La chancelière allemande, Angela Merkel, a annoncé ce lundi 29 octobre, son retrait de la vie politique au terme de son mandat en cours jusqu'en 2021. Celle que le magazine américain des affaires, Forbes, a couronnée 3 fois consécutives « femme la plus puissante du monde », semble fatiguée par les revers que son parti, la CDU, ne cesse d'essuyer dans les landers, mais surtout fragilisée par les critiques à l'égard de sa politique des réfugiés. Lors d'une conférence de presse, Merkel a confirmé une annonce faite plus tôt dans la journée par un responsable du parti, à savoir qu'elle ne se représenterait pas à la présidence de sa formation lors du prochain congrès, prévu en décembre. De fait, elle restera plus de deux ans à son poste de chancelière, sans être présidente du parti majoritaire. Une équation qu'elle a toujours écartée. « Je suis convaincue que les deux sont liées, a-t-elle confirmé lors de sa conférence de presse. Mais j'ai dit que je n'allais pas me représenter. Pour une durée limitée, c'est possible de séparer les deux fonctions. Cette limitation est nécessaire. » Années fastes Et pourtant, il y a juste une année, rien ne paraissait pouvoir ébranler Angie ni l'empêcher d'être reconduite dans ses fonctions de chancelière. Un an plus tard, les choses ont changé. La CDU est de plus en plus désavouée et sa patronne de plus en plus critiquée. Dimanche 28 octobre, lors des élections régionales dans la Hesse, l'Union chrétienne-démocrate de Merkel est certes arrivée en tête avec 27 % des voix, mais a affiché un recul de dix points par rapport au scrutin de 2013. Au lendemain de ce nouveau revers électoral (après celui de la Bavière), la chancelière semble très fragilisée, et a finalement fait le choix de se retirer la vie politique après 18 ans à la tête de la CDU, et 13 comme chancelière. Pendant cette période, cette fille de pasteur, élevée de l'autre côté du Rideau de fer, a su imposer sa différence, aussi bien à son parti, son pays qu'à tous les grands du monde. Ses mots d'ordre : Simplicité et force tranquille. Elle en a fait la démonstration à plusieurs reprises, mais particulièrement sur les dossiers de la sortie du nucléaire après Fukushima et du très miné « mariage pour tous ». De tous les chanceliers qui se sont succédé à la tête de l'Allemagne, elle est la première femme. Elle y a accédé à l'âge de 51 ans – soit une quinzaine d'années après son entrée en politique. Réfugiés, le début de la fin Outre les facteurs électoraux qui ont assené un sérieux coup à sa formation politique, dès 2015 quand elle a décidé d'ouvrir les frontières de son pays à des centaines de milliers de candidats à l'asile, Angela Merkel a dû faire face à une fronde au sein même de son parti. Pomme de discorde : la politique de la chancelière à l'égard des réfugiés. Cette politique est vivement critiquée par le parti bavarois très conservateur CSU, membre de la coalition gouvernementale. Le président de cette formation et ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, veut les refouler à la frontière, ce que refuse Angela Merkel pour ne pas créer « d'effet domino » en Europe. Elle reste inflexible, et son ministre de l'Intérieur menace de démissionner de ses deux fonctions « dans les 3 jours », avant de suspendre sa décision. Même si elle a réussi à bloquer le projet de son ministre, elle est sortie de cette crise gouvernementale, politiquement affaiblie. Ouvertement contestée en Allemagne, elle est aussi souvent critiquée à l'étranger, notamment en Europe de l'Est et par Donald Trump. Qui pour lui succéder ? Plusieurs candidats se profilent pour succéder à Angela Merkel. Trois ont déjà acté leur candidature : Friedrich Merz, ancien président du groupe parlementaire, Annegret Kramp-Karrenbauer, actuelle secrétaire générale du parti et proche d'Angela Merkel, et Jens Spahn, actuel ministre de la santé et une des figures de l'opposition contre la chancelière à l'intérieur de la CDU. Angela Merkel en dates 1954 Naissance, le 17 juillet, à Hambourg, dans le nord de la République fédérale d'Allemagne, d'un père pasteur et d'une mère institutrice. Automne 1954 La famille s'installe en Allemagne de l'Est, où est nommé le père d'Angela. 1961-1971 Scolarité à Templin (RDA). 1973 Obtient l'Abitur (baccalauréat) avec la note maximale. 1973-1978 Etudes de physique à l'université Karl-Marx de Leipzig. 1982 Divorce d'avec Ulrich Merkel. 1989 Fin de sa carrière de physicienne et entrée en politique. 1990 Porte-parole adjointe du dernier gouvernement de la RDA, dirigé par Lothar de Maizière. Adhère à l'Union démocrate-chrétienne (CDU). Entre au Bundestag. 1991-1998 Ministre de la Condition féminine et de la Jeunesse, puis de l'Environnement, sous Helmut Kohl. 1999 Dans l'affaire des financements occultes de la CDU, elle prône un nouveau départ, sans Helmut Kohl – ce dernier met un terme à sa carrière politique. 2000 Présidente de la CDU. 22 novembre 2005 Chancelière d'Allemagne, première femme élue à ce poste, où elle succède à Gerhard Schröder (SPD).