L'Algérie vient de se prendre un nouveau camouflet dans son affaire de chantage à l'Espagne, au lendemain d'une interview du président algérien, Abdelmadjid Tebboune dans laquelle il a vertement critiqué la récente décision de Madrid de soutenir la proposition marocaine d'autonomie au Sahara. « Ce que l'Espagne a fait est inacceptable, éthiquement et historiquement », avait déclaré samedi soir, le président algérien Abdelmadjid Tebboune en répondant à des questions de journalistes locaux. Le chef d'Etat algérien s'est livré à un longue tirade pour critiquer sévèrement l'Espagne, et le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, en l'accusant d'avoir « violé le droit international » en soutenant le plan marocain d'autonomie pour le Sahara. « Faisons la distinction entre le gouvernement et l'État espagnol. Nous avons des relations fortes et très solides avec l'État espagnol », a déclaré Tebboune, en enfonçant encore le clou pour le chef du gouvernement espagnol. « Il n'a pas reçu le soutien des autres, ni au Congrès des députés ni dans la rue », a-t-il ajouté. Le chef d'Etat algérien, qui a rappelé son ambassadeur à Madrid à la suite du soutien espagnol au plan marocain visant à mettre un terme à un différend inventé par l'Algérie et qui aura duré presque 50 ans, est allé plus loin dans sa défiance en appelant l'Espagne à « revoir » sa décision et à « respecter le droit international », estimant que cela serait la seule solution pour revenir à des relations bilatérales normales. Lundi, le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel Albares, a réagit à cette interview, et pour le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'est pas passée à Madrid. L'Espagne a donc répondu avec un tacle directement dirigé vers le président algérien, démontrant que cette « liberté » qu'il s'est pris pour commenter des événements qui n'ont aucun lien avec son pays, n'allait pas être tolérée. « Je ne vais pas alimenter des polémiques stériles », a déclaré le ministre espagnol des Affaires Etrangères, en connaissant la logique et la stratégie algérienne qui cherche à créer des incidents et à les amplifier lorsqu'il y a une réponse. Le chef de la diplomatie espagnole n'a pas jugé utile de rappeler que les déclarations d'Abdelmadjid Tebboune étaient une ingérence claire dans les affaires d'un autre pays, mais son commentaire sur les « polémique stériles » l'a fait comprendre. Dans son interview, Abdelmadjid Tebboune, a été questionné par les journalistes si ses déclarations ne constituaient pas d'une immixtion dans la politique espagnole. « Je ne me mêle pas des affaires intérieures de l'Espagne », a-t-il rétorqué, en disant que l'Algérie serait simplement un « pays observateur concernant le Sahara ». En réponses également aux accusations de Tebboune, José Manuel Albares, a ajouté: « L'Espagne a pris une décision souveraine dans le cadre du droit international et il n'y a rien d'autre à ajouter ». Et de poursuivre: « De toutes ces déclarations, ce que je retiens c'est la garantie totale de l'approvisionnement en gaz algérien à l'Espagne et le respect des contrats internationaux ». Aussitôt, l'Algérie est montée au créneau, pour répondre à la déclaration du ministre espagnol. Alger a dénoncé des propos « désobligeants, offensants et inacceptables (qui) ne contribueront certainement pas à un retour rapide à la normale dans les relations bilatérales », a indiqué Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara au ministère algérien des Affaires étrangères, cité par l'agence officielle APS. Le 18 mars, l'Espagne a décidé de mettre fin à plusieurs années de statut-quo, en soutenant la seule solution qui doit mettre un terme au différend autour du Sahara, en qualifiant le plan d'autonomie marocain, qualifié de « base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution » du différend régional au Sahara.