Au sujet du conflit actuel opposant le royaume du Maroc à l'Espagne, Charles-Saint Prot, Universitaire français et Directeur général de l'Observatoire d'Etudes Géopolitiques de Paris nous livre son point de vue avec une analyse rétrospective sur « le torchon qui brûle entre le Maroc et le régime socialo-gauchiste espagnol ». « En décidant d'accueillir Brahim Ghali, né à Marrakech en 1945 et chef de la milice séparatiste du Polisario, le gouvernement socialo-gauchiste espagnol (le PSOE de Pedro Sanchez est allié au mouvement encore plus gauchiste et irresponsable de Podemos) semble ne pas avoir mesuré les conséquences de sa décision envers le Maroc, un Etat ami et allié, dont l'Espagne a besoin pour de multiples raisons. La présence de Ghali en Espagne a suscité « l'exaspération » du Maroc qui le considère comme un criminel de guerre », commence par confier à Hespress Fr, Charles Saint-Prot. Il rappelle, à juste titre, qu'alors que le Royaume du Maroc est un partenaire indispensable de l'Espagne, notamment dans la lutte contre l'immigration clandestine et la guerre antiterroriste, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont envenimées depuis l'accueil, fin avril dernier, par le régime socialiste de Madrid du chef du Front Polisario pour y être soigné de la Covid-19. Et au directeur général de l'Observatoire à Paris de relever : « Ce mauvais coup du gouvernement espagnol qui a ainsi permis le séjour près de Saragosse de ce séparatiste qui est le pantin de l'Algérie a bien entendu provoqué la colère de Rabat qui a décidé le rappel « pour consultation » de son ambassadeur Karima Benyaich, laquelle a estimé qu'il y a « des actes qui ont des conséquences qu'il faut assumer », mettant ainsi en cause le mauvais geste du gouvernement de Pédro Sanchez contre le Maroc ». Selon cet expert en géopolitique, pour comprendre le fond du dossier, il faut rappeler que le Polisario est un groupuscule séparatiste qui est le simple jouet dans les mains de l'Algérie qui le finance depuis l'origine pour déstabiliser le Maroc. « Comme le Polisario a bénéficié à l'origine, en 1975-76, du soutien du bloc communiste, dont Alger était un féal, il a souvent été soutenu par les partis politiques et les syndicats de l'extrême-gauche et la gauche européennes », souligne-t-il. Pour Charles Saint-Prot, « la presse espagnole, -qui a déploré hypocritement l'attitude marocaine, qui encouragerait l'émigration pour déstabiliser l'Espagne-, n'a tenu aucun compte du fait que l'accueil du séparatiste Brahim Ghali est un acte d'une grande hostilité à l'égard du Maroc et que celui-ci est bien-fondé de punir l'Espagne socialiste de Sanchez ». L'expert étaye ses propos en affirmant : « Car c'est le gouvernement de Madrid et lui seul qui porte la responsabilité de la crise migratoire. De surcroît Brahim Ghali, chef de la fantoche République sahraoui qui n'est reconnue que par quelques Etats Voyous (Iran, Corée du nord, Venezuela...), n'est pas seulement un triste vestige du communisme international qui rêvait naguère de déstabiliser le Maroc, il n'est pas seulement entré en Espagne muni d'un faux passeport diplomatique algérien, sous la fausse identité de Mohamed Benbatouche, c'est aussi un tortionnaire poursuivi par plusieurs associations espagnoles de droits de l'Homme pour des viols abjects, des assassinats, des enlèvements collectifs et des disparitions en mer de pêcheurs espagnols ». Et de poursuivre : « A la demande des avocats des victimes, la justice espagnole vient de rouvrir un dossier contre Ghali pour 'crimes contre l'humanité'. D'ailleurs, selon le quotidien El Pais, Brahim Ghali est convoqué le 1er juin prochain devant un juge pour être entendu sur ses nombreux méfaits criminels ». Dans ce sens, il se remémore certains faits : « Le journal El Pais titrait, le 11 mai 2021, que l'accueil de Ghali en Espagne est 'une faveur à l'Algérie qui empoisonne les relations avec le Maroc'. Et pour le Maroc, l'affaire Ghali constitue 'un test sur la fiabilité et la sincérité de la relation' entre Rabat et son voisin espagnol. Sur ce point, il faut rappeler que le Maroc a refusé d'accueillir des leaders séparatistes catalans en 2017 ; et l'on aurait pu penser que le régime espagnol ait la dignité de faire de même, surtout quand il s'agit d'un assassin ! ». Et d'en conclure : « Il est manifeste que le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez n'a pas mesuré les conséquences de sa décision hostile envers le Maroc, un Etat ami et qui est primordial pour la coopération sécuritaire, économique, commerciale, sociale et culturelle ». Une seule solution subsiste : punir ou extrader Brahim Ghali « Dans ces conditions, le Royaume du Maroc est bien-fondé de condamner le faux pas d'un régime espagnol privilégiant l'idéologie sur la raison, comme le font trop souvent les gens de gauche et d'extrême-gauche d'ailleurs. En tout cas, comme le note l'avocat et professeur de droit international Jean-Yves de Cara, Brahim Ghali ne saurait quitter le territoire espagnol sans répondre des crimes dont il est accusé », argue le DG de l'Observatoire, ajoutant que cet avocat est clair : « Brahim Ghali ne saurait se prévaloir de l'immunité diplomatique accordée frauduleusement par l'Algérie sous une fausse identité. Sous l'angle diplomatique, en cas de réclamation internationale, l'Espagne ne peut exciper d'une telle immunité ni de sa qualité de chef d'Etat de la prétendue RASD qu'elle n'a pas reconnue (pas plus que la plupart des puissances) et qui ne possède pas l'effectivité d'un Etat. Sous l'angle judiciaire, il incombe à la justice espagnole de s'exercer : elle dispose de la compétence juridictionnelle à cet égard, en raison de la présence de l'auteur des actes et de certaines victimes sur le territoire espagnol, aussi bien qu'en raison du caractère international des crimes en cause ». Estimant qu'il n'existe donc qu'une solution, celle de punir ou d'extrader Brahim Ghali, Charles Saint-Prot rappelle que la plupart des gouvernements étrangers connaissent la capacité du Maroc en matière d'enquêtes et d'informations et son efficacité dans les opérations anti-terroristes, reconnues par de nombreux Etats, y compris les Etats-Unis, la France et l'Allemagne. « Cette dernière, approchée pour prendre en charge l'intéressé, n'avait d'ailleurs pas donné suite. Tout récemment, le 28 avril 2021, le parlement européen a souligné le caractère stratégique des relations entre le Maroc et l'Union européenne et a recommandé « davantage de soutien » au Royaume chérifien », soutient-il. In fine, le directeur général de l'OEG conclut : « Selon les Marocains, pour qui le Sahara marocain est l'équivalent de l'Alsace-Lorraine, l'Espagne ne peut pas ignorer que le Maroc, vieille nation de près de treize siècles, ne laisse personne porter atteinte à sa souveraineté. Il doit être clair pour l'ensemble de la communauté internationale que si le Makhzen veille à l'entente antiterroriste et sécuritaire avec les pays amis (il vient, par exemple, de donner une nouvelle preuve de son efficacité en évitant un bain de sang dans une église en France), il n'admet pas qu'on lui manque de respect ».