Fouzi Lekjaa, président de la FRMF, se dit déterminé de doter la Ligue professionnelle de son indépendance. Une décision qui passe par la mise en place d'un modèle de gestion fiable alors que la LNFP traverse une zone de turbulence après les grossières erreurs d'arbitrage, une programmation aléatoire et un conflit ouvert avec le Raja Casablanca. La Ligue professionnelle du football national (LPFN) est toujours une coquille vide. « Cela fait quatre années qu'elle opère sans jamais jouir d'une indépendance où des structures de gestion opèrent librement », se désole Sami El Idrissi, spécialiste des questions économiques dans le domaine du sport. « Aujourd'hui, la LPFN n'est qu'un petit département au sein de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) en charge de l'arbitrage et de la programmation sans pour autant accomplir les missions qui lui ont été attribuées en vertu de la loi 30-09 qui l'a institué », dit-il au micro d'Hespress FR. Dernièrement, la Ligue nationale de football professionnel a récupéré la gestion des subventions allouées aux clubs de première et deuxième division. Il s'agissait d'une promesse de Faouzi Lekjaa, le président de la FRMF lors de la dernière Assemblée générale; L'ancien président de la Renaissance de Berkane avait promis « plus d'indépendance administrative et financière à la Ligue professionnelle », après quatre années dont les prérogatives se résumaient à la programmation, pas toujours réussie, des rencontres de Botola 1 et 2. Modèle économique « Si la FRMF est sérieuse dans sa recommandation d'indépendance, il y a lieu de procéder sans délai à la signature d'un contrat de délégation de pouvoirs qui permet désormais à la LPFN de gérer le football des clubs de D1 et D2 dans son ensemble », nous dit notre interlocuteur. En l'absence de ce contrat, tout le reste n'est que littérature. Néanmoins, la LPFN doit gérer les volets financiers, marketing, ressources humaine, communication, administratifs. Pour ce faire, la FRMF doit lui léguer la manne de la SNRT, soit 110 MDH, en plus d'une subvention de gestion et de motivation des clubs les plus performants, à charge pour la LPFN de chercher d'autres sources de financement. Une moyenne de 200 MDH par an serait suffisante pour la gestion de la Ligue avec des reportings périodiques à l'adresse de la FRMF, qui se charge d'un contrôle et suivi continu. Sans organisation, la LNFP ne saurait fonctionner avec des objectifs précis et ne pourrait développer le football au sein des clubs professionnels. Ce professionnalisme passe par l'abolition du bénévolat qui s'est avéré improductif y compris au niveau des postes de président et de secrétaire général. Une gestion moderne et rigoureuse requièrent un travail à plein temps et un engagement à 150%, ce qui nécessite des profils salariés, pointus et efficaces devant répondre aux exigences des postes requis. Seuls deux ou trois vice-présidents et quelques membres du Bureau exécutif seraient issus des clubs à titre bénévole. Un conflit ouvert avec le Raja Casablanca La polémique qui a suivi la programmation du match Raja-DHJ ou son report, dont la date ne respecte pas l'esprit et la lettre de l'article 21 du Règlement des compétions de la FRMF selon les uns et reste conforme aux règlements selon les autres, a laissé libre cours aux interprétations. « Cette rencontre ne devrait même pas créer toute cette polémique. Il fallait faire preuve de flexibilité. Le problème est que c'est l'opinion publique sportive qui a créé cette polémique. Il y a un règlement qui garantit l'attrait et le respect par toutes les institutions sportives, mais il fallait faire montre de flexibilité et prendre en compte certaines conditions », suggère notre expert. Cette affaire pourrait être résumée en une phrase selon Sami El Idrissi : « parfois on ne doit pas faire montre de trop de rigueur en termes d'application de la loi et rester flexible. Le juge n'est pas tenu à chaque fois d'appliquer à la lettre la loi. Même quand il s'agit de crimes, il y a des circonstances atténuantes ». Un président contesté En décidant de maintenir la rencontre Raja-DHJ le mardi 7 janvier, la LNFP s'est retrouvée au centre d'une polémique liée à son président qui est également président du Wydad, grand rival du Raja. « Quand on parle de la Ligue nationale de football professionnel, il faut rappeler qu'il s'agit d'une association créée par la Fédération royale marocaine de football et régie par les statuts de la FRMF. Elle émane également d'élection », rappelle Idrissi. Le Président et les membres non désignés du Comité directeur sont élus par l'Assemblée générale au scrutin de liste. Selon notre interlocuteur, « on ne peut pas résumer la ligue en la personne de Saïd Naciri et dire à chaque fois que la LNFP prend une décision c'est Naciri qui l'a prise. Sans personnifier l'instance, c'est bien la LNFP qui a pris une décision ». Pour éviter ce genre de situation qui amène simplement de la « confusion dans notre football », notre expert a bien sa petite idée. « A mon sens, à l'origine de la création de la LNFP, l'idée était de désigner un technocrate à la tête de la ligue, qu'il soit un membre qui n'a aucune relation avec les clubs comme c'est le cas pour Hicham Amrani au niveau de la CAF ou d'autres gens qui ont de l'expertise en termes de gestion, des règlements et des lois et qui connaissent bien le football et qui n'ont pas pour autant une appartenance. Cela aiderait à ce que tout se passe dans la transparence et sans accusations ». D'ailleurs, la FRMF pourrait modifier les statuts de la LNFP pour aller dans ce sens. Une fois élu, le prochain dirigeant devra démissionner du poste qu'il occupe au sein de son club. Ce changement pourrait être adopté lors de la prochaine assemblée générale de la Ligue nationale de football professionnel et qui pourrait faire taire, au moins pour un temps, les nombreuses voix qui s'élèvent pour contester la double casquette de Saïd Naciri.