Son histoire a secoué le pays tout entier, et même au-delà. Une jeune fille de 17 ans, séquestrée, violée, tatouée et martyrisée au propre comme au figuré pendant deux semaines par une douzaine de voyous. Il y a là de quoi émouvoir. Mais voilà que certains viennent jeter du discrédit sur les dires de Khadija et sur toute l'histoire même. La vague de sympathie, de compassion et de solidarité qui a envahi la toile n'était pas si générale que ça, même si on voudrait le croire. En effet, qui pourrait (oserait ?) ne pas compatir et se solidariser ? Il faut croire qu'il y en a, et pas des moindres ! Si on choisit d'ignorer les témoignages de certains voisins et connaissances « envieux et rancuniers, voire même menteurs », comment ne pas prendre au sérieux les propos d'une spécialiste qui a l'air de maîtriser son sujet et se dit prête à prouver, scientifiquement, ses dires ? Vous l'aurez compris, il s'agit là de Linda Paradis, un nom que les Marocains ont découvert et...haï ou applaudi. Car le propos divise, et de quelle manière ! Selon donc Linda Paradis, les tatouages sur la peau de Khadija datent d'au moins 6 mois. Certains auraient même été faits par l'intéressée elle-même. Le mot est lâché et c'est toute l'histoire de séquestration et de viol collectif dont Khadija aurait été victime qui est remise en question. La toile s'est enflammée, et les parents de la jeune fille n'ont pas tardé à réagir. Sitôt dit sitôt fait, ils entrent en contact avec Me Youssef Chehbi et le mandatent pour défendre leur fille contre Linda Paradis. Cette dernière est accusée d' »usurpation d'identité, non-respect du secret professionnel, non-respect de l'intimité physique et tentative d'influencer le cours de la Justice », rien que ça ! Du coup la dame perd des galons. Elle n'est plus la spécialiste en détatouage qui possède des instituts de beauté à Rabat et Paris, mais une « simple esthéticienne qui induit les gens en erreur ». Qui croire ? Où réside la vérité ? L'avenir et la justice nous le diront. Mais en attendant, que ses tatouages soient vieux ou récents, Khadija n'a certainement pas cherché ou mérité ce qui lui serait arrivé. Aucune personne ne doit être contrainte à une relation ou un rapport qu'elle refuse. Nul n'a le droit de lui dénigrer son statut de victime jusqu'à preuve du contraire, de même que nul n'a le droit de la juger ou de la condamner pour quelque motif que ce soit. La toile n'est pas un tribunal et la vie des autres et leur intimité sont sacrées et doivent être respectées quelles que soient les circonstances. Le procès de Khadija, victime de viol collectif et de séquestration durant deux mois à Oulad Ayad aura lieu le 6 septembre au Tribunal de première instance de Beni Mellal. Les douze hommes, âgés de 18 à 28 ans, arrêtés dans le cadre de cette affaire sont placés en détention préventive. Il font l'objet de plusieurs chefs d'accusation: « traite d'humain sur mineure », « viol », « menace de meurtre », « torture et usage d'arme causant des blessures et des séquelles psychiques », « constitution d'une bande organisée, enlèvement et séquestration », « non-dénonciation de crime » et « non-assistance à personne en danger ».