En ces jours de renouvellement politique, l'Hexagone bruisse de l'annonce d'une évolution notable au sein de la garde rapprochée du Président Emmanuel Macron. Il s'agit de la distribution des portefeuilles ministériels, où l'on assiste à un ballet diplomatique des plus stratégiques. C'est ainsi que Gabriel Attal, gardien du sceau gouvernemental, vient de dévoiler une liste dans laquelle l'on découvre le nom de son ex-compagnon Stéphane Séjourné. Ce dernier, excusez-nous du peu, désormais à la barre des Affaires étrangères, est, par ailleurs, un fidèle de la première heure du président Macron. Dans l'échiquier politique français où une pièce majeure vient de bouger, Stéphane Séjourné, figure de proue du groupe Renew Europe au Parlement européen, a donc été catapulté à la tête du ministère des Affaires étrangères dans le cabinet du nouveau Premier ministre Gabriel Attal. Cette nomination, au cœur de la diplomatie française, n'est pas sans provoquer des remous au-delà des frontières, notamment sous le ciel marocain où l'homme est loin de faire l'unanimité. Dans les couloirs feutrés de Rabat, nul doute que Séjourné aurait été l'architecte d'une résolution européenne peu favorable au Royaume, ayant trait à la liberté d'expression dans le Royaume. Une résolution votée tel un coup de tonnerre dans le ciel clément de Strasbourg, le 19 janvier 2022. Son rôle en tant qu'instigateur, condamnant de prétendues violations de la liberté de la presse au Maroc, avait jeté un froid sur les relations franco-marocaines. Cette initiative, vue comme une ingérence dans les affaires internes du Royaume, avait exacerbé une crise latente entre les deux nations, dont les liens se sont fragilisés au fil des années. Lahcen Haddad, éminence de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE ne s'était d'ailleurs pas trompé. Il avait, d'une pointe d'ironie et avec une franchise peu conventionnelle et peu diplomatique, pointé du doigt l'implication décisive de Séjourné, alors simple eurodéputé, dans ce qui fut interprété comme un affront au Maroc par l'Assemblée européenne. Aussi, ce remaniement est significatif, à plus d'un titre, tant il est bon de rappeler, que dans l'arène politique française, la diplomatie reste le jardin soigneusement cultivé et scrupuleusement surveillé par l'Élysée. C'est un domaine dans lequel les fleurs de la rhétorique présidentielle doivent être arrosées avec une attention toute particulière pour ne pas flétrir les relations internationales. D'autant plus, que ce renouveau intervient à un moment où les relations franco-marocaines semblaient amorcer une danse de réconciliation après une période de froid. Cette décision, loin d'être anodine, soulève de sérieuses interrogations quant aux futures relations entre la France et le Maroc, mais également concernant la position française vis-à-vis du Sahel en particulier et de l'Afrique en général. La nomination de Stéphane Séjourné au Quai d'Orsay représente un moment potentiellement délicat pour la politique étrangère française, notamment en ce qui concerne ses relations avec le Maroc et l'influence française en Afrique. Tout dépendra, donc, de la manière dont il choisira d'aborder ces dossiers sensibles et de la diplomatie qu'il mettra en œuvre pour naviguer dans le paysage complexe des relations internationales. D'abord, concernant le Maroc, le choix de Séjourné pourrait être considérer, comme une gifle diplomatique. Sa participation active à la résolution du Parlement européen du 19 janvier 2023, qui critiquait le Maroc pour de prétendues violations de la liberté de la presse, a déjà envenimé les relations entre les deux pays. Sa nomination à la tête du Quai d'Orsay pourrait donc être perçue par le Maroc comme une confirmation de l'hostilité française, et risque d'exacerber les tensions existantes. Cet épisode pourrait également affecter la perception de la France dans d'autres pays africains, notamment dans la région du Sahel. La France, déjà confrontée à une montée du sentiment anti-français dans cette zone, doit manœuvrer avec prudence pour maintenir sa position et son influence. La nomination de Séjourné, si elle est perçue comme un signe de politiques plus dures ou moins conciliantes envers les intérêts africains, pourrait aggraver le sentiment d'antagonisme à l'égard de la France. Cependant, il est aussi possible, "on ne sait par quel miracle"et en diplomatie, ils sont nombreux, que Séjourné, en tant que ministre, adopte une approche plus modérée et surtout réellement diplomatique que celle qu'il a pu avoir jusqu'à présent en tant que député européen. La diplomatie, après tout, est l'art de la négociation et du compromis, et il est dans l'intérêt de la France de maintenir des relations stables et positives avec ses partenaires africains et plus singulièrement celles du Maroc et du Maghreb. La capacité de Séjourné à naviguer dans ces eaux potentiellement tumultueuses, à apaiser les tensions existantes, et à construire des ponts, sera cruciale, très cruciale pour la France. La succession de Séjourné à Catherine Colonna, dans ce théâtre de la diplomatie, s'apparente donc à un saut dans l'inconnu, un pari risqué qui pourrait redéfinir le rôle et l'image de la France sur l'échiquier international. Reste à voir si ce changement de garde au ministère des Affaires étrangères sera le coup de maître d'une stratégie renouvelée ou le prélude à des tensions diplomatiques accrues. Bon vent, dirions-nous, c'est tout le mal que l'on peut souhaiter à Stéphane Séjourné.