L'Institut Marocain d'Intelligence Stratégique (IMIS) a publié un policy paper consacré à l'analyse des perspectives d'évolution de la dynamique d'internationalisation de l'économie marocaine post-pandémie. Elaborée par Hafsa El Bekri, chercheure en économie internationale, cette contribution s'attache à étudier d'une part le positionnement du Maroc dans les chaînes de valeurs mondiales (CVM) et propose d'autre part un tour d'horizon de l'orientation des relations économiques du Royaume sur les deux prochaines décennies. Ainsi, l'analyse dont Hespress Fr détient une copie, fait remarquer que compte tenu de la situation pandémique, le Maroc est appelé à repenser son positionnement sur l'échiquier économique mondial en étudiant son degré de dépendance à l'égard de ses partenaires et en analysant sa capacité à tirer parti d'un éventuel mouvement de relocalisations des chaînes de valeur mondiales. L'analyse appréhende l'articulation qui existe entre deux hypothèses à savoir les continuités et les ruptures de la dynamique de l'internationalisation de l'économie marocaine dans le monde post-corona. Plusieurs questions se posent à ce propos Dans ce rapport de l'IMIS notamment quel positionnement pour le Maroc dans les CVM dans le monde post-corona ? Le type d'orientation des relations économiques marocaines avec l'extérieur, actuellement privilégié, réduira-t-il ou accentuera-t-il le processus d'intégration du Maroc dans l'économie mondiale ou encore si l'ambition du Maroc d'émerger en tant que pôle régional africain est-elle toujours soutenable. Comme nul ne peut prédire avec clarté et certitude les évolutions futures de l'économie mondiale, l'analyse indique que la réflexion a été orientée dans deux directions à savoir la mise en exergue du positionnement du Maroc dans les CVM et la nouvelle orientation des relations économiques du Royaume. Accélérateur du processus de recomposition des CVM ? Selon l'analyse de l'IMIS le mouvement de recomposition peut prendre la forme de relocalisations dans une double direction. Une relocalisations régionales afin de raccourcir les circuits d'approvisionnement et des mouvements de rapatriement ou de repli national afin de garantir la reconquête de la souveraineté nationale des Etats dans certains secteurs stratégiques. La troisième orientation envisageable, poursuit l'analyse, est celle de la continuité. "C'est-à-dire continuer dans l'ancienne configuration de décomposition internationale de la production dans certains secteurs qui ne connaîtront aucun changement" peut-lire. Avant de présenter le positionnement du Maroc dans les CVM, l'analyse souligne qu'il convient de déterminer les secteurs les plus exposés au risque. "Selon la CNUCED, les secteurs les plus touchés sont l'automobile, les équipements de communication, les instruments de précision, la machinerie ainsi que les secteurs manufacturiers à matières souples, dont les activités d'assemblage qui ne sont pas robotisables (textile, habillement, cuir, chaussures…)" avance l'analyse. Toujours selon la même source, les industries à forte main-d'œuvre sont les plus impactées par la politique de confinement, en raison de la baisse de l'activité de production et de la lenteur de la reprise du travail. Dans les activités de services destinées aussi bien aux entreprises qu'aux ménages, des délocalisations massives sont prévues. Afin de repérer le nouveau positionnement du Maroc dans les CVM, il importe d'abord de déterminer les principaux secteurs industriels au Maroc qui sont l'automobile, l'aéronautique, pharmaceutique, métallurgie et mécanique ou encore le secteur des matériaux de construction avance l'analyse. Dans un scénario de continuité, la même source indique que le Maroc peut continuer sur sa lancée en capitalisant sur son plan d'accélération industrielle PAI. Les secteurs les plus concernés par un tel scénario sont l'automobile, l'aéronautique et les services. Comment ? L'analyse estime que la montée de la chaîne de valeur à travers la maîtrise des chaînons manquants, la numérisation des processus de production et le déploiement d'écosystèmes, source d'externalités technologiques et de formation constituent les défis majeurs dans les deux secteurs automobile et aéronautique. Elle avance que depuis la dernière décennie, le secteur automobile connaît une croissance annuelle à deux chiffres. En 2018, le secteur automobile était le premier pourvoyeur de devises au Maroc (6.5 milliards d'euros de recettes). Huit écosystème ont ainsi été mis en place dans le secteur de l'automobile. Il y a le cake automobile, l'intérieur véhicule et sièges, métal/emboutissage, batteries automobiles ou encore l'écosystème Renault. La mise en place de ces écosystèmes a permis une croissance remarquable du taux d'intégration de cette industrie souligne l'analyse, qui indique que le taux d'intégration locale 4 des véhicules Renault a atteint 50% en 2019 et les premiers véhicules produits par le groupe PSA ont atteint un taux d'intégration locale de 60%. La présence de fournisseurs et de sous-traitants solidifie les industries de soutien dans le cluster automobile, estime l'analyse. Néanmoins, le Maroc ambitionne de faire mieux afin de maîtriser les segments manquants du cluster et tirer profit des retombées de et vers les clusters connexes (métallurgie, aéronautique…).