C'est une première du genre ! Trois institutions judiciaires, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), la présidence du ministère Public et la Cour des comptes, ont signé un protocole de coopération ou si l'on veut, un mémorandum d'entente, dans le but de renforcer leurs efforts sur le terrain afin de lutter contre toutes formes de corruption dans la vie publique. La signature de ce mémorandum commun mercredi matin à Rabat, porte sur la lutte contre la corruption et la consécration du principe de reddition des comptes qui affectent négativement l'administration publique. Il vise également à renforcer et à protéger les principes et valeurs de bonne gouvernance, de transparence et de responsabilité. La coopération entre les institutions susmentionnées se concentrera sur la formation, le soutien aux capacités des juges des tribunaux financiers et des juges des tribunaux d'injonction, et la coordination du traitement des plaintes, des rumeurs et des rapports liés aux crimes financiers, l'échange de documents connexes et une jurisprudence distinguée. L'accord instaurant ce cadre de coopération entre les parties prenantes a été signé par le premier président de la Cour de Cassation et président délégué du CSPJ, Mohamed Abdennabaoui, le procureur général du Roi près la Cour de Cassation, président du ministère public, El Hassan Daki, la présidente de la Cour des Comptes, Zineb El Adaoui, et le procureur général du Roi près cette Cour Brahim Ben Bih. Au cours de la cérémonie de signature, l'accent a été mis sur l'importance de la coordination et la complémentarité entre les parties signataires, en vue de la moralisation de la vie et des affaires publiques et l'instauration des valeurs de transparence et d'intégrité, par le biais d'un échange d'informations et d'expertises ainsi que la qualification des ressources humaines. « C'est la première fois que les juridictions ordinaires et financières joignent leurs efforts sur des questions d'intérêt commun », s'est réjoui Abdennabaoui, expliquant que la « mutualisation de leurs efforts a pour objectif de créer des passerelles de communication professionnelle afin d'atteindre l'efficacité dans la lutte anti-corruption ». Il a en outre souligné, à cet égard, que « les institutions de l'Etat sont appelées à activer les mécanismes juridiques, à développer leurs méthodes de fonctionnement et les moyens de coopération en vue de lutter contre la corruption, promouvoir la rectitude et moraliser la vie publique, en consécration des principes constitutionnels en rapport avec la bonne gouvernance ». Pour sa part le président du ministère public, El Hassan Daki, a de son côté affirmé que « ce mémorandum d'entente intervient dans le cadre de l'implémentation des dispositions de la Constitution qui repose sur le principe de la coopération entre les pouvoirs sur la base du principe de reddition des comptes. Les institutions signataires œuvrent dans la complémentarité pour lutter contre toutes les formes de corruption », a-t-il déclaré, en plaidant pour le renforcement de l'échange des documents, les formations réciproques, la coordination totale et complémentaire entre les magistrats des deux juridictions. « La signature de cette convention revêt une grande portée symbolique et constitue un acte plein de significations et de signaux sur la volonté d'instaurer un cadre général de coopération et de complémentarité entre les parties signataires », a assuré Mme Zineb El Adaoui. Et de poursuivre, « Le mémorandum a pour objectif de développer les expertises dans le cadre des recherches et des investigations, en plus de l'échange de documents et de données », a-t-elle dit, ajoutant « qu'elle tend aussi à répondre aux aspirations du citoyen marocain et de l'opinion publique en termes de lutte contre l'impunité et de probité des acteurs publics ». Reportage photographique Mounir Mehimdate