Ce fut une soirée magique que des musiciens authentiques ont offerte aux participants et invités du Festival international de la mode en Afrique (FIMA), qui a levé le voile sur sa onzième édition un peu plus tôt dans la journée de mercredi dans la ville de Dakhla. Généralement, on garde le meilleur pour la fin, comme le veut l'adage. Mais, en bon chef aux petits soins, le fondateur du FIMA, l'infatigable Alphadi, a concocté une agréable surprise aux festivaliers dès le premier soir. Il a réussi à faire rassembler dans la « Perle » du Sud marocain la crème de la chanson africaine, surtout de l'ouest du continent. À coup sûr, les musiciens ont été inspirés par la beauté de la ville de Dakhla, qui accueille, pour la première fois, le FIMA après dix piges et vingt ans d'existence dans le désert de Ténéré, au Niger. Le public, visiblement grand connaisseur des rythmes africains, n'en demandait que cela pour faire la fête et profiter de la douceur et de la brise envoyées généreusement par l'envoûtante baie de Dakhla, d'autant que la journée fut bien ensoleillée, à la limite d'une température estivale. Le succès remporté par cette soirée musicale met la barre un peu haute pour les véritables concernés, en l'occurrence les stylistes et les créateurs de mode, qui doivent désormais se surpasser pour faire oublier les prouesses des « intrus » venus leur partager la vedette. Une quinzaine de chanteurs et de groupes se sont succédé sur scène pour défendre crânement leurs couleurs musicales. Il y avait des rythmes mandingue, gnaoua, touareg et zouglou. De quoi tenir en haleine les spectateurs jusqu'à tard dans la nuit. Le maâlem Hamid El Kasri, en dépit du poids des ans et des problèmes de santé, a bien tenu son rang. Entre ses mains, le guembri est toujours aussi obéissant, perpétuant la légende des Gnaouas de l'Afrique du Nord. La partition du grand maâlem marocain a imprimé une petite touche de spiritualité à cette soirée aux sonorités plutôt endiablées et joyeuses, dans la pure tradition de la culture africaine plus encline à la jubilation qu'à l'abattement. En représentant de la nouvelle génération des artistes ouest-africains, comme il se décrit lui-même, le Malien M'bouillé Koité, issu d'une famille de griots-musiciens, a confirmé tout le bien que l'on dit sur lui. Et décidément, ce fut une intéressante découverte, tout particulièrement sa maîtrise implacable de la guitare acoustique. Le mandingue, cette musique commune à plusieurs peuples de la sous-région, ne manquera pas de trouver dans ce jeune artiste le fier successeur de ses prestigieux aînés, comme Mory Kanté, Salif Keita et Toumani Diabaté.