La réglementation sur la possession des armes est bien claire au Maroc : l'on peut bien disposer d'un fusil de chasse uniquement sur présence d'un permis de chasse. Si cela est évident, qu'en est-il des autres types d'armes, notamment les matraques, les tasers et les bombes lacrymogènes ? Ceux-ci sont largement vendus sur les réseaux sociaux, notamment sur la plateforme commerciale de Facebook, au vu de tous. La pratique de la chasse est bien autorisée au Maroc, est fait l'objet d'une réglementation très serrée. En effet, l'on ne peut disposer d'un permis de chasse qu'en remplissant certaines conditions, notamment disposer d'un casier judiciaire sans antécédents, mais surtout les moyens financiers qui vont avec. En effet, le prix annuel varie entre 8000 et 12.000 dirhams, afin de disposer de ladite autorisation. De plus, son usage n'est valide que pendant des périodes données, notamment entre octobre à décembre pour le gibier, d'octobre à février pour le sanglier, et de juin à août pour les tourterelles. Tout cela est bien. L'on peut avoir une traçabilité de la provenance des armes utilisées, des revendeurs, des propriétaires, ainsi que des clubs de chasse auxquels ils adhèrent. Toutefois, il faut bien comprendre que la législation en place permet bien l'importation de pistolets et autres armes de poing, en plus d'armes à usage personnel, dont les bombes lacrymogènes et les matraques. Cela dit, ces armes ne peuvent pas être accessibles à tout le monde. Selon les explications du gérant d'un magasin d'équipement sportif de Rabat, il est impératif de disposer d'un permis de chasse pour acquérir un fusil, quoiqu'il soit possible d'acheter une carabine utilisant des plombs de 4,5 mm ou 5,5 mm, dont la puissance ne dépasse pas un certain nombre de joules, généralement moins de 30 J. La Douane marocaine indique dans ce sens que « l'importation des carabines à air comprimé d'un poids égal ou supérieur à 1 kg, 500 et des pistolets à air comprimé d'un poids égal ou supérieur à 0 kg 650 est soumise à autorisation d'importation ». Ainsi, l'achat de ce type d'armes peut se faire sur présentation d'une pièce d'identité seulement, alors que les plombs utilisés peuvent être achetés à des prix situés à partir de 70 dirhams. Toutefois, le gérant du magasin nous a expliqué que l'importation et la vente de pistolets à air comprimé sont interdits par la loi, car « ceux-ci pourraient bien être utilisés dans des scénarios illicites ». Par ailleurs, vu la ressemblance avec les fusils utilisant des cartouches à poudre, il est interdit d'utiliser les carabines à air comprimé pour menacer autrui ou tout acte illicite. Cela dit, il semble que certains individus profitent du pouvoir des réseaux sociaux pour vendre d'autres armes, de façon illégale évidemment, mais sans que grand monde s'en mêle toutefois. Réseaux sociaux, caverne d'Ali Baba des armes illégales De nombreux groupes de ventes et achats, ainsi que la fonction market de Facebook, proposent d'acquérir des bombes lacrymogènes de différents pays, notamment la France et la Russie, mais aussi des matraques télescopiques, généralement d'origine chinoise. Les prix varient entre 150 à plus de 400 dirhams pour ces produits. Pour ce qui est des livraisons, celles-ci se font généralement soit via poste, soit en personne. D'ailleurs, l'on peut bien se procurer une matraque au niveau de la médina de Rabat, du côté de Bab Lhed, pour des prix allant de 300 à 400 dirhams, comme nous avons pu le constater sur place. Celles-ci sont vendues au vu de tous, sans que cela sorte de l'ordinaire. Si l'on sait bien que la possession d'armes blanches, lacrymogènes et de matraques est interdit par la loi, la législation indique toutefois, pour le premier point, que « l'importation de certaines armes blanches est soumise à la présentation d'une licence d'importation délivrée par le département du commerce extérieur ». Donc, l'importation de ce genre de produits relève du ministère de Moulay Hafid ElAlamy, notamment de l'Industrie, du Commerce et de l'Economie Verte et Numérique. Dans ce sens, nous avons contacté une source au sein de la direction du commerce extérieur, qui nous a redirigées vers deux directions, notamment celle de la normalisation et de la promotion de la qualité au ministère de l'Industrie, ainsi que le département du commerce extérieur. Hespress FR a ainsi tenté de joindre les deux départements à plusieurs reprises, mais en vain. En s'informant auprès des vendeurs de la médina de Rabat, certains ont bien voulu nous expliquer que ces produits sont introduits en contrebande, soit depuis la frontière algérienne, soit du nord du royaume. D'autant plus, ces produits peuvent être importés via des plateformes de ventes en ligne étrangères, à noter que les vendeurs peuvent modifier les informations concernant la nature du produit, afin d'éviter tout problème de blocage au niveau de la Douane.