Les joueuses de l'équipe de football des U13 de l'AS Surieux ont déclaré forfait à la finale de football de la Coupe Rhône-Alpes pour soutenir leur entraîneur, interdite de terrain en raison du port de son voile. C'est un événement dans le football amateur qui devrait sans doute être à l'origine d'une nouvelle polémique. Après un bon parcours en Coupe Rhône-Alpes, l'équipe féminine des moins de 13 ans de l'Association Sportive Surieux (dans l'Isère) est parvenue à se qualifier pour la finale de la compétition. L'événement devait avoir lieu le 6 mai dernier. Finalement, il n'en a rien été. Les joueuses ont en effet pris la décision de déclarer forfait en soutien de leur coach. Le règlement interdit tout signe religieux Le couperet est tombé le 21 avril dernier par un mail du président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, Bernard Barbet, adressé à Essia Aouini, l'entraîneuse de l'équipe des moins de 13 ans. Dans celui-ci, le dirigeant de l'institution annonce à la coach qu'il ne lui est pas possible d'assister à la rencontre au motif qu'elle porte le voile. Afin de justifier cette décision, Berbard Barbet s'appuie sur le règlement de la Ligue, fondé sur les bases de celui de la Fédération Française de Football (FFF), qui institue: «Tout port de signes ou tenues manifestant ostensiblement une appartenance politique, idéologique, religieuse ou syndicale, tout acte de prosélytisme ou manœuvre de propagande à l'occasion de compétitions ou de manifestations organisées sur le territoire de la fédération» est strictement interdit, au «nom du droit à la neutralité». Le club et l'équipe solidaires avec sa coach Particulièrement déçue et choquée par la décision, Essia Aouini avoue sa totale incompréhension à l'hebdomadaire L'Express: «J'entraîne à l'AS Surieux depuis septembre et nous jouons des matchs de championnat tous les samedis, on ne m'a jamais fait de commentaires sur ma tenue. Je ne comprends pas pourquoi ça pose problème maintenant.» Du côté du club, on évoque une injustice comme l'indique le président de l'Association Sportive, Amar Benguedouar, cette fois-ci au Parisien: «Nous considérons qu'il s'agit d'une véritable injustice car Essia a eu le mérite de conduire son équipe jusqu'en finale. Il n'est donc pas question de jouer sans elle. C'est un geste de solidarité.» L'observatoire de la laïcité saisi L'affaire prenant de l'ampleur, le président du conseil régional de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez s'est exprimé et a défendu publiquement Bernard Bardet comme l'atteste son message publié sur Twitter le 24 avril dernier: «Soutien au président de la Ligue AuRA de foot voulant faire respecter le règlement en interdisant tout port de signes ou tenues religieuses.» Le dirigeant de l'entité a même dévoilé son projet de faire voter la région concernant une nouvelle grille de critères qui «conditionneront tout conventionnement au strict respect de la laïcité et au refus de toute forme de communautarisme dans les actions menées par ces structures.» Pour le club, on ne compte pas en rester là. A ce titre, le rapporteur général de l'Observatoire de la laïcité, Nicolas Cadène, a été saisi. L'objectif étant de savoir si la décision de la Ligue peut être contestée. Jusqu'à présent, le responsable a avoué: «L'article sur le prosélytisme semble concerner avant tout les joueurs, et non les encadrants ou les entraîneurs. Si la FFF veut étendre cette règle au-delà des joueurs, elle doit apporter des justifications qui se tiennent.» Quoi qu'il en soit, le match ne s'est pas déroulé. A savoir si la décision sera annulée, cela relève désormais des institutions compétentes. A titre d'information, la FIFA (Federation Internationale de Football Association) autorise depuis 2014 le port du foulard et du turban pour les footballeuses et footballeurs lors des matches officiels.