Le Tribunal de Commerce de Casablanca a récemment pris une décision cruciale pour la société Samir, en autorisant la poursuite de ses activités pour une période de trois mois supplémentaires. Cette entreprise, en proie à des difficultés financières et soumise à une procédure de liquidation judiciaire depuis le 21 mars 2016, se voit ainsi offrir une ultime opportunité de redresser la barre. Malgré la situation précaire de Samir, le tribunal a décidé de maintenir les contrats existants, en particulier ceux des employés, tout en poursuivant la recherche d'acheteurs potentiels pour les actifs de la raffinerie, actuellement inactive et sans dettes ni hypothèques enregistrées. Ce sursis de trois mois vise à éviter la fermeture définitive de l'entreprise et le licenciement des derniers salariés. Cette prorogation intervient dans un contexte international complexe. Le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) a récemment jugé que le gouvernement marocain devait verser 150 millions de dollars à l'ancien investisseur de la société Samir. Hussein El Yamani, secrétaire général du Syndicat national du pétrole et du gaz et président du Front national pour le sauvetage de la raffinerie marocaine de pétrole, a exprimé ses préoccupations quant à l'avenir de la production réelle de la raffinerie et à la récupération des droits et intérêts connexes. Une décision controversée La décision d'autoriser Samir à poursuivre ses opérations pendant trois mois supplémentaires survient au milieu d'une bataille juridique qui dure depuis des années et qui a connu de nombreux rebondissements. Depuis le début du procès, le Tribunal de Commerce de Casablanca a rejeté les défenses de la société et a envisagé la possibilité d'étendre la procédure de liquidation judiciaire aux membres du conseil d'administration. Cette extension inclut des figures telles que Mohammed Hussein Al Amoudi, ancien président et actionnaire majoritaire du groupe Corral, et Jamal Baamer, ancien directeur général de la société, tenus responsables des difficultés financières de Samir. En conséquence, plusieurs biens appartenant aux dirigeants et à la société ont été saisis et mis aux enchères publiques. Cette décision a suscité des réactions variées, notamment de la part du Front national pour le sauvetage de la raffinerie marocaine de pétrole de Mohammedia, qui a exprimé son rejet de la décision du CIRDI obligeant le gouvernement marocain à indemniser le groupe Corral. Le Front a réaffirmé son soutien aux efforts du Maroc pour rechercher tous les moyens de recours afin d'annuler cette décision. Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Économie et des Finances, a récemment déclaré que la place internationale avait rejeté la plupart des réclamations du groupe suédois, qui s'élevaient à 2,7 milliards de dollars, et lui avait accordé une indemnisation de seulement 150 millions de dollars, soit moins de 6 % du montant initialement réclamé. Elle a souligné que le Maroc, notant de cette décision, envisageait d'explorer toutes les voies de recours possibles. Avenir incertain malgré une lueur d'espoir Ces trois mois supplémentaires accordés à Samir peuvent être vus comme une ultime tentative de sauvetage. Selon l'article 652 du Code de commerce, si l'intérêt public ou celui des créanciers l'exige, la poursuite des activités de la société soumise à liquidation judiciaire peut être autorisée pour une durée déterminée par le tribunal compétent. Le Bureau syndical unifié de la Confédération démocratique du travail (CDT) à Samir avait déjà averti que la situation générale de l'entreprise était entrée dans une phase critique, éliminant presque tous les espoirs de sortie de crise. Les différents gouvernements passés et les principaux créanciers sont jugés responsables de la faillite de l'entreprise pour avoir fermé les yeux sur les transgressions de l'ancien propriétaire, contribué à l'accumulation de dettes et s'être abstenus de lancer les poursuites judiciaires nécessaires. Alors que Samir entame cette période cruciale, beaucoup se demandent si cette société emblématique pourra surmonter ses difficultés et retrouver une place significative dans le paysage économique marocain. La saga Samir est loin d'être terminée, et les prochains mois seront décisifs pour l'avenir de cette entreprise historique.