Dans un contexte marqué par des préoccupations environnementales croissantes, l'état des bassins hydrauliques au Maroc attire une attention particulière, révélant des dynamiques complexes entre les fluctuations climatiques et la gestion des ressources en eau. Bien que les précipitations notables de février à avril aient légèrement restauré les taux des bassins hydrauliques au Maroc, le niveau général de remplissage reste modeste, avec un taux d'environ 32,5 %, ce qui représente une capacité de 5,237 milliards de mètres cubes d'eau. Cette mesure est quasi similaire à celle de l'année précédente durant la même période, marquant une légère fluctuation par rapport aux 5,29 milliards de mètres cubes enregistrés alors. Malgré cette apparente stabilité, il est crucial de noter une diminution minuscule de 0,03 % par rapport à la journée précédente, illustrant la variabilité jour après jour des ressources en eau. Cependant, cette stabilisation ne doit pas masquer la réalité plus inquiétante d'une sécheresse persistante qui frappe le Royaume depuis six ans. Les effets de cette sécheresse prolongée se répercutent profondément sur l'agriculture et le tissu social du pays. En agriculture, la sécheresse réduit la disponibilité de l'eau pour l'irrigation, compromettant la production de cultures essentielles et augmentant la dépendance aux importations alimentaires, ce qui peut entraîner une hausse des prix des denrées alimentaires et aggraver l'insécurité alimentaire. Sur le plan social, les effets se manifestent par des tensions accrues autour de l'accès à l'eau, influençant les dynamiques communautaires et pouvant conduire à des migrations internes à la recherche de meilleures opportunités économiques et de ressources plus abondantes. Ces déplacements peuvent, à leur tour, accentuer les pressions sur les zones urbaines déjà surpeuplées et sur les infrastructures, exacerbant les défis en matière de planification urbaine et de gestion des ressources. Il est donc impératif que des politiques de gestion de l'eau soient renforcées et que de nouvelles stratégies soient adoptées pour augmenter la résilience des communautés et des systèmes agricoles face à une variabilité climatique croissante. Ces stratégies pourraient inclure des investissements dans des technologies d'irrigation plus efficaces, le développement de cultures résistantes à la sécheresse, et des programmes éducatifs pour promouvoir des pratiques de consommation d'eau plus durables. Cela dit, pour en revenir aux chiffres, par bassin, les disparités régionales en matière de remplissage des barrages sont notables, de l'année précédente à celle-ci. Les taux qui s'élevaient, il y a un an de cela, à 56,79 % au Loukkos, 21,63 %% à Moulouya, 49,76 % à Sebou, 25,77 % à Bouregreg-Chaouia, 10,81 % à Oum Er Rbia, 62,14 % à Tensift, 19,57 % à Souss-Massa, 28,20 % à Draa-Oued Noun et 23,78 % à Guir Ziz Rheris, affichent aujourd'hui d'autres tendances. On constate que le bassin de Loukkos affiche le taux le plus élevé avec ses 63,81 % de sa capacité, suivi de près par le bassin de Tensift à 55,30 % et celui de Sebou à 51,09 % qui reprend quelques couleurs. Cependant, d'autres bassins comme ceux d'Oum Er-Rbia et Souss-Massa présentent des taux beaucoup plus faibles, révélant une situation plus précaire avec seulement 6,59 % et 14,19 % de leurs capacités respectives. Au chapitre yoyo de la chose, le Guir Ziz Rheris (27,24 %) gagne quelque 3 points et demi tandis que le Draa-Oued Noun en perd presqu'autant avec 19,65 %. On ne saurait s'inquiéter pour le bassin Bouregreg-Chaouia qui affiche au compteur près du tiers de sa capacité à 31,19 %, tandis que le tumultueux bassin de la Moulouya, malgré ses deux points de perdus, stagne pour ainsi dire à 22,19 %. Les grands barrages du pays ne sont pas épargnés par cette situation tendue. Le barrage Al Massira, par exemple, montre un taux de remplissage particulièrement moribond et en voie d'asséchement à 1,4 %. En contraste, le barrage Al Wahda, le plus grand du pays, affiche un taux plus rassurant de 59,2 %. Certains petits barrages ont atteint des taux de remplissage optimaux, démontrant une gestion efficace et des conditions favorables localement. Cinq de ces petits barrages sont même remplis à leur capacité maximale, offrant une lueur d'espoir dans le paysage global. La gestion de l'eau au Maroc est un défi persistant exacerbé par la variabilité climatique. Bien que certains bassins et barrages montrent des signes de robustesse, la majorité face à des défis considérables, nécessitant des interventions stratégiques pour assurer la sécurité hydrique du pays à long terme. Ces données soulignent l'importance d'une approche intégrée et adaptative à la gestion des ressources en eau, essentielle pour naviguer dans les complexités du changement climatique et de la demande humaine croissante.