L'entreprise nationale algérienne du fer et de l'acier (Feraal) a conclu mardi un protocole d'accord avec un consortium chinois pour l'exploitation de la mine de fer de Gara Djebilet ou Ghar Jebilet, dans la province de Tindouf. Le consortium est composé de China International Water & Electric Corp, Heyday Solar et la société sidérurgique Metallurgical Corp Of China. « Le coût de cet investissement n'a pas été fixé à ce jour et ne devrait pas dépasser les 2 milliards de dollars selon les estimations préliminaires », a indiqué à la presse le ministre algérien de l'Energie, Mohamed Arkab. « Le lancement de l'exploitation de la mine prévu en trois étapes, jusqu'à 2025, qui verra la première production de fer au niveau de la zone exploitée ». Pour Rabat c'est un coup de poignard dans le dos, de plus, de la part des autorités algériennes qui occultent le traité des frontières impliquant à travers la création d'une société mixte, l'exploitation de la mine de fer commune en question, signée entre Hassan II et le Colonel Boumediene en 1972 lors du sommet de l'OUA à Rabat. La convention signée par les deux hommes devaient mettre fin à des tiraillements dans cette région entre les deux parties prenantes de cette exploitation. Des tiraillements causés par le fait que Houari Boumediene avait décrété la nationalisation des gisements de zinc et de plomb limitrophes aux frontières marocaines, d'où des intrusions d'intimidations de militaires algériens en territoire marocain. Si le Maroc l'avait accueillie favorablement, ce ne fut pas le cas du régime algérien qui n'a pas accepté le partage et l'exploitation mixte, jamais n'eut lieu. Avec le temps et la question du Sahara, la convention a été mise aux oubliettes. Un demi-siècle plus tard, l'Algérie l'a pourtant brandie et ce coup-ci, c'est pour justifier l'expulsion des cultivateurs de dattes de l'oasis d'El Arja (Figuig). Malheureusement, pour l'entreprise chinoise en charge du gisement en fer de Ghar Jebilet, elle ne pourra pas l'exploiter à bon escient. En effet, le minerai d'une teneur en phosphore trop élevée ne saurait être exploité qu'après avoir été déphosphoré ce qui ajouterait aux coûts et donc remet en cause la rentabilité. L'objectif pour apaiser le climat social à l'interne en Algérie, de construire un « complexe » industriel pour la production de 12 millions de tonnes de fer par an pourrait donc en pâtir. A titre de rappel l'annonce de la conclusion par l'Algérie d'une convention pour l'exploitation de ce gisement n'est pas la première du genre. De précédents accords et tentatives de lancer le projet avaient échoué auparavant. Ci-dessous quelques bribres d'articles à ce sujet,du journal français, Le Monde le 11 mai 1966 Mission à Alger du directeur du cabinet royal chérifien Par LOUIS GRAVIER La mission de M. Taïbi Benhima, directeur du cabinet royal, arrivé à Alger mardi soir porteur d'un message de Hassan II au colonel Boumediene, a été provoquée par la nationalisation des mines en Algérie. C'est après un conseil des ministres tenu mardi à Ouarzazate, dans le Sud marocain, où le souverain effectue un voyage officiel, que l'envoyé du roi est parti pour Alger. Pas plus que les dirigeants des sociétés minières, les responsables marocains n'auraient été préalablement informés des intentions algériennes. Leur réaction paraît être motivée surtout par la mainmise de l'Etat voisin sur la mine de fer de Gara-Djebilet. Située dans le bassin de Tindouf, elle fait partie d'une des zones du Sahara occidental dont le Maroc revendique la souveraineté. Ainsi réapparaît le problème des frontières algéro-marocaines, resté sans solution malgré la procédure toujours pendante engagée dans le cadre de l'O.U.A. D'autre part, sans relever du contentieux territorial, la nationalisation des mines de plomb et de zinc le long de la frontière algéro-marocaine, à la limite orientale du Maroc, pose apparemment certains problèmes d'indemnisation au moins pour les prestations de services, car l'exploitation est liée à l'utilisation d'installations en territoire marocain – telle la laverie des mines de Zellidja, dans laquelle l'Etat marocain, représenté par l'Office chérifien des phosphates, a de larges intérêts ; le minerai traité est ensuite acheminé sur le port algérien de Nemours. Ou encore le 24 janvier 1967 toujours du même auteur Le Maroc accuse l'Algérie de violer son territoire près de Colomb-Béchar Mais entre Rabat et Alger le problème est plus difficile à résoudre, en raison de l'ampleur des revendications marocaines, notamment sur le bassin de Tindouf et le gisement de minerai de fer de Gara-Djebilet, dont la nationalisation, l'année dernière, par le colonel Boumediene, provoqua une tension entre Rabat et Alger (qui, voici deux mois, a confié l'étude des possibilités d'exploitation à des experts tchécoslovaques).