L'ONG Oxfam a dénoncé le nouveau Pacte sur l'asile et la migration présenté mercredi par la Commission européenne. Ce plan va reproduire « la situation abominable à laquelle nous assistons depuis des années » dénonce l'ONG. Alors que la Commission européenne vient d'annoncer un « mécanisme de solidarité obligatoire » entre tous les pays de l'UE pour faire face à l'afflux migratoire qui souvent ne touche que les pays de la méditerranée, et mis sur pied un plan pour le retour des migrants vers leur pays d'origine, l'ONG Oxfam a dénoncé ce plan qui, dit-elle, sert les intérêts des pays anti-immigration. L'Union européenne vise « une efficacité accrue dans les retours » des migrants illégaux vers leur pays d'origine, a indiqué en ce sens la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson qui était attendue pour présenter la réforme sur l'asile. « Nous devons nous concentrer davantage sur les retours (…) Il y a dans notre paquet aujourd'hui nombre d'initiatives pour atteindre une efficacité accrue dans les retours (…) Un point crucial est bien entendu d'avoir de bons accords de réadmission (de ces migrants) dans les pays tiers, et c'est ce qui sera une priorité« , a-t-elle insisté. Vers une reproduction du camp de Moria Mais pour Oxfam, toutes les propositions énoncées mercredi par la Commission sont contre-productives et vont reproduire le même modèle que le camp de Moria sur l'île grecque de Lesbos qui a pris feu il y a de cela 15 jours. Un camp où sont entassés des milliers de migrants, dans l'insalubrité totale, une sorte de prison à ciel ouvert. Ces propositions « vont probablement reproduire la situation abominable à laquelle nous assistons depuis des années dans les +hotspots+ de Grèce », des camps censés sélectionner les candidats qui bénéficieront de l'asile où « des familles entières se retrouvent de facto en détention », a écrit l'ONG. « Un élément clef du nouveau pacte vise à introduire aux frontières de l'UE des procédures expresses de demandes d'asile et de retour (des migrants refusés vers leur pays d'origines). Nous craignons que cela ne dilue leurs garanties juridiques et ne conduise à des détentions accrues« , a déclaré Maria Nyman, secrétaire générale de l'ONG Caritas Europ, qui partage le même avis qu'Oxfam. Ces nouvelles procédures « pourraient reproduire le modèle ayant abouti à Moria, avec des structures d'accueil surpeuplées et indignes », a ajouté Maria Nyman. Dans un communiqué faisant suite à l'annonce des nouvelles proposition pour l'accueil des demandeurs d'asile l'Oxfam a pointé du doigt la nécessite de réforme du système d'asile européen « afin de protéger les gens qui fuient les persécutions et le conflit dans le respect du droit international ». Des familles déchirées Saluant la volonté de Bruxelles de faire évoluer « de manière significative » les pays de l'Union pour plus de solidarité, l'ONG a estimé que « cependant, afin de parvenir à un consensus, la Commission a cédé à la pression des gouvernements européens dont le seul objectif est de faire baisser le nombre de bénéficiaires d'une protection internationale sur le continent« , en pointant du doigt un groupe de pays hostiles à l'accueil des migrants. Les ONG dénoncent le mécanisme d'aide aux demandeurs qui doit soit relocaliser dans d'autres pays d'Europe lorsque des pays comme la Grèce, l'Italie ou Malte sont « sous pression » soit les renvoyer dans leur pays d'origine présenté comme une « aide au retour ». Les critiques ont également concerné la priorité donnée aux enfants qui favorisent la dislocation de famille. « Sans système équitable répartissant les demandeurs d'asile à travers l'Europe en tenant compte de leurs liens familiaux et personnels, le nouveau Pacte est voué à l'échec », a mis en garde l'ONG Caritas Europ.