Les pavés du boulevard Hassan II de Fès étaient noirs de monde ce mardi 25 décembre. La première audience du dirigeant du PJD Abdelali Hamieddine s'est déroulée en présence de nombreuses figures du parti, dont son ex secrétaire général et ancien Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Rendez-vous le 12 février 2019 pour la suite de son procès pour « complicité dans le meurtre » de l'étudiant de gauche Mohammed Benaïssa Aït El Jid en 1993. C'est comme si le tout PJD avait répondu présent pour soutenir Abdelali Hamieddine, dont le procès pour « complicité dans le meurtre » de l'étudiant de gauche Mohammed Benaïssa Aït El Jid en 1993 a été ouvert ce matin à la chambre criminelle prés la Cour d'appel de Fès. Aux côtés de l'ex patron des islamistes Abdelilah Benkirane, plusieurs cadors et élus locaux du parti ont été aperçus aux côtés du conseiller parlementaire, présumé « co-auteur de l'assassinat » survenu il y a 25 ans, sur fond de violentes tensions entre la fraction radicale de gauche et la fraction islamiste dans l'Université Dhar El Mehraz de Fès. On remarque notamment la venue du vice-secrétaire général du PJD Souleimane El Amrani, de l'actuel conseiller aux affaires sociales de Saâd-Eddine El Othmani et ex directeur général du parti Abdelhak El Arabi, du député-maire PJD de Meknès Abdelali Bouanou, du député et ex chef de la Chabiba du parti Khalid El Boukaraï, et de Driss El Azami El Idrissi, maire de Fès et président du Conseil national du Parti de la lampe. Demandant un délai supplémentaire pour renforcer son dossier, aussi bien la partie civile que la défense d'Abdelali Hamieddine ont pris acte de la décision du président de la Cour. L'audience d'aujourd'hui a été levée avec l'annonce du 12 février 2019 comme date de reprise du procès. Sur le grand boulevard donnant sur le tribunal, les partisans d'Abdelali Hamieddine et de la partie civile sont restés plusieurs minutes après la sortie des protagonistes. Abdelilah Benkirane a notamment fait quelques déclarations dans une ambiance mouvementée, disant « défier ceux qui prétendaient que nous aurions peur de la convocation du tribunal » et répétant quelques litanies sous l'applaudissement des siens. Stoïque comme à son entrée au tribunal, Abdelali Hamieddine n'a pas donné de déclaration, se contentant de brandir un V de victoire avant d'embarquer dans une Jeep en compagnie de quelques proches. Soutenu par des dizaines de personnes affichant une banderole et plusieurs pancartes où l'on voit des photos du défunt Benaïssa Aït El Jid, l'un des avocats les plus en vue de la la partie civile, Me Mohamed El Hini se lâche : « C'est un jour historique pour l'indépendance de la justice. Il s'agit d'un assassinat politique commis sans que la vérité ne soit entièrement dévoilée. Ils ont tué Aït El Jid de sang froid ». L'ex magistrat suspendu par le Conseil supérieur de la magistrature (devenu le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire), connu pour ses critiques virulentes envers l'ex ministre de la Justice Mustapha Ramid, a notamment ajouté qu' « Abdelilah Benkirane est présent aujourd'hui en tant que chef de Jamaâ (terme désignant les groupes se réclamant de la mouvance des Frères musulmans, NDLR) » et que « le martyr Aït El Jid n'a pas de Chef de gouvernement pour prendre sa défense ». La suite du procès s'annonce houleuse.