Une visite au Centre National de l'Energie, des Sciences et des Techniques Nucléaires (CNESTEN) a été programmée, récemment, par l'Ecole Franco-Marocaine de la Mesure et de l'Instrumentation Nucléaires (EFMMIN 5), afin de voir le réacteur nucléaire Triga-Mark 2 ainsi que les différents laboratoires du site. Un groupe, composé d'étudiants et de chercheurs de différents organismes, notamment le Commissariat à l'énergie atomique et aux Energies alternatives (CEA), l'Université d'Aix-en-Provence, et quelques universités marocaines. Hespress FR a eu l'occasion de visiter le site du réacteur, et de profiter de l'expertise des chercheurs qui y travaillent, afin d'avoir plus de réponses sur le fonctionnement de l'entité. On ne joue pas avec les radiations ! Le tour a été assuré par un chercheur du site qui a expliqué, en détails, les procédures de contrôle à l'entrée pour les personnes et les véhicules. Deux plaques sont installées pour contrôler les émissions de rayons Gama provenant d'une voiture ou d'un camion. Et une autre plaque est installée pour les personnes à pieds. En cas de signalement, une équipe intervient avec des appareils plus précis pour voir si l'élément qui émet des radiations est naturel (NORM) ou radioactif (Cobalt, Uranium, Plutonium...). On nous a indiqué que jamais aucun élément de ce genre n'a été détecté. Crédits Photo : Sandrine Poulain/ CEA Les dosimètres : Les mesures sur les êtres humains sont faites avec des dosimètres, qui sont conçus pour mesurer les doses de radiation, pendant l'activité à l'intérieur. Chacun doit s'équiper d'un « film dosimètre » comme on les surnomme dans le milieu, il s'agit d'un petit boîtier noir qui enregistre des données de thermoluminescence (TLD). Pour convertir ces données enfin, il faut les introduire dans une machine spécifique, qui peut contenir jusqu'à 250 dosimètres en même temps. En cas de contamination, des douches sont installées dans les laboratoires mêmes pour que la personne se débarrasse le plus vite possible des matières dangereuses. Elle se dirige ensuite vers un endroit où l'on fait de l'anthropogammamétrie où deux appareils contrôlent la thyroïde pour l'un, et le corps entier pour l'autre. Dans ce même endroit, quand on recrute une personne, on établit ses données de base pour connaitre par la suite son taux d'irradiation réel, en cas de contamination. Le laboratoire d'étalonnage : Tout en vert derrière des murs de béton d'un mètre d'épaisseur, une installation qui ressemble à une mini usine sert à faire l'étalonnage des instruments de mesure. Il est à noter que le CNESTEN est le seul au Maroc à être habilité à le faire. Les instruments de mesure peuvent être de domaines variés, il s'agit en premier lieu de ceux du centre, mais ils peuvent provenir des hôpitaux, des laboratoires, de l'OCP, etc., selon les conventions. Comment ça fonctionne : L'objet est placé sur une table, et la machine envoie des « rayons Gama », ou des « rayons X » dont on connait précédemment la dose et les caractéristiques, et si l'appareil donne la même mesure, c'est qu'il est étalonné, dans le cas contraire, il faudra le régler. SCARS C'est un appareil qui mesure le taux d'irradiation dans l'environnement, le CNEPSEN l'utilise pour voir si la zone étudiée présente un quelconque risque. C'est un matériel transportable placé généralement dans un camion ou un hélicoptère, et il est doté d'une très grande sensibilité. Le laboratoire du service de l'environnement Il traite tout ce qui est en relation avec la sûreté et la sécurité, cette direction travaille sur plusieurs programmes comme la surveillance de l'environnement. Le laboratoire doit apporter la preuve que ses activités respectent l'environnement. Ils travaillent avec l'unité de radioprotection sur le programme de contrôle des installations, comme ils peuvent fournir des prestations à l'ONEE ou l'OCP par exemple Ce laboratoire prélève des échantillons de l'environnement alentour (terre, eau, lait de fermes alentour) pour voir l'impact des activités du centre, il peut également mesurer le taux d'irradiation des produits agro-alimentaires ou industriels provenant d'autres endroits. Il est divisé en deux parties, un laboratoire de préparation des échantillons et un laboratoire de mesure. Ce laboratoire est en projet d'accréditation les organismes internationaux. Le réacteur nucléaire Triga Mark 2 Crédits Photo : Sandrine Poulain/ CEA Isolé du reste des laboratoires, on entre dans une salle à basse pression par une porte blindée, que nous refermons juste après pour que les radiations ne sortent pas à l'extérieur nous explique l'un des responsables du réacteur, ensuite nous accédons à une autre salle par une porte blindée également, celle-ci fait office de vestiaire où nous enfilons des blouses blanches. Enfin une troisième salle blindée vous l'aurez deviné, donne directement sur le réacteur et une fois refermée on ne peut plus la rouvrir jusqu'à ce que ressortent les personnes déjà présentes. Ce réacteur sert à faire des recherches scientifiques, et il fonctionne à la demande du centre. On y étudie la réaction de matières face aux radiations, il peut autant s'agir de produits industriels qu'alimentaires ou médicaux. Au CNESTEN on développe actuellement de l'iode 131 que le Maroc importe pour le moment et qui peut servir dans le traitement de certaines maladies comme le cancer.