La Chine a annoncé lundi avoir organisé de nouveaux exercices militaires autour de Taïwan, où cinq parlementaires américains sont en visite, deux semaines après la venue de Nancy Pelosi qui a déclenché la colère de Pékin. « L'Armée populaire de libération a organisé une patrouille de préparation au combat interarmées et des exercices de combat dans la mer et l'espace aérien autour de Taïwan », a indiqué lundi le Commandement Est de l'armée chinoise. La délégation américaine, dont la visite n'avait pas été annoncée, est arrivée dimanche soir à Taipei et a rencontré lundi la présidente de l'île, Tsai Ing-wen, avant une réception organisée au ministère des Affaires étrangères. « La Chine prendra des mesures fermes et énergiques pour sauvegarder sa souveraineté et son intégrité territoriale », a averti lundi devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin. Le déplacement de deux jours porte essentiellement sur le commerce, la sécurité de la région et le changement climatique, selon l'Institut américain à Taïwan, l'ambassade de facto des Etats-Unis dans l'île. Il survient moins de deux semaines après la visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi, sur cette île revendiquée par les autorités chinoises. La Chine a alors réagi avec colère et lancé les plus importantes manoeuvres militaires de son histoire autour de Taïwan: pendant cinq jours, l'armée a déployé navires de guerre, missiles et avions de chasse, simulant un blocus de l'île. « Dissuasion solennelle » Taipei a accusé la Chine d'avoir pris prétexte de la visite de Mme Pelosi pour s'entraîner à une invasion. Les nouvelles manoeuvres lundi constituent « une dissuasion solennelle contre les Etats-Unis et Taïwan » qui « sapent la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan », a indiqué dans un communiqué le porte-parole du Commandement Est de l'armée chinoise, Shi Yi. L'armée « s'entraîne et se prépare au combat », a précisé le porte-parole, reprenant un vocabulaire déjà utilisé par Pékin. La délégation américaine est composée d'un sénateur Ed Markey (Massachusetts, démocrate) et des représentants Alan Lowenthal (Californie, démocrate), John Garamendi (Californie, démocrate), Don Beyer (Virginie, démocrate) et Aumua Amata Coleman Radewagen (Samoa, républicaine). Taipei souhaite « le statu quo et la stabilité dans le détroit de Taïwan » ainsi qu'en Asie-Pacifique, leur a indiqué la dirigeante Tsai Ing-wen, selon un communiqué de la présidence de l'île. L'invasion de l'Ukraine par la Russie démontre « la menace que les Etats autoritaires représentent pour l'ordre mondial », a souligné Tsai, tout en remerciant Washington pour son soutien face aux menaces chinoises. 22 avions et six navires La Chine estime que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949). Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d'autres pays. Des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, mais la Chine a jugé que la visite de Mme Pelosi, la plus haute responsable américaine à se rendre sur l'île depuis des décennies, était une provocation majeure. Face aux manoeuvres lancées par Pékin en représailles, Taïwan a organisé ses propres exercices simulant l'organisation de sa défense face à une invasion chinoise. Et les Etats-Unis ont réaffirmé leur engagement dans la région. Pékin a prévenu qu'il continuerait à patrouiller dans le détroit de Taïwan. Dimanche, le ministère taïwanais de la Défense a affirmé avoir détecté 22 avions et six navires chinois opérant près du détroit. Selon lui, 11 avions ont dépassé la ligne médiane, une démarcation non officielle entre Taïwan et la Chine que Pékin ne reconnaît pas.