Le Parlement européen a voté ce jeudi la résolution présentée par l'Espagne relative à «l'utilisation faite par le Maroc de la migration en général et des mineurs en particulier comme instrument de pression politique» contre Madrid. Adopté par 397 voix pour, 85 contre et 196 abstentions, le texte plutôt consensuelle et voulant essentiellement rappeler que Sebta est une frontière extérieure de l'UE, dont la protection et la sécurité concernent l'Union dans son ensemble. Mais au-delà, le vote de ce jeudi, avec son taux d'abstention record, vient surtout refléter le caractère controversé de la résolution poussée, à force d'un lobbying forcené, mais qui ne fait pas pour autant unanimité au sein de l'hémicycle. La résolution portée par l'Espagne a été soutenue par 4 groupes, à savoir les populaires, les socialistes, les libéraux et les verts. Autrement dit, des groupes aux doctrines xénophobes connues et reconnues. Ceci étant, plusieurs eurodéputés ont vite fait de prendre leurs distances par rapport au texte, qui selon eux, montre à quel point les 27 sont incapables de jouer le rôle politique qui devrait être le leur. C'est ainsi que l'eurodéputée belge, Frédérique Ries, a indiqué avoir voté contre la résolution car, a-t-elle dit, «elle met au pilori notre partenaire stratégique marocain et reste muette sur les responsabilités des forces de l'ordre espagnoles dans les violences rapportés par les ONG et pour lesquelles la justice espagnole a ouvert une enquête». Pour elle, «une diplomatie efficace et pragmatique est tout sauf une diplomatie incendiaire». Le Danois Søren Gade a lui aussi exprimé son rejet du texte parce qu'il «ne reflète pas le caractère fiable et étroit des relations entre le Maroc et l'UE». «J'ai décidé de ne pas voter en faveur du texte. Je pense que c'est important d'avoir des relations fiables et étroites entre le Maroc et l'Union européenne », a-t-il déclaré. Cette position de rejet avait déjà été exprimé la veille du vote par l'Eurodéputé Tomáš Zdechovský, vice-président l'Union chrétienne démocrate (KDU-CSL), parti populaire tchèque, qui a pointé une «agressivité qui ne cherche qu'à cacher des erreurs successives». « Madrid fait tout pour déstabiliser le seul pays stable et pacifique de la région », a-t-il dénoncé, faisant observer que «le gouvernement Sanchez en poussant agressivement pour l'adoption d'une résolution du PE contre le Maroc qui ne cherche qu'à cacher ses erreurs successives, entraînant l'UE dans cette voie dangereuse ». « Cette manœuvre stérile conduirait à l'escalade au lieu de vivre une chance de dialogue entre deux pays voisins », a-t-il estimé. This sterile manœuvre would lead to escalation instead of living a chance to a dialogue between two neighbouring countries. — Tomáš Zdechovský (@TomasZdechovsky) June 9, 2021