Au moment où l'affaire connue désormais sous l'appellation de « Pédophile koweïtien » continue de faire polémique quant à la manière dont elle est traitée par la justice et la facilité avec laquelle le principal accusé a pu quitter le territoire national et échapper ainsi aux poursuite, une nouvelle donne a surgi. La famille du Koweitien, 24 ans, accusé de viol sur mineur et qui a profité d'une mise en liberté provisoire pour s'évaporer dans la nature, a déposé plainte contre les parents de la victime pour « chantage et extorsion». En effet, ces derniers auraient empoché pas moins de 900.000 dh pour retirer la plainte, sur la base d'un accord conclu avec la famille lors de l'enquête sur cette affaire. Si la mère s'en est tenue aux termes de cette « transaction autour de sa fille », le père, lui, a refusé de retirer la plainte et exigé la somme supplémentaire de 250.000 dh. La victime, une mineure de 14 ans, aurait empoché une « réparation » de 2000 dh au moment de son viol, au même moment où ses parents « négocient son innocence, sa dignité et ses droits à coup de millions ». L'antenne de l'Association marocains des droits de l'homme (AMDH) à Marrakech, qui s'est constituée partie civile dans ce dossier, ne décolère pas. Au-delà de la défense des droits de la victime, et la dénonciation de la légèreté avec laquelle la justice a traité ce dossier, faisant bénéficier « l'agresseur » d'une liberté provisoire « très discutable », elle appelle à s'intéresser, aussi, « aux conditions ayant facilité cette opération de viol ». A cet égard, l'AMDH-Marrakech demandé à voir du côté du l'établissement touristique qui « aurait fermé l'œil » sur la manière dont a été introduite la fillette « dans le coffre d'un véhicule », et celle dont elle est sortie (taxi). Pour l'association, il s'agit non moins d'un cas d'«aménagement d'espace en lieu de débauche », dans le cadre de ce qu'elle a appelé un « réseau de traite des êtres humains et de proxénétisme ». A cet effet, l'AMDH indique avoir saisi le Parquet général près la Cour de la cassation, le président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire et le ministère de la Justice, pour demander une réouverture de l'enquête. Le mis en cause aura passé en tout et pour tout, une période de détention d'à peine un mois et demi avant de bénéficier d'une liberté provisoire, sur intervention de l'ambassade de son pays et contre une caution de 30.000 dh, avant de quitter le Maroc, échappant ainsi aux poursuite engagées à son encontre. La peine encourue dans ce genre d'accusation est de 20 ans de réclusion. Entrant en ligne, sa famille a même déposé une plainte contre les parents de la victime, les accusant de chantage et extorsion après qu'ils aient réclamé une rallonge portant à 950.000 dh la somme à verser en contrepartie de l'abandon des charges. Pour rappel, accusé de manquement, le ministère de la justice avait rendu public, le 19 février dernier, un communiqué affirmant que la liberté provisoire accordée au ressortissant koweïtien présumé impliqué dans une affaire de viol et attentat à la pudeur sur mineur, fait suite à une décision judiciaire émanant de l'autorité judiciaire compétente dans le cadre d'une plainte qui lui a été soumise. « Il s'agit, par conséquent, d'une affaire purement judiciaire dans laquelle il ne peut pas intervenir et ce, par respect du principe de l'indépendance du pouvoir judiciaire, conformément à la Constitution et aux lois nationales », avait souligné le ministère. Le département de Benabdelkader avait, de même exprimé son étonnement suite à la publication par le « Forum Azzahrae pour la femme marocaine » d'un communiqué dans lequel il a appelé le ministère à assumer sa responsabilité dans le cadre d'accords de coopération judiciaire avec le Koweït et à prendre les mesures nécessaires pour poursuivre le suspect koweïtien pour les faits qui lui sont reprochés dans une affaire de viol sur mineure de 14 ans. « L'accord de coopération judiciaire en matière pénale, d'extradition et de transfèrement des personnes condamnées, signé entre le Maroc le Koweït en 2008, définit le domaine d'intervention du ministère de la justice dans la transmission des demandes qui lui sont soumises par les autorités judiciaires marocaines aux autorités koweïtiennes », avait rétorqué le ministère, qui a fait part de son intention de «veiller à faire le nécessaire conformément à la loi dès réception d'une demande de coopération émanant des autorités judiciaires marocaines selon les dispositions dudit accord et ce, pour assurer la bonne application de la loi et garantir les conditions d'un procès équitable pour toutes les parties ».