La rentrée scolaire est là, avec son lot de problèmes, d'interrogations et de craintes, liés au contexte sanitaire actuel. Présentiel ou à distance ? Reprise ou report ? Chacun y va de ses remarques et propositions, mais le challenge est d'assurer une rentrée sécurisée, et un apprentissage de qualité. La continuité s'impose en effet comme le véritable défi à relever en ce début d'année scolaire, au vu de la manière dont s'est achevée la précédente et les difficultés engendrées par l'introduction, de manière impromptue, de l'enseignement à distance. Des experts du Policy Center for the New South (PCNS) se sont justement penchés sur la question, en s'interrogeant dans quelle mesure les élèves ont acquis les connaissances et les compétences qui leur permettent de poursuivre normalement leur scolarité ? Ils ont de même analysé les possibilités de continuité scolaire, conformément aux objectifs pédagogiques arrêtés, tout en évitant aux élèves les obstacles qu'ils sont susceptibles de rencontrer aussi bien dans l'enseignement à distance, que celui en mode présentiel. Ainsi, pour Khalid Chegraoui, senior fellow au PCNS, il est nécessaire « de conférer à l'enseignement à distance un caractère proportionnellement institutionnalisé, en prévision des crises qui pourraient survenir à l'avenir ». Il a, à ce propos, appelé à «faire confiance aux enfants et aux jeunes marocains car ils sont familiers des nouvelles technologies », ce qui constitue, a-t-il dit, «une opportunité de développement et un tournant vers la modernisation du système éducatif avec la possibilité de réfléchir à des méthodes d'enseignement nouvelles et innovantes ». Abordant la question de la « rentrée à la carte », en ce sens que le choix est laissé aux parents entre le mode d'enseignement à distance ou présentiel, Khalid Chegraoui a appelé à éviter toute « auto-flagellation » et critique non constructive, car le Maroc fait face à une épidémie sans précédent. En effet, a-t-il expliqué, au cours de cette crise, le secteur de l'enseignement a dû faire face à plusieurs défis, notamment l'achèvement des cours à distance sans préparation préalable, ou encore l'administration des examens parallèlement à la préparation des scénarios de la nouvelle année scolaire. « Les décisions prises tiennent compte des moyens disponibles et des circonstances exceptionnelles actuelles et se distinguent par leur flexibilité tant au niveau des propositions formulées que des modalités de mise en œuvre », a-t-il avancé. Selon l'universitaire, « il est difficile de procéder à une évaluation qualitative de l'expérience de l'enseignement à distance, étant donné il s'agit d'une nouvelle expérience en matière pédagogique. Et si ce mode (à distance) est plus aisé aux niveaux supérieurs, ceux primaires nécessitent davantage de moyens matériels ». Par contre, a-t-il relevé, la problématique est plus complexe pour les populations rurales, confrontées en particulier à la difficulté d'accès aux moyens technologiques. Il a en ce sens estimé que «le défi est très grand, vu que les mécanismes pouvant être adoptés au niveau de l'enseignement à distance ne sont pas faciles à déployer sur le terrain ». Pour sa part, Pr. Abdallah Saaf, chercheur senior au PCNS, a affirmé que la méthodologie suivie par le ministère en charge de l'enseignement «s'adapte aux évolutions en cours ». «La proposition de combiner le mode d'enseignement à distance et le mode présentiel demeure sujette à des amendements possibles et exige la participation de tous les acteurs concernés », a-t-il indiqué. En outre, a-t-il relevé, « il est impératif de développer des programmes de soutien appropriés au profit des élèves et des étudiants en tenant compte du contexte numérique actuel afin d'améliorer les moyens et les ressources d'enseignement et d'éducation disponibles ». De manière plus générale, Pr Saaf voit en la crise liée à la pandémie du coronavirus, «une occasion pour œuvrer à l'amélioration du système éducatif marocain et à sa mise à niveau afin d'être en mesure de faire face aux défis actuels ». Il a, pour ce faire, invité toutes les parties prenantes «à agir de façon concrète en vue de combler les lacunes, à identifier et élargir les compétences dans ce domaine».