Coinbase, la plateforme de crypto-monnaies qui revendique 56 millions d'utilisateurs dans le monde, a fait, mercredi dernier, une entrée fracassante sur le marché du Nasdaq avec une hausse de 31% lors de la première séance et une valorisation globale proche de 100 milliards de dollars. Analyse des conséquences et risques éventuels. «La cotation réussie de la plateforme de crypto-monnaies Coinbase a constitué une nouvelle victoire pour le Bitcoin. Ce dernier affiche désormais un cours de 63.500 dollars, en hausse de 816% sur un an glissant (+117% en 2021)», confie Farid Mezouar, le directeur exécutif de FL Markets à Hespress Fr, notant qu'en effet, Coinbase a fait une entrée haut la main sur le marché du Nasdaq avec une hausse de 31% lors de sa toute première séance et une valorisation globale proche de 100 milliards de dollars. Et de rappeler que Coinbase revendique 56 millions d'utilisateurs dans le monde et un actif estimé à 223 milliards de dollars sur sa plateforme, ce qui représente 11,3% de la part de marché des actifs cryptographiques. Pour sa part, un économiste sous couvert d'anonymat tient également à mettre en exergue que la valorisation de Coinbase serait de 99,95 milliards de dollars et que sa capitalisation boursière serait de 75,9 milliards contre une valeur qui était de 8 milliards de dollars en 2018 sur le même marché privé du Nasdaq. Selon cet expert, la société Coinbase traiterait par jour dans les 2,58 milliards de dollars en devises virtuelles et propose 58 crypto-monnaies différentes, dont le Bitcoin. Risque VS succès Tout en signalant que la capitalisation boursière du marché des devises virtuelles vient de dépasser 2.000 milliards de dollars, notre source appelle tout de même à la vigilance quant à l'investissement dans Coinbase qui demeure assez risqué, comme tout investissement dans les crypto-monnaies d'ailleurs. «En parlant de Bitcoin, ce phénomène mêle des éléments fondamentaux avec de la spéculation intense. Les éléments fondamentaux sont liés à la peur de l'inflation vu la politique ultra-accommodante des banques centrales. Aussi, l'acceptation du Bitcoin par PayPal et son indépendance des banques centrales, ont séduit certains investisseurs», nous déclare Mezouar, rappelant dans ce sillage que le Bitcoin tire sa force du fait qu'il utilise la technologie Blockchain et qu'il en est la première application concrète. «Cette technologie est révolutionnaire dans le sens qu'elle ne peut être réduite à un simple protocole de paiement ou d'authentification mais qu'elle est une véritable innovation de rupture», précise-t-il avant d'ajouter : «Par ailleurs, la progression du Bitcoin est surtout auto-corrélée car sa forte hausse corrobore les prévisions les plus fantaisistes comme celle du pionnier de la cybersécurité, John McAfee qui avait carrément parié en 2017 sur un Bitcoin à 500.000 $. De même, la crypto-monnaie a bénéficié de la prévision auto-réalisatrice d'Elon Musk qui a annoncé un investissement de 1,5 milliard de dollars dans le Bitcoin par Tesla qui se prépare à accepter la crypto-monnaie comme moyen de paiement pour ses voitures électriques». Prudence est mère de sûreté Pour Farid Mezouar, au Maroc, la question semble avoir été tranchée en 2017 quand le communiqué tripartite du ministère de l'Economie et des Finances, de BAM et de l'AMMC, avait mis en garde le public quant à l'utilisation du Bitcoin comme mode de paiement pour l'achat de produits et services. «Toutefois, l'alternative au Bitcoin semble faire l'objet d'une réflexion avec la piste de la monnaie digitale de banque centrale. En particulier, d'autres banques centrales dans le monde travaillent sur le sujet comme la banque centrale de Suède qui développe un projet de e-couronne», suppose-t-il. Lui emboîtant le pas, un spécialiste dans l'application de la technologie de la blockchain nous renseigne, de son côté, sur beaucoup de pays qui misent sur le développement de la monnaie numérique de banque centrale, ce qu'on appelle la CBDC (Central Bank Digital Currency). «On a l'impression que le monde est en train de se diriger vers un système technologique où les banques centrales vont pouvoir complètement 'by-passer' le système bancaire. En décodé, elles vont pouvoir quasiment interagir directement avec le citoyen, lui envoyer directement de l'argent sur son portable et lui permettre d'utiliser cet argent», dit-il. Et de relever : «Rappelons que la douane a sorti un communiqué interdisant le matériel de mining…Très franchement j'ai trouvé cela dommage. L'on devrait plutôt à l'instar d'autres pays penser à mettre en place des cadres réglementaires ou législatifs cantonnés. Ce qu'on appelle des sandbox legislation. En d'autres termes, on autorise certaines activités dans un périmètre restreint justement pour faire l'expérience et après on décide». Joint par Hespress Fr, un responsable à BAM nous a affirmé que le crypto actif ne répond pas à la définition du moyen de paiement tel qu'il est défini par la loi bancaire. «Donc il ne peut être assimilé à un moyen de paiement et bien sûr ni être couvert par les garanties offertes par BAM. Le crypto actif peut présenter ainsi un certain nombre de risques, dont la volatilité car il a atteint un niveau bas et que des gens ont perdu toutes leurs économies. Aussi, le Bitcoin peut être en infraction avec la réglementation car n'oublions pas c'est un outil utilisé également pour le blanchiment de capitaux…», a-t-il conclu.