Les foyers marocains qui satisfont aux critères de ciblage après leur inscription dans le Registre Social Unifié (RSU) profiteront d'une aide sociale directe d'une valeur de 500 dirhams minimum, voire plus. Il s'agit d'une initiative inédite et d'un nouveau succès pour le Maroc et pour les Marocains, a souligné le chef du gouvernement Aziz Akhannouch. Akhannouch, qui a présenté, ce lundi lors d'une séance plénière conjointe à la Chambre des représentants, le programme d'aide sociale directe, a affirmé que la mise en place de cette mesure « représente un moment historique dans le processus en cours visant à consolider les fondements de l'État social et à construire le Maroc de progrès et de dignité, tel que désiré par le Roi, en poursuivant la mise en œuvre des chantiers nationaux solidaires pour généraliser la protection sociale« . Ce programme d'aide sociale directe, a-t-il expliqué permet de mettre en place une sorte de bouclier social, en offrant une aide minimum qui s'élève à 500 dirhams par mois pour chaque famille ciblée, quelle que soit sa composition. Ce soutien financier pourrait dépasser les 1.000 dirhams en fonction du nombre d'enfants présents dans ces foyers, a-t-il encore précisé. Cela signifie, selon les explications de Akhannouch, que les familles ayant un seul enfant recevront directement 500 dirhams par mois à partir de fin décembre 2023, tandis que les familles ayant deux enfants scolarisés recevront 500 dirhams par mois à partir de la fin de cette année, et 600 dirhams par mois à partir de 2026. Pour les veuves ciblées, le montant de l'aide mensuelle sera de 500 dirhams si elles ont un seul enfant, et ce à partir de la fin de cette année. Si elles ont deux enfants, elles recevront 700 dirhams en 2024 et 800 dirhams à partir de 2026. En cas de trois enfants, elles percevront 1.050 dirhams en 2024 et 1.200 dirhams à partir de 2026. Ainsi, le chef du gouvernement met en avant que le programme d'aide sociale directe, qui concerne 60% des familles répondant aux critères de ciblage après leur enregistrement dans le Registre Social Unifié, comprendra ces trois dispositifs fondamentaux. Aide aux familles avec enfants Le premier dispositif consiste en un soutien social direct aux familles ciblées ayant des enfants. Chaque enfant, de la naissance jusqu'à l'âge de 5 ans, recevra une allocation mensuelle de 200 dirhams à partir du 30 décembre 2023. Cette allocation sera maintenue pendant toute l'année 2024, puis passera à 250 dirhams par mois en 2025, pour être portée à 300 dirhams mensuels à partir de 2026. Pour les familles ayant plus de trois enfants, similaires aux compensations octroyées par le secteur privé, elles recevront en plus une allocation mensuelle de 36 dirhams par enfant pour le quatrième, le cinquième et le sixième enfant. Pour les enfants en âge de scolarité (de 6 à 21 ans), le même montant d'aide sera maintenu. Les enfants en situation de handicap recevront 300 dirhams par mois en 2024, puis 400 dirhams par mois en 2026. Afin d'améliorer les avantages pour les orphelins qui étaient auparavant bénéficiaires du programme « Dima », l'État continuera à accorder une allocation de 350 dirhams par mois pour chaque enfant jusqu'à la fin de l'année 2024. Ensuite, cette allocation passera à 375 dirhams par mois par enfant en 2025, pour atteindre 400 dirhams par mois par enfant à partir de 2026. Dans le but de maintenir les effets positifs du programme et d'encourager la continuité de la scolarité, le montant de l'aide sera réduit en cas d'interruption de la scolarisation de l'enfant. Familles sans enfants ou dont l'âge dépasse 21 ans Le deuxième dispositif implique une aide aux familles ciblées qui n'ont pas d'enfants ou dont les enfants ont plus de 21 ans, en particulier les familles qui subviennent aux besoins de personnes âgées. Ces familles bénéficieront d'une allocation spéciale d'une valeur de 500 dirhams par mois à partir de fin décembre 2023. Prime de naissance Le troisième et dernier dispositif concerne l'allocation maternelle. Il s'agit d'une aide exceptionnelle accordée à chaque famille à l'occasion de la première et de la deuxième naissance. Cette allocation est estimée à 2.000 dirhams pour la première naissance et à 1.000 dirhams pour la deuxième. Financement du programme d'aide sociale directe D'après la présentation du chef de l'Exécutif, le déploiement de ce programme nécessite une enveloppe budgétaire de 25 MMDH en 2024, qui devrait passer à 29 MMDH annuellement à partir de 2026. "Ce budget s'ajoute aux 10 MMDH alloués par l'État chaque année pour généraliser l'AMO. En somme, cela représente un budget annuel d'environ 40 milliards de dirhams d'ici 2026, dédié à la couverture médicale et à l'aide sociale directe provenant des chantiers de généralisation de la protection sociale", a-t-il indiqué. En ce qui concerne les sources de financement, Akhannouch a expliqué que le gouvernement a pris plusieurs mesures pour les garantir. Cela inclut 20 MMDH sur les trois prochaines années, provenant des fonds autonomes de l'État, ainsi que 6 MMDH issus des revenus fiscaux liés à la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices et les revenus des entreprises. S'ajoutent à cela les recettes générées par les taxes liées à la contribution libératoire sur les biens et actifs détenus à l'étranger, ainsi que la mobilisation de 15 MMDH à travers la réévaluation, la consolidation et la réorientation des allocations financières attribuées à divers programmes de soutien précédents. Le fonds de cohésion sociale contribuera également avec 9 MMDH pour l'année 2024 et 12 MMDH d'ici 2026 et ce après un trimestre du versement des aides sociales directes à travers la réforme progressive de la Caisse de compensation. Il met en exergue que, étant donné que le budget de l'État ne peut pas absorber le financement de l'aide sociale directe tout en assumant intégralement les coûts de la caisse de compensation, et en tenant compte de l'injustice sociale inhérente au système actuel en termes de ciblage des classes pauvres et vulnérables, le gouvernement envisage, après le démarrage des versements directs à partir de décembre 2023, d'allouer la marge résultant de la réduction de la compensation. Cette réduction sera progressive, partielle et limitée dans le temps entre 2024 et 2026 pour compléter le financement des dispositifs du programme d'aide sociale directe aux familles. Il précise qu'il s'agit d'un plafonnement, et non d'une suppression, garantissant ainsi une assistance effective aux familles méritantes.