Cela fait une semaine que le congrès du mouvement séparatiste polisario a débuté dans le sud algérien sans qu'un nouveau secrétaire général ne puisse être élu, signe de l'enlisement de la milice dans la crise de confiance des sahraouis. Le chef des séparatistes, Brahim Ghali, 73 ans, pensait se faire réélire sans problèmes dans le respect du calendrier qu'il avait établi. Sa réélection était déjà prévue pour mardi mais face à la contestation les membres du polisario, la date a été étendue de deux jours. Un jour après la fin de l'échéance, le nom du nouveau secrétaire général n'est toujours pas connu à cause de la débâcle chez les généraux algériens, provoquée par l'absence de consensus autour du « chef emblématique » du polisario. x Publicité Jamais le polisario n'avait vu une contestation aussi forte et hors contrôle au sein des camps. Les discours emprunts de lexique guerrier et d'une supposée lutte pour « l'indépendance » rabâchés depuis près de 50 ans ne convainquent plus devant l'impasse de la situation pour les séquestrés des camps qui voient surtout un blocage de la part du polisario de toute issue au conflit. L'Algérie misait sur une perpétuation du mandat de Brahim Ghali qui était jusque là seul candidat à sa réélection. Le régime algérien qui contrôle les camps des séparatistes ne valide pas le nom du deuxième candidat qui s'est annoncé ces derniers jours, profitant de l'absence de soutien à Brahim Ghali. Bachir Mustapha Sayed, le frère du fondateur de la milice séparatiste, qui jouit d'un capital sympathie dans les camps de Tindouf, n'a pas la confiance des dirigeants d'Alger qui lui ont bloqué ces dernières années toute possibilité de briguer un poste important au sein du mouvement. En dépit de sa forte notoriété et sa capacité oratoire qui a séduit les membres présents en pointant du doigt l'échec de Brahim Ghali, la candidature du frère du fondateur du polisario ne fait pas l'unanimité puisqu'il fait partie de cette même classe dirigeante vieillissante de la milice qui s'accroche au pouvoir et aux privilèges sans se soucier des populations des camps. La jeunesse du polisario réclame le changement des conditions d'accès au pouvoir discriminante qui ne laisse place qu'aux anciens de garder une mainmise éternelle sur les camps. Les deux principaux critères pour se présenter au poste de secrétaire général sont liés à l'âge, un minimum de 40 ans est requis, et une expérience militaire est également exigée. Alors que les populations des camps sont tous embrigadés dans des entrainements militaires depuis leur plus jeune âge, et cela fait souvent l'objet de discussions devant l'ONU, certains membres de la milice nés en dehors de l'Algérie n'ont pas été entrainés militairement, et sont automatiquement exclus. De plus, les membres présents au congrès ont pointé du doigt le manque de transparence dans la présentation du rapport financier et la gestion de l'organisation et réclamé la levée du secret sur les dépenses par rapport au budget face à l'enrichissement des membres du secrétariat général et de certains groupes face au la paupérisation des habitants des camps. La milice séparatiste a subi dernièrement plusieurs déconvenues et délitements qui ont ébranlé son leadership, notamment avec la démission d'Oubi Bouchraya Bachir, l'un des plus importants représentants du polisario à l'étranger qui a exprimé de « profonds désaccords » avec le clan Ghali, et la création d'un parti opposant, le MSP, qui dit vouloir réellement trouver un accord pour mettre fin à la situation dans les camps de Tindouf.