La Botola marocaine est de plus en plus touchée par la pandémie du Covid-19. Avec la hausse des cas positifs observés ces dernières semaines au Maroc, plusieurs foyers au sein des clubs sont apparus en pleine reprise du championnat. La décision de la reprise de la Botola avait divisé avant l'annonce de l'allègement des mesures de confinement, entre des supporters impatients de voir leurs clubs jouer et ceux qui s'inquiéter suite à la situation épidémiologique dans le pays. Cependant, le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports Otman Al Firdaous, a tranché sur la question et a annoncé que la Botola reprendrait au coeur de l'été, et plus exactement le 25 juillet. Les clubs ont donc entamé leurs entrainements et le championnat a démarré mais … sous conditions. En effet, le président de la Fédération Royale de Football (FRMF), avait expliqué avant le début de la Botola lors de la réunion du comité directeur avec les clubs du championnat Pro D1 et D2, les ligues régionales ainsi que les Ligues Nationales du Football Amateur, Football Féminin et Football Diversifié, qu'il y aura un protocole à suivre lors des entraînements. Ainsi, les seéances se feront individuellement dans un premier temps, lors de la première phase qui durera 10 jours, puis en groupe de 5 avec un maximum de 10 joueurs sur le terrain. La deuxième phase, elle, consistera en des séances d'entraînement collectif pour le reste du délai de préparation, soit 20 jours. Deux questions se posent aujourd'hui, surtout avec la confirmation de plusieurs cas Covid-19 au sein des clubs de la Botola, notamment 2 cas positifs au Moghreb de Tétouan (MAT), 4 cas au Chabab de Mohammedia, une vingtaine de membres de l'Ittihad de Tanger TAS ainsi que 5 nouveaux cas au WAC, la Botola. La décision de maintenir l'organisation de la Botola en plein pic épidémiologique au Royaume, était-elle « sage » et qui est responsable de cette situation ? Joint par Hespress Fr, Moncef El Yazghi, spécialiste des politiques publiques et des lois du sport, a tenu à rappeler tout d'abord le protocole sanitaire mis en place par la Fédération Royale de Football (FRMF) pour la reprise de la Botola et qui signifie également qu'il y a de forte chance que des cas soient enregistrés. « C'est automatique » dit-il. Ainsi, le spécialiste explique dans un premier temps que, « des pays comme l'Allemagne, l'Italie ou encore la Grande-Bretagne qui avaient probablement le double des cas enregistrés actuellement au Maroc, ont organisé tout de même leurs championnat et les cas enregistrés parmi les joueurs étaient très faibles« . Dans ce sens, il se pose deux questions. La première est comment le Maroc, qui n'était pas encore arrivé au stade des pays cités en ce qui concerne la situation épidémiologique au début de la Botola Pro, a enregistré ce nombre non négligeable de cas. La seconde question de Moncef El Yazghi est de savoir si le protocole sanitaire mis en place par la FRMF est efficace, ou bien si les clubs n'ont pas respecter le protocole ? L'expert des politiques et des lois du sport essaie de répondre à ses deux questions, en indiquant qu'un paragraphe l'avait soulevé dans le protocole de la FRMF, et qui mentionne qu'il y aura un superviseur dans chaque équipe. Sa fonction, explique-t-il, consistera au contrôle du respect du protocole par les clubs et l'élaboration de rapports dans ce sens. « La question aujourd'hui, c'est de savoir si ce contrôleur a fait son travail ou pas. Pourquoi ? Parce qu'il ne suffit pas que les membres des équipes et les joueurs fassent les tests, mais il faut un suivi derrière aussi. Il ne suffit pas qu'un membre de l'équipe fasse le test, qui s'avère négatif, mais ne respecte pas à côté les mesures sanitaires en dehors du club, notamment quand il est entre amis ou en famille » explique-t-il. Pour le spécialiste, ce dernier point « nous ramène vers une autre problématique qui veut que nos joueurs ne soient pas professionnels dans leur comportement journalier ». En mettant les joueurs des clubs devant leur responsabilité quant à cette situation, le spécialiste évoque « des joueurs, qui lors du confinement ne faisaient que manger et passer des nuits blanches« . Selon El Yazghi, il s'agit d'une catégorie de joueurs « qui ne sont pas arrivé à un stade professionnel, intellectuels et psychiques, pour qu'ils respectent par eux-même ce protocole« . Cas confirmés Covid-19 au sein de clubs de la Botola, Moncef El Yazghi estime que » plusieurs parties sont concernées« . Ils pensent également que si la FRMF veut être honnête dans ce sens, « qu'elle partage les rapports faits par ses contrôleurs au sein des équipes. Si les rapports montrent qu'un club n'a pas respecté le protocole et les mesures sanitaires, il faudra dévoiler son nom et la sanction qu'il aura. Mais il n'est pas question de saboter tout un projet qui est la Botola Pro, à cause de l'indiscipline de certains » a-t-il dit. En revanche, il y a un autre « point » qu'il faudra incidemment traité et qui est « l'opinion publique » avance le spécialiste. Comment ? El Yazghi explique avant tout que « chaque décision ou mesure que prendra prochainement la FRFM prochainement, sera critiqué par une partie qui va la considérer comme une mesure contre les intérêts de son club ». Après, « si la Botola est interrompue à cause de la situation épidémiologique, le Raja de Casablanca (RAC) devra automatiquement prendre le titre » tranche le spécialiste. Mais il explique que « le WAC, à titre d'exemple, notamment ses supporters, se manifestera en disant pourquoi avoir arrêté la Botola, qu'il faut la maintenir, et qu'il s'agit certainement d'un complot pour priver son club du titre« . Il considère que « chaque partie personnifie le sujet » soulignant que dans telle situation « le Covid-19 et la pandémie deviennent une chose secondaire pour cette catégorie« . En guise de conclusion, le spécialiste nous livre ainsi sa vision des choses. Selon lui, et dans un premier temps, « la FRFM doit imposer son statut sur les équipes. Elle ne doit pas se soumettre aux équipes et aux caprices de ses supporters. Il faut que la décision lui revienne à elle seule au final. Qu'elle prend le temps de s'informer sur la situation, compter le nombre de cas au sein des clubs, lire les rapports, et trancher« . Il conclut ainsi que » la Botola Pro ne doit pas être arrêtée. Parce que dans le cas contraire, il y aura énormément de critiques et de déformations et tout autres types de problématiques dont la Botola peut s'en passer pour le moment ».