L'étude intersectionnelle du Haut-Commissariat au Plan (HCP) sur la participation des femmes au marché du travail marocain révèle un écart significatif entre les taux d'activité des hommes et des femmes. En effet, la probabilité d'inactivité des femmes au Maroc atteint un taux alarmant de 73%, tandis que celle des hommes est nettement plus basse, estimée à seulement 7,5%. L'étude du HCP, réalisée dans le cadre du Partenariat d'assistance technique – Mécanisme de déploiement d'experts (PAT-MDE), révèle que le taux d'activité au Maroc a connu une baisse constante depuis le début des années 2000, passant de 53,1% à 43,6% en 2023, bien en deçà de la moyenne mondiale de 60%. Cette diminution affecte à la fois les hommes et les femmes, mais les écarts entre leurs taux d'activité soulignent que l'inactivité touche davantage les femmes. En 2023, cet écart s'élevait à près de 50 points de pourcentage, avec un taux d'activité de 69% pour les hommes contre seulement 19% pour les femmes, plaçant le Maroc parmi les pays affichant les taux d'activité féminins les plus bas au monde. Ces disparités sont encore plus marquées comparé à l'écart moyen mondial, qui est de 26 points de pourcentage. Ces inégalités, associées à un taux de chômage plus élevé chez les femmes (18,3% contre 11,5% pour les hommes), à une concentration de 41,5% des femmes actives dans le secteur agricole, ainsi qu'à une situation précaire sur le marché du travail (57% d'entre elles sont des aides familiales non rémunérées et sans protection sociale) renforcent leur propension à l'inactivité. Cette tendance est illustrée par le retrait d'un grand nombre de femmes rurales du marché du travail au cours des dernières années, conséquence directe de la sécheresse ayant impacté le secteur agricole. La probabilité d'inactivité des femmes atteint un taux alarmant de 73% Le rôle traditionnellement attribué aux femmes dans la société, ainsi que les responsabilités familiales qui leur sont généralement assignées, ont un impact significatif sur leur participation au marché du travail, selon le diagnostic quantitatif. Les données révèlent que les femmes ont une probabilité d'inactivité de 73%, nettement plus élevée que celle des hommes, qui est de 7,5%. Cette disparité est particulièrement prononcée chez les femmes mariées, dont la probabilité d'inactivité atteint 81,9% (contre 3,1% pour les hommes mariés), ainsi que chez les jeunes femmes âgées de 25 à 34 ans, dont la probabilité d'inactivité est de 79,4% (contre 3,3% pour les jeunes hommes). L'analyse met en lumière que l'engagement des femmes et des hommes sur le marché du travail varie selon les étapes de leur vie, ce qui souligne des trajectoires et des défis distincts liés au genre. Chez les femmes, les probabilités d'inactivité suivent une courbe en U, elles tendent à diminuer, passant d'une probabilité de 83% pour les plus jeunes (25-26 ans) à 72% à l'âge de 43-44 ans, pour ensuite augmenter à 77,6%. En revanche, chez les hommes, la probabilité d'inactivité augmente avec l'âge, passant de 5% pour les plus jeunes (25-26 ans) à 24% pour ceux âgés de 57 à 59 ans. Le refus familial, un frein majeur La persistance de cette barrière, souvent émanant du conjoint, entrave la participation des femmes au marché du travail, même en présence d'un besoin financier manifeste et malgré les compétences et les qualifications des femmes. Ce frein majeur est particulièrement accentué dans la région de l'Oriental que dans Casablanca-Settat, soulignant ainsi la variabilité régionale des attitudes à l'égard de l'emploi féminin. Les pressions économiques peuvent temporairement détourner les normes sociales traditionnelles, comme le relève l'étude. Notamment, dans la région de Casablanca-Settat, les femmes interrogées ont souligné que les difficultés financières familiales peuvent entraîner une révision des attitudes envers leur propre travail. Dans ces circonstances, le travail des femmes est souvent plus accepté car il devient une solution pragmatique à une situation donnée. La perception sociale du travail féminin varie également en fonction du domaine d'emploi. Les postes au sein de la fonction publique bénéficient d'une connotation positive et d'une acceptation sociale plus marquée, favorisant ainsi l'intégration professionnelle des femmes qui y exercent. En revanche, les métiers traditionnellement associés au féminin, tels que l'esthétique, la coiffure ou la couture, sont souvent sujets à des jugements sociaux plus défavorables. Probabilités par régions L'examen des probabilités d'inactivité au niveau régional révèle l'impact significatif du contexte géographique et socio-économique sur la participation des femmes au marché du travail. Les femmes de la région de Laâyoune-Sakia El Hamra affichent le taux le plus élevé d'inactivité, atteignant 87%. Cette tendance est suivie de près par l'Oriental et Souss-Massa, où les probabilités d'inactivité atteignent respectivement 83% et 82%. En revanche, les régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra présentent des taux relativement plus bas, bien que toujours élevés, se situant à 68%, 70,8% et 74,9% respectivement.