Les déclarations de Saad Dine El Othmani à propos des événements d'Al-Hoceima continuent de faire jaser jusque dans son propre camp. Quelques jours après les déclarations de Saad Dine El Othmani et des chefs des partis de la majorité gouvernementale à propos des événements d'Al-Hoceima, qui mettaient en garde les manifestants contre « toute ingérence étrangère », politiques et acteurs de la société civile ne décolèrent toujours pas et continuent de critiquer le communiqué publié à l'issue de la réunion du 14 mai. La grogne gagne même le propre camp du chef du gouvernement. Le groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants, réuni ce mardi 16 mai au Parlement, a décidé de convoquer le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Leftit pour entendre son exposé sur la situation à Al-Hoceima. « Le groupe parlementaire du PJD a soumis une demande pour que soit tenue une réunion de la commission de l'Intérieur [...] dans le but d'écouter les éclaircissements du ministre de l'Intérieur », peut-on lire sur un communiqué relayé par le site du parti majoritaire. Une demande qui est intervenue quelques heures avant la séance des questions orales à la chambre des conseillers, et au cours de laquelle un député du PJD s'est particulièrement distingué. Elu d'Al-Hoceima, Nabil Andaloussi a vertement critiqué les déclarations des chefs des partis de la majorité gouvernementale. « L'approche sécuritaire ne réglera pas le problème. Elle ne fera que l'amplifier. Elle ne fera qu'approfondir les problématiques sociales à cause desquelles les citoyens sont sortis manifester pour réclamer de meilleures conditions de vie », a-t-il asséné. « La situation à Al-Hoceima nécessite que l'on ait de vrais hommes d'Etat, pas des serviteurs du pouvoir », a encore déploré le secrétaire provincial du PJD à Al-Hoceima, avant de mettre en garde le gouvernement: « les Rifains n'accepteront jamais que l'on égratigne leur dignité ». https://www.facebook.com/Riforiginal/videos/1301607253292222/ Une autre preuve du décalage qui s'est opéré entre Saad Dine El Othmani et son propre parti: la récente sortie du vice-secrétaire général du PJD Slimane El Omrani. Selon ce dernier, « El Othmani ne représentait pas le PJD à la réunion des leaders de la majorité qui a eu lieu le dimanche 14 mai. Il était présent en tant que chef du gouvernement ». El Omrani qui, selon la hiérarchie du PJD, est le numéro 2 du parti, a estimé qu'en tant que vice-secrétaire général du parti de la lampe, lui seul pouvait «représenter son parti lors de cette réunion, mais qu[il] n'a pas pu y prendre part car [il] ne se trouvait pas, ce dimanche, dans la capitale».