Après des mois de flou et d'opacité autour de la situation sanitaire dans les camps de Tindouf, le front du polisario a fini par reconnaître l'enregistrement de 4 cas d'infection. « Après beaucoup d'efforts et de mesures préventives pour protéger notre peuple, aujourd'hui nous devons malheureusement annoncer les 4 premiers cas de Covid-19 dans les camps », a officiellement déclaré le front séparatiste. Des médias pro-polisario ont précisé qu'il s'agit de « deux cas asymptomatiques, un avec des symptômes bénins ainsi qu'un autre critique ». « Notre situation de vulnérabilité nous oblige à redoubler d'efforts« , a ajouté le front séparatiste, ressortant, encore une fois, la carte de la vulnérabilité et des besoins d'aide. En effet, sur fonds de crise sanitaire liée à la pandémie du coronavirus, l'Algérie, et son acolyte, ont multiplié les appels à l'aide humanitaire au profit des populations installées dans les camps, en territoire algérien. Cette attitude a suscité moult questionnements quant à la capacité d'Alger d'armer les séparatistes, et son incapacité, dans le même temps, de les nourrir. Dans ce sens, un mécanisme de saisine officielle du Parlement européen a été déclenché début juillet par des eurodéputés concernant le détournement de l'aide humanitaire destinée aux populations séquestrées à Tindouf, pour dénoncer la « poursuite de cette fraude » et demander « un audit de l'aide européenne détournée ». Le texte évoque notamment les termes du rapport rendu en 2015 par l'Office européen de lutte antifraude (OLAF), qui avait livré un constat « de détournements de l'aide humanitaire octroyée par l'Union européenne au polisario, notamment pour les besoins d'achat d'armements, ladite aide s'élevant à 105 millions d'euros entre 1994 et 2004′′. « L'Algérie aurait prélevé une taxe de 5 % sur cette aide et aurait refusé des demandes de recensement des réfugiés formulées par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en 1977, 2003, 2005 et 2015′′, souligne encore la résolution citant le même rapport. En établissant ces faits, le texte des eurodéputés demande à l'UE « d'œuvrer conjointement avec l'ONU pour superviser un recensement des réfugiés des camps de Tindouf en collaboration avec les autorités compétentes en Algérie», mais également un audit de l'utilisation de l'aide humanitaire européenne par le polisario depuis 2015. Pour rappel, après la révélation par le rapport de l'Office européen de lutte anti-fraude (OLAF) du détournement de l'aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf en Algérie, plusieurs organisations telles que l'Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs, basée à Genève, et le Centre européen pour le renseignement stratégique et la sécurité, ont confirmé la persistance de ce détournement par les dirigeants des séparatistes avec le soutien de responsables algériens.