Face à la hausse continue des prix à la pompe, rien ne semble dissuader les professionnels du transport de marchandises, pour le moment, de faire machine arrière quant à la grève qu'ils prévoient de mener après l'Aid Al Adha, même pas la révision à la hausse du soutien financier qui leur est accordé par l'État. Pour ne pas perturber le bon déroulement de l'Aid Al Adha, les syndicats du transport routier prévoient une grève juste après la fête religieuse, à l'exception des propriétaires des bus qui sont toujours en délibérations sur la question. Les raisons derrière cette escalade sont logiques et simples, selon les protestataires. Ainsi, pour les professionnels du transport routier, notamment de marchandise, tant que la hausse des prix des carburants se poursuit jour après jour, le soutien accordé par l'État ne peut suffire pour faire face aux charges qui pèsent sur eux. Bien que le ministère des Transports et de la Logistique ait annoncé mardi que le gouvernement a décidé d'augmenter de 40% la valeur du soutien accordée aux professionnels du transport routier, lors de ce 4e versement, pour ces derniers, il ne s'agit que de « solutions de bricolage ». Ainsi, les syndicats exigent de s'asseoir à la table du dialogue avec le gouvernement, outre la réduction de la taxe sur les carburants, même de manière temporaire, et des marges bénéficiaires des entreprises. Autrement, rien n'est acceptable pour les professionnels. Dans une déclaration à Hespress, Mounir Benazzouz, secrétaire général national des professionnels du transport routier, a indiqué que les transporteurs de marchandises avaient décidé de faire grève après l'Aïd al-Adha, soulignant que « le soutien du gouvernement ne suffit pas, et ce qu'il faut, c'est le dialogue plutôt que des décisions unilatérales« . « La décision ne sert qu'aux lobbies du carburant. Après le soutien, l'augmentation des prix reviendra inévitablement (...) Personne ne suit de près la situation. L'Europe tout entière a augmenté une seule fois les prix depuis le déclenchement de la guerre« , fait noter le syndicaliste, relevant que la « situation est difficile, certes, mais il est immoral de déclarer une grève pendant l'Aïd pour ne pas gâcher l'occasion pour les citoyens« . De son côté, Seddik Boujara, président de l'Union syndicaliste des routiers affiliée à l'Union marocaine du travail (UMT) a rejoint Benazzouz sur le fait que la solution du soutien financier accordé aux professionnels est « du bricolage » et que de nouvelles hausses de prix sont attendues, appelant à la nécessité d'activer la raffinerie La Samir, de réduire les impôts et les marges bénéficiaires. Concernant l'option de la grève, Boujara a noté qu'elle est en effet attendue après l'Aïd al-Adha, avant de préciser que la réunion qui permettra de trancher sur la question aura lieu dans les prochains jours. Le syndicaliste a également estimé que faire grève pendant la période de l'Aïd est « inhumain » notant que « les syndicats ne veulent pas utiliser les citoyens comme bouclier« . Pour Boujara de la CDT, « les dommages sont tangibles pour tout le monde, mais pas au détriment des clients« . Il a en ce sens appelé le gouvernement et les compagnies pétrolières à prendre leurs responsabilités et à faire preuve de patriotisme lors de cette étape en ouvrant le dialogue et en réduisant les bénéfices.