Eric Adams, ancien capitaine du département de police de New York, est devenu cette semaine le candidat du parti Démocrate à la tête de la plus grande ville des Etats-Unis, après avoir fait une pièce maîtresse de sa campagne son rejet des appels des militants de gauche à financer la police. La capitale économique américaine étant un bastion démocrate, le vainqueur de cette primaire est déjà donné gagnant pour l'élection générale de novembre, où il affrontera le républicain Curtis Sliwa, animateur radio et fondateur dans les années 1970 des « Guardian Angels », patrouilles de bénévoles qui luttaient contre une criminalité alors endémique. Eric Adams est donc, désormais quasi assuré de devenir le deuxième maire noir de l'histoire de New York, fragilisée par la pandémie et une criminalité de plus en plus en hausse. Cependant combiné à la tendance des électeurs de la ville de New York à élire des maires qui mettant l'accent sur les problèmes locaux et non sur la pureté idéologique, il est compliqué de tirer des conclusions nationales. En effet, bien que connue comme l'une des villes les plus libérales du pays, New York voté pour des non démocrates lors de cinq élections municipales consécutives de 1993 à 2009, choisissant Rudy Giuliani à deux reprises et Michael Bloomberg à trois reprises. Les Newyorkais ont voté en pensant au crime, à l'éducation et aux efforts de reconstruction après les attentats terroristes du 11 septembre. Cela étant, les résultats de la primaire doivent encore être confirmés, mais, selon les derniers chiffres du Bureau des élections de New York, Eric Adams, 60 ans et actuel président de l'arrondissement de Brooklyn, démocrate modéré, a emporté le scrutin préférentiel de justesse d'un demi-point, (50,5 % contre 49,5 %) devant Kathryn Garcia, cadre expérimentée de la mairie, mais novice en politique. Le triomphe d'un démocrate modéré à cette primaire de la ville de New York semble accélérer une tendance récente de certains des électeurs les plus fervents du parti à savoir, se séparer de ses candidats les plus progressistes. La victoire d'Adams est l'encoche la plus médiatisée du grand livre des pragmatiques. Sur un certain nombre de questions, il s'est positionné à droite de ses rivaux démocrates, mais il a rejeté catégoriquement le financement de la police. Eric Adams, s'est engagé à améliorer la sécurité publique et à donner la parole aux habitants de la classe ouvrière. Le message a résonné dans la ville exténuée par la pandémie et où la criminalité est au sommet des préoccupations des électeurs alors que New York est confrontée à des problèmes profondément ancrés, notamment l'inégalité des richesses, le manque de logements abordables et les écoles publiques en difficulté. Adams a centré sa campagne sur la lutte contre le crime. Mais en tant qu'homme noir qui s'est présenté comme un New Yorkais « col bleu », il a également soutenu que, les démocrates de la classe ouvrière avaient été ignorés par l'aile la plus libérale du parti, y compris l'administration actuelle du maire Bill de Blasio. Adams a passé moins de temps à faire campagne à Manhattan, l'île des lieux d'affaires new-yorkais et mondiaux par excellence, que certains de ses rivaux dans la course, ciblant plutôt les quartiers minoritaires et ouvriers des quatre arrondissements extérieurs – Brooklyn, le Bronx, le Queens et Staten Island.