Le gouvernement tunisien désigné, conduit par Habib Jemli, a perdu vendredi un vote de confiance à l'Assemblée des représentants du Peuple. Le gouvernement Habib Jemli, dont la composition a été annoncée le 2 janvier après 46 jours de tractations et de concertations, n'a pas obtenu que 72 sur les 109 voix requis pour obtenir la confiance de l'ARP. 134 sur 217 députés que compte l'ARP ont refusé d'accorder la confiance au gouvernement de Habib Jemli composé de 28 ministres et 14 secrétaires d'Etat. Seuls les députés du parti Ennahdha et de la coalition Al Karama ont voté en faveur de ce gouvernement, alors que trois autres se sont abstenus de voter. Lors de son intervention lors de la séance plénière à l'ARP consacrée au vote de confiance, Habib Jemli a assuré avoir choisi ses ministres « sur la base de la compétence, l'intégrité (…) et leur capacité à la concrétisation ». Ce gouvernement est « indépendant » a-t-il réaffirmé, après l'échec de négociations avec les nombreux partis siégeant à l'Assemblée pour rassembler une coalition gouvernementale. La liste proposée par Jemli a été critiquée par la majorité des partis, notamment ceux de l'opposition, qui ont évoqué un « jeu périlleux d'équilibrisme » auquel s'est confronté le nouveau chef de l'exécutif tunisien et qui se décline à travers le nombre élevé des membres du gouvernement et sa forte coloration politique, relevant que sa composition a obéi aux règles de jeu partisan et qu'il s'agit d'un « gouvernement d'Ennahdha et non de technocrates indépendants ». Ils ont aussi qualifié ce gouvernement d'« incolore, inodore et sans saveur », d'une « nouvelle Troïka, à la solde du mouvement Ennahdha » et annonçant qu'ils ne lui accorderont pas leur confiance au parlement. Le président Kaïs Saïed avait chargé le 15 novembre le chef du gouvernement désigné de former le nouveau gouvernement après avoir été proposé par Ennahdha, qui compte le plus grande nombre de sièges au parlement. Selon la Constitution tunisienne, « le gouvernement est composé d'un chef de gouvernement, de ministres et de secrétaires d'Etat choisis par le chef du gouvernement en consultation avec le président de la République pour les ministères des affaires étrangères et de la défense ». Dans la semaine qui suit l'annonce des résultats définitifs des élections, le Président de la République, charge le candidat du parti ou de la coalition électorale ayant le plus grand nombre de sièges à l'ARP de former le gouvernement dans un délai d'un mois, renouvelé une fois. Lorsque le délai spécifié est dépassé sans formation du gouvernement, ou dans le cas où l'Assemblée des représentants du peuple n'accorderait pas de confiance au gouvernement proposé, le Président tunisien tiendra, dans un délai de dix jours, des consultations avec les partis, coalitions et blocs parlementaires pour désigner la personne la plus apte à former un gouvernement dans un délai maximum d'un mois. Si quatre mois se sont écoulés depuis le premier mandat et que les députés de l'ARP n'ont pas donné confiance au gouvernement, le président de la République a le droit de dissoudre le Parlement et de convoquer de nouvelles élections législatives dans un délai de 45 jours et 90 jours maximum.