Les condamnations internationales des violences entre les forces de l'ordre israéliens et les civils palestiniens se sont multipliées ces derniers jours. Mercredi, l'Union européenne a appelé à « l'arrêt immédiat » des violences tandis que les Etats-Unis ont envoyé un émissaire au Proche-Orient pour tenter la médiation. Mais ces condamnations ne déterminent pas les responsabilités des parties, entre oppresseur et victime. Alors que depuis une semaine le chaos règne, les Palestiniens se font massacrer par les forces de l'ordre israéliennes, et se sont retrouvés empêchés de prier et se réunir sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'Islam, pour le dernier vendredi du mois de Ramadan, les condamnations internationales n'ont pas visé explicitement les violations israéliennes. Dans leurs communications, l'Union européenne et la partie américaine et britannique, qui ont été les premiers à réagir à la montée des violences, se sont focalisés uniquement sur les violations du Hamas palestinien en oubliant les raids aériens de l'armée israélienne et sans déterminer les responsabilités dans ce conflit. Les voix internationales ont jugé qu'Israël avait le droit de se défendre et protéger sa population face à l'envoi des roquettes depuis la bande de Gaza, mais n'ont pas jugé utile de dire un mot en faveur des Palestiniens qui subissent depuis une semaine des humiliations et des pertes humaines, à l'origine de l'envoi des roquettes. Le 10 mai, quelque 520 Palestiniens ont été blessés dans les heurts avec la police israélienne sur l'esplanade des Moquées après que les forces de police israéliennes ont lancé des grenades assourdissantes au sein de la mosquée pendant la prière, déclenchant un incendie. Ce soir là, seulement 32 policiers israéliens ont été blessés dans leurs heurts, notamment dans le jet de projectiles, tandis qu'eux usaient de bombes lacrymogènes, jets d'eau putride et de balles en caoutchouc et de grenades assourdissantes. Mercredi, et alors que Washington avait condamné avec la plus « grande fermeté » les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza sans dire un mot pour les Palestiniens, la diplomatie américaine a équilibré ses propos en estimant que « les Palestiniens ont le droit à la sécurité ». « Je pense qu'Israël a un devoir supplémentaire d'essayer de faire tout son possible pour éviter les victimes civiles, même s'ils ont le droit de défendre leur population », a déclaré Antony Blinken, soulignant que les images d'enfants palestiniens morts étaient « déchirantes » et que « tout décès de civils » était « une tragédie ». Les Etats-Unis ont en outre décidé d'envoyer un émissaire spécial pour tenter de faire raisonner les deux parties afin d'abandonner les armes et que les violences cessent. Washington a appelé mercredi à la désescalade » et l'Etat hébreu à « éviter les victimes civiles ». De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a estimé que « le lancement aveugle de roquettes par le Hamas et d'autres groupes en direction des civils israéliens est inacceptable », en reconnaissant « le besoin légitime d'Israël de protéger sa population civile », et affirmant que « la réponse doit être proportionnée et faire l'objet d'une retenue maximale ». Le chef de la diplomatie européenne n'a pas mentionné les souffrances endurées par les Palestiniens, surtout ces derniers jours, et n'a pas non plus mentionné que la majorité des blessés et pertes civiles ont été enregistrées chez les Palestiniens. En effet, plus de 900 Palestiniens ont été blessés dans des heurts à Jérusalem-Est depuis le début des heurts. Au moins 56 morts ont été enregistrés côté Palestiniens dans les frappes aériennes israéliennes, parmi eux figurent 14 enfants, tandis que 6 personnes tuées font le bilan côté israélien. « L'UE est consternée par le grand nombre de morts et de blessés parmi les civils, y compris des enfants », a déclaré le chef de la diplomatie européenne, sans déterminer la nationalité des morts, laissant croire que ce sont des victimes israéliennes. « La priorité doit être de protéger les civils. Tous les efforts doivent viser à éviter les pertes civiles et à favoriser la désescalade », a-t-il ajouté. Les violences entre la partie israélienne et palestinienne ont commencé depuis que la justice israélienne a donné raison à des colons juifs pour prendre possession des maisons et logements de Palestiniens dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem Es, partie palestinienne de la ville sainte occupée. Le 6 mai, Paris, Berlin, Londres, Rome et Madrid avaient demandé à Israël de mettre fin « à sa politique d'extension des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés » et de cesser les expulsions à Jérusalem-Est, alors que ce projet d'expropriations et d'expulsions vise à faire quitter les Palestiniens définitivement de Jérusalem. Le lendemain, les Nations unies avaient exhorté Israël à mettre fin à toute expulsion forcée de Palestiniens et aux démolitions, en avertissant que ces actions pourraient constituer des « crimes de guerre ».