Moulay Hafid Elalamy a saisi la tenue de la 34e session du Comité permanent pour la coopération économique et commerciale de l'Organisation de la coopération islamique (COMCEC), le 28 novembre à Istanbul, pour remettre de l'ordre dans les relations commerciales entre le Maroc et la Turquie. Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du commerce et de l'économie verte et numérique, n'y va pas de main morte quand il s'agit de l'économie du royaume. Le ministre s'est entretenu avec son homologue turque, Ruhsar Pekcan, lors de la 34e session du COMCEC, afin de clarifier les choses sur les relations commerciales entre les deux pays. En effet, la balance commerciale du Maroc souffre d'un déficit important à l'export, chose qui ne fait que s'aggraver face à des importations importantes de différents produits, notamment en provenance de Turquie. MHE a ainsi indiqué qu'il sera procédé à la mise en place d'une équipe technique, composée de représentants des deux pays, afin de revoir certains points de l'accord de libre-échange Maroc-Turquie, signé en 2004. Celui-ci, depuis son entrée en vigueur en 2006, a porté sur les échanges de produits agricoles et industriels, notamment en proposant des réductions tarifaires aux acteurs économiques des parties prenantes. MHE à la rescousse du commerce national Cela dit, la décision du ministre n'est pas un hasard, puisque c'est une réponse à une situation qui pèse sur un secteur national, notamment celui de l'acier. En effet, les producteurs turcs inondent le marché national avec leur production, qui est véhiculé à des prix moins importants que ceux pratiqués localement. Cela fait que cette situation n'est pas du goût des producteurs nationaux, qui se retrouvent dans l'obligation de baisser leur production ou de vendre à prix cassé. Il n'est donc que chose logique que le royaume décide d'imposer des droits antidumping sur les produits turcs, chose qui n'a pas été du goût des producteurs d'acier turcs. De plus, il faut bien comprendre que la Turquie ne se limite pas seulement à inonder le marché marocain avec ses produits, mais réside surtout dans le fait que le pays a décidé de porter plainte contre le Maroc devant l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), accusant le royaume de pénaliser ses exportateurs. Il est à noter que l'OMC s'est prononcée favorable à la requête turque, indiquant la présence de plusieurs «incohérences » du côté de la partie défendante. Le Maroc n'est, d'ailleurs, pas resté silencieux, puisqu'il a contesté la décision de l'OMC, offrant aux producteurs marocains la possibilité de se repositionner sur le marché national. En effet, le ministère de tutelle avait élaboré des mesures de sauvegardes provisoires de 25 % vis-à-vis les importations de tôles laminées à chaud, des tubes et tuyaux en acier et en fer, qui ont été paraphés le 27 septembre, dans une tentative concrète de permettre au secteur national de souffler. Concrètement, « l'intervention » de MHE indique à la partie turque que le Maroc n'est pas là pour jouer, si celle-ci continue à ignorer les lois du commerce et de la concurrence loyale. Si le commerce turc impose bien des barrières à l'import de produits marocains, le royaume ne peut donc que faire de même, dans le cadre d'une stratégie économique protectionniste. Cela dit, il faut bien comprendre que cette position ne vise pas seulement à « pénaliser » les échanges, mais qu'elle doit être un moteur pour les producteurs nationaux à améliorer leurs produits, afin qu'ils puissent être compétitifs et intéressants à l'export. «Nous avons convenu de la mise en place d'une équipe technique pour identifier les possibilités d'absorber le déficit de la balance commerciale bilatérale (encourager les secteurs exportateurs marocains susceptibles d'intéresser le marché turc, développer les investissements industriels turcs au Maroc...) », a dit MHE.