Tous les ans, à l'approche de la saison d'hiver, de nombreux Marocains se font vacciner contre la grippe saisonnière, généralement sur la période d'octobre-décembre, pour prévenir toute maladie ou infection liée à la grippe. Cette vaccination ne se fait au Maroc que chez le médecin du privé ou dans une structure hospitalière publique, une situation que les pharmaciens d'officine veulent voir changer. Les pharmaciens du Royaume réclament en effet le droit de pouvoir « faire cette vaccination » comme il est le cas chez le voisin tunisien, ou encore en France ou en Espagne. A ce propos, le réseau français « Pharmastat », a révélé début février, que le nombre de vaccinations contre la grippe saisonnière a observé une nette augmentation cet hiver en France avec plus de 1,3 million de plus qu'il y a deux ans, grâce justement au développement de la vaccination en pharmacie. Il y a près d'un an, alors qu'Anass Doukkali était toujours à la tête du ministère de la Santé, le Conseil national de l'ordre des pharmaciens du Maroc (CNOP), lui avait demandé de s'aligner sur les pays développés notamment la France, l'Espagne, le Portugal ou encore la Suisse, et d'accorder le droit de vaccination contre la grippe aux pharmaciens d'officine, « considérée comme étant un espace de proximité, facilement accessible à tous, sans avoir à prendre rendez-vous ». Selon Hamza Guedira, président du CNOP qui s'est confié à Hespress Fr, le ministre était favorable au principe. « On a donc eu une réunion avec le comité national de vaccination. J'avais fait un exposé avec mon homologue pharmacien de la direction du médicament et de la pharmacie, mais les médecins, pas tous, avaient opposé une sorte de résistance à ce projet. Et puisque le ministre attendait un avis de la commission, il m'avait promis de passer outre dans le cas où la décision est négative ». Cependant, Dr. Guedira se désole qu'à son départ, suite au remaniement ministériel d'octobre 2019, rien n'a été fait. « Si vous voyez les chiffres du réseau des pharmaciens français, il y a tout à gagner à impliquer le pharmacien dans la vaccination. En parlant de chiffres, cette année, 600.000 vaccinations de plus ont été enregistrées en France contre la grippe saisonnière grâce à l'intervention des pharmacies d'officine» argumente-t-il. Au Maroc rien n'avance Le président de l'ordre des pharmaciens nous explique « qu'il s'agit-là, d'une vaccination qui évite énormément de grippes, de bronchites, de complications, d'hospitalisations pour une catégorie de malade fragile comme les diabétiques, les cardiaques, les cancéreux », mais selon lui, « dans notre pays, rien n'avance ». « Il faut qu'il y ait des prises de décision en faveur du citoyen marocain. Cela n'a rien avoir, ni avec un côté pécuniaire ni autre. Mais aujourd'hui, la fédération internationale des pharmaciens a développé 5 ou 6 mesures pour améliorer le rôle du pharmacien et le renforcer dans le cadre du système de santé. Une de ces mesures concerne justement la vaccination contre la grippe », relève-t-il. Notre interlocuteur s'est d'ailleurs interrogé «s'il est évident pour le citoyen marocain de se rende chez un médecin du privé ou dans un dispensaire public et patienter au moins une heure pour se faire vacciner, alors qu'il ne va rien ressentir ?». Ce que nous cherchons, dit-il, c'est « l'intérêt du citoyen, pour lui faciliter l'accès au soin ». « Nous, en tant que pharmaciens, nous incitons les Marocains à se faire vacciner dans un cadre préventif, et les chiffres sont là pour montrer le côté bénéfique de la chose », indique encore Dr. Guedira, qui souligne en revanche « qu'il est strictement interdit aujourd'hui et illégal, selon la loi et les textes en vigueur, de procéder à la vaccination dans une pharmacie ». Toutefois, Dr. Guedira fait savoir que leur combat aujourd'hui est justement pour que « la vaccination pour la grippe saisonnière se fasse chez un pharmacien d'officine de manière légale et dans les règles de l'art pour qu'il y ait un terrain légal pour son exercice ».