Le Maroc, touché par un changement climatique aux répercussions inégales, subit les contrecoups d'un phénomène météorologique complexe. La migration de l'anticyclone des Açores vers des latitudes plus occidentales a modifié les parcours des masses d'air océanique, entraînant des conséquences directes sur la répartition des précipitations. Cette évolution a eu pour effet de déverser des quantités importantes de pluie en Europe, causant des inondations notamment dans le nord de la France, tout en exacerbant la sécheresse au Maroc et plus largement dans la région du Maghreb. Le début de l'année 2024 a apporté une atténuation partielle avec l'arrivée de précipitations tant attendues. Cependant, ces pluies "salvatrices" ou "bienfaitrices", n'ont pas touché l'ensemble du territoire de manière uniforme. Tandis que certaines régions restent désespérément arides, d'autres ont quelque peu reçu enfin l'eau nécessaire à la revitalisation de leurs terres. Pour se faire une idée de la pluviométrie de ce début d'année, le 5 janvier sur 24 heures, on a enregistré, par exemple, 20 mm à Ifrane, 17 mm à Fès, 12 mm à Settat, 11 mm à Meknès, et seulement 1 mm à Oujda, Marrakech et Casablanca quand d'autres villes et localités n'ont pas vu, trace de goutte de pluie. Les données montrent que la sécheresse n'est pas uniquement une question de manque de pluie, mais aussi de répartition. Les dernières années ont vu des variations significatives dans les schémas habituels des précipitations, influençant de manière cruciale l'agriculture, la gestion de l'eau et la vie quotidienne des Marocains. Les experts climatiques et météorologiques soulignent que ces tendances pourraient devenir la nouvelle norme, avec des implications profondes pour la stratégie nationale d'adaptation au changement climatique. Le gouvernement marocain, conscient des défis posés, intensifie ses efforts pour une gestion de l'eau plus durable et des mesures d'atténuation pour les communautés les plus affectées. D'un autre côté, ces dernières pluies n'ont pas eu, apparemment, l'effet escompté au regard des données publiées en ce jour par la Direction Générale de l'Hydraulique du ministère de l'Equipement et de l'Eau. Les chiffres ont effectivement affiché quant au taux de remplissage global des bassins du Maroc, 23,22% seulement pour 3742,80 millions de mètres cubes contre 31,53% pour 5084,53 millions de mètres cubes à la même période de l'an passé. Mais qu'on se le dise tous les bassins ne sont pas logés à la même enseigne. Mis à part celui du Loukkous (56,62%, +4,3%) et à niveau moindre, le Sebou qui charrie la demi-mesure de son taux de remplissage de 49,28% mais qui aura laissé tout de même quelques gouttes lui filer entre les doigts, environ 6%, aucun autre ne dépasse les 50%. Certains même, tirent la sonnette d'alarme quant à leur abondance en eau à l'image d'Oum Er Rbia et son piètre (8,72%) 10,83% l'an passé à la même époque. Parmi les assidus dans cette mi-partie du tableau, on trouvera le Bassin du Tensift (43,80%) qui rattrape près de 12,4 points par rapport à janvier 2023. Et puis, après mon eau c'est le déluge, certains ont le ventre qui se vide de manière préoccupante à l'image du Bouregreg-Chaouia 29,32% actuellement contre 44,51% il y a de cela une année jour pour jour. D'autres cahin-caha s'accrochent à l'instar du bassin de Souss-Massa 15,24 contre 16,58%. Le bassin de Sous Massa révèle une image préoccupante de ses réserves hydriques. Les dernières mesures de décembre 2023 indiquent que les volumes d'eau retenus n'atteignent que 74,959 millions de mètres cubes, représentant un faible taux de remplissage de 10,1%. La situation est particulièrement alarmante au barrage de Youssef Ben Tachfine, qui affiche un niveau de 10,7%. Le barrage d'Aoulouz enregistre 9,38% de sa capacité totale tandis que le barrage Mokhtar Soussi n'est pas en reste avec une situation tout aussi critique de son niveau de remplissage de 8%. Ces chiffres sonnent l'alarme pour la région de Sous Massa. A ce niveau, on peut dire que le bassin de la Moulouya est le seul à avoir tiré son épingle du jeu puisqu'il est le seul avec le Loukkos et Guir Ziz Rheris ((21,50%) contre 15, 72%)) à avoir gagné en volume. Avec (27,31% contre 12,72%) soit plus de la moitié de son remplissage, le bassin de la Moulouya est le plus assidu de tous. Les récents rapports de l'Agence du Bassin hydraulique de la Moulouya (ABHM) apportent une lueur d'espoir pour la région de l'Oriental. Au 8 janvier, les grands barrages affichaient un taux de remplissage de 26,38%, soit des retenues d'eau atteignant 212,396 millions de mètres cubes sur une capacité maximale de 805,106 millions de mètres cubes. Cette tendance positive est un signe précurseur d'un renouveau hydrique potentiel pour l'Oriental, une zone particulièrement touchée par la sécheresse ces dernières années. Mais la vigilance reste de rigueur dans l'espoir bien sûr que cette tendance positive se poursuive dans les mois à venir.