Le secteur du tourisme a été impacté de manière directe suite à l'épidémie du Coronavirus, apparu en Chine en décembre 2019 et propagé depuis dans 108 pays, engendrant, selon les chiffres livrés ce lundi 9 mars, quelque 111.363 contaminations et 3.841 décès, mais également 62.109 cas de guérison. Un virus, dont le remède n'a toujours pas été trouvé, qui a obligé la plupart des amoureux du voyage à rester chez eux et a annuler leurs réservations. Et c'est les professionnels du tourisme qui sont les plus affectés des suites de cette épidémie en phase de devenir mondiale. En effet, en Europe par exemple où le chiffre relatif aux personnes confirmées « Covid-19 » ne cessent d'augmenter, le tourisme est à son plus bas niveau, avec deux millions de nuitées en moins sur la période janvier-février d'après les professionnels du secteur. Selon le commissaire européen en charge du marché intérieur, Thierry Breton, qui s'est prononcé sur le sujet sur la chaîne Europe 1, ce chiffre important de nuitées en moins, a causé une perte d'un milliard d'euros par mois pour les professionnels du secteur, soit 2 milliards d'euros de perte sur la période janvier-février. Venons en ainsi au Maroc, qui a enregistré son premier cas de Coronavirus le 2 mars, et le second le 5 mars, il se bat depuis des décennies pour booster son secteur touristique, mais a vu ses chiffres chuter vu l'annulation de plusieurs événements majeurs qui se déroulent sur son sol et auxquels prennent part des personnalités et intervenants étrangers. A ce propos, Fouzi Zemrani, vice-président de la Confédération nationale du Tourisme, livre une analyse bien cernée sur le sujet où il explique dans un premier temps que « ce n'est une surprise pour personne, que les deux cas de coronavirus dénombrés à ce jour chez nous, soient des MRE en provenance d'Italie et c'est aussi tout à fait normal que la RAM suspende ses vols vers Milan et Venise». Il estime ainsi que face à un risque potentiel de propagation du « Covid-19 » à travers le Royaume, il est tout à fait normal que le ministère de l'Intérieur décide le 4 mars courant d'interdire tous les événements qui connaîtraient la « participation de personnes venant de l'étranger notamment les conférences, les forums, les manifestations culturelles, sportives, les raids, les rallyes ... », au même titre que « les événements de plus de 1000 personnes résidentes au Maroc, s'ils sont organisés dans des lieux confinés ». « C'est ainsi que nous avons assisté à l'annulation d'un certain nombre d'événements majeurs, tels que le Salon de l'agriculture de Meknès ( SIAM) ou le Forum Crans Montana qui devait se tenir à Dakhla. S'ensuivirent une série d'autres événements devant se tenir à Casablanca ( Auto Expo et Maroc Hôtel ) et puis vint le tour du MICE à Marrakech où tous les événements programmés pour le mois de mars, ont été soit annulés, soit reportés avec tout ce que cela comporte comme désagrément tant pour les hôteliers, que pour les DMC, restaurateurs, transporteurs et autres organisateurs d'événements, souligne-t-il. Et de faire remarquer: « En l'espace d'une semaine, nous sommes passés d'une crise de la demande, à une crise de l'offre ». Le vice-président de la Confédération nationale du Tourisme va plus loin dans son analyse et explique qu'il y a encore un mois, « nous nous posions la question de comment rattraper les pertes du marché chinois, avec le déclenchement du COVID-19. On proposait que les Dreamliner de la RAM, aillent chercher les clients américains en lieu et place des clients chinois, sommés au confinement ». Mais aujourd'hui, poursuit-il, « nous sommes dans l'obligation de refuser des clients par principe de précaution (...) car il ne s'agit pas de badiner avec la santé de nos concitoyens ni celle de nos visiteurs ». Selon lui, l'économie marocaine, et en particulier le secteur du tourisme, est « contrainte à une inactivité forcée au moins jusqu'à la fin mars avec tout ce que cela comporte comme manque à gagner pour le tourisme en particulier, et l'économie nationale en général ». Ce professionnel du secteur relève également un point très important qui est le faite de se préparer à « une retraite forcée, dont on ne connait pas la durée exacte », s'interrogeant si « nous disposons des moyens de tenir au-delà d'un certain délai ? ». En réponse à cette question, Fouzi Zemrani reste optimiste et estime « qu'une sortie de crise est envisageable après le Ramadan ». En attendant, l'expert en tourisme propose « d'optimiser et de profiter de ce temps pour préparer la sortie de crise ». Mais comment ? Le vice-président de la Confédération nationale du tourisme propose trois points sur lesquels le Royaume peut travailler entre temps à savoir « sauter le pas et faire notre transition digitale à travers la formation de nos équipes, la création de contenus, l'utilisation des outils digitaux pour marqueter nos destinations ». Il propose également « l'innovation dans nos produits et la remise à niveau des outils de production » ou encore la « préparation d'offres invitant à des expériences inédites et atypiques ». En guise de conclusion, Faouzi Zemrani ajoute que si « par malheur, la crise s'éternise, il faudra jouer de solidarité entre professionnels du tourisme et espérer un soutien plus que moral de la part de nos gouvernants ».