité incendie. « En septembre 2021, 'un responsable turc' a déclaré à Eric Adams, l'accusé, que c'était à son tour de rembourser le responsable turc en faisant pression sur les pompiers de la ville de New York pour faciliter l'ouverture d'un nouveau bâtiment consulaire turc (un gratte-ciel de 36 étages) sans inspection incendie, à temps pour une visite de haut niveau du président turc », indique-t-on dans l'acte d'accusation. Et de préciser: « En raison de la pression exercée par Adams sur le FDNY (en échange de voyages gratuits et de pots-de-vin), le responsable du FDNY chargé de l'évaluation de la sécurité incendie du gratte-ciel par le FDNY s'est vu dire qu'il perdrait son emploi s'il n'acquiesçait pas, et après l'intervention d'Adams, le gratte-ciel a été ouvert comme demandé ». Adams n'est pas seul dans la tourmente de l'enquête Plusieurs associés politiques d'Eric Adams sont également sous enquête, et parmi eux, le chef de la police et le directeur du système scolaire qui ont décidé de démissionner de leurs postes. En outre, plus d'une demi-douzaine des principaux assistants du maire sont partis au milieu d'une série de perquisitions et d'assignations à comparaître. Le plus récent départ est celui de Sheena Wright, la première adjointe au maire ayant remis sa démission lundi. Il est à noter que Adams a a affirmé qu'il n'envisage pas de quitter ses fonctions. Même si des accusations formelles sont portées contre lui, ou en cas de condamnation, cela ne mènerait pas automatiquement à sa destitution. Le gouverneur de l'Etat de New York possède le pouvoir, via une disposition rarement appliquée, d'engager une procédure pour le révoquer de ses fonctions de maire. Cependant, la gouverneure Kathy Hochul n'a pas encore précisé ses intentions à ce sujet.