Presque la moitié des jeunes des pays du Maghreb et du Moyen-Orient souhaitent quitter leurs pays vers d'autres cieux révèle une enquête menée par l'agence en relations publiques Asdaa-BCW, basée à Dubaï (Emirats arabes unis) publié dans son rapport 2020 sur les jeunes du monde arabe, le Arab Youth Survey. Chaque année, le Arab Youth Survey tente d'évaluer les opinions de 200 millions de jeunes ((18 à 24 ans) à travers le monde arabe vivant dans 17 Etats arabes. Selon cette étude, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie font partie des pays les plus concernés par ce phénomène. L'enquête indique, en effet, qu'ils représentent un taux important de demandeurs d'asile. Pour ces pays, les sondages ont été menés pour le Maroc, à Rabat, Casablanca, Fès, et Marrakech, à Alger, Oran et Constantine pour l'Algérie et Tunis, Sfax et Sousse pour la Tunisie tandis que pour la Libye, les études ont été menées à Tripoli, Misrata et Benghazi, la Mauritanie étant absente de l'enquête. L'étude souligne en outre que l'immigration, les manifestations et la corruption sont au premier plan des préoccupations des jeunes, le rapport faisant référence à d'autres sujets aussi variés que l'identité, les questions de genre ou la politique internationale, les conditions socio-économiques sont les raisons principales qui poussent les jeunes de ces pays du tiers-monde à vouloir émigrer dont, le chômage, qui touche un jeune sur trois. Pour l'agence Asdaa-BCW qui a mené son enquête auprès d'un panel de 4 000 jeunes, c'est le Liban qui est le pays le plus touché par cette fuite. 77% des jeunes libanais veulent émigrer. La Libye, le Yémen, l'Irak et les territoires palestiniens ne sont pas en reste, 60% de jeunes envisagent le départ. Les destinations favorites offrant le plus d'opportunités de travail étant respectivement, les Emirats arabes unis, les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l'Allemagne. Il y a lieu de souligner que la France ne figure plus parmi les pays qui font rêver la classe juvénile des pays de l'Afrique et du Moyen-Orient. Il faut dire cependant que pour les Algériens, les Tunisiens et les Marocains, la France demeure la destination la plus prisée par les candidats à l'immigration. L'enquête a révélé que la jeunesse arabe soutenait avec enthousiasme les manifestations anti-gouvernementales. Au Maroc, 46% des jeunes envisageraient de partir pour chercher leur avenir ailleurs. De plus, 28% des jeunes Marocains ont déclaré qu'ils pensaient que le Maroc pourrait également voir d'importantes manifestations antigouvernementales l'année prochaine face aux difficultés économiques causées par la pandémie COVID-19. La corruption et la mauvaise gouvernance sont les moteurs du désir d'émigrer et la principale raison des manifestations. L'enquête rapporte que les jeunes du monde arabe considèrent que la lutte contre la corruption doit-être la priorité absolue des gouvernements. Plus de 77% des jeunes Arabes dénoncent la corruption gouvernementale dans leur pays, notamment en Irak, Libye, Tunisie et Yémen. Plus de 87% des jeunes interrogés se déclarent préoccupés par le chômage. Seuls 17% des jeunes marocains sont endettés, tandis qu'en Syrie et en Jordanie, plus de 70% des jeunes le sont. Deux jeunes sur cinq au Maghreb envisagent de créer une entreprise au lieu de trouver un emploi traditionnel. Les jeunes arabes considèrent la religion comme un élément clé de leur identité, en particulier en Afrique du Nord. Le Yémen et les Emirats arabes unis montrent le moins de lien avec la religion, avec moins de 10% déclarant que c'est un facteur important de leur identité. Au Maroc, 62% des jeunes ont déclaré que la religion est le facteur le plus important de leur identité personnelle par opposition aux liens familiaux ou à la nationalité. Le même pourcentage dit que les femmes au Maroc ont les mêmes droits que les hommes. En ce qui concerne les droits de genre, l'enquête montre que 64% des jeunes femmes arabes interrogées déclarent avoir les mêmes droits que les hommes dans leur pays. Cependant, la pandémie de COVID-19 semble avoir poussé les femmes à remplir davantage un rôle traditionnel à la maison. La migration devenant de plus en plus difficile, l'enquête montre que les gouvernements devraient donner la priorité à l'emploi, à l'éducation et à la lutte contre la corruption afin d'empêcher leurs jeunes compétences de partir pour des pâturages perçus plus verts à l'étranger.