À l'heure où la crise prévaut dans tous les secteurs et que l'actualité est rythmée par les difficultés et les drames socio-économiques, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) craint pour son indépendance au point de l'inscrire à l'ordre du jour de son Conseil d'administration annuel tenu le jeudi 11 février. En plus d'approuver les différents rapports et comptes de l'organisation, le patronat a profité de la réunion pour réviser son règlement intérieur afin d'interdire l'accès aux instances dirigeantes (présidence et vice-présidence) de la confédération, des antennes régionales et des fédérations aux personnes exerçant des fonctions exécutives dans les partis politiques, en application de l'article 4 de ses statuts. Alors, disons-le tout de suite (et les membres de la CGEM ont bien insisté sur ce point), il ne s'agit pas d'écarter du patronat les membres affichant des couleurs partisanes. « L'affiliation politique est un droit constitutionnel et il ne s'agit nullement de le remettre en question », affirme sans équivoque Chakib Alj, président de la CGEM. Mais pour siéger en tant que président ou vice-président, il faudra désormais montrer patte blanche et ne pas avoir exercé durant les 6 derniers mois des fonctions dans des organes décisionnels d'un quelconque parti. Ainsi, à titre d'exemple, un certain Salaheddine Mezouar aurait été inéligible à la tête de la Confédération en vertu de cette révision des textes. Mais pourquoi un tel intérêt aujourd'hui pour la fameuse indépendance de l'organisation patronale ? « L'ambition et l'appétit des partis politiques sont tels qu'aujourd'hui, les chambres professionnelles sont devenues solubles dans les partis et qu'il n'y a pas de groupe parlementaire qui les représente. Si on laisse les choses ainsi, il se peut que demain, la CGEM également ne dispose plus de groupe parlementaire au sein de la deuxième chambre, ce qui serait une violation de l'esprit de la Constitution », plaide Abdelilah Hifdi, Président du Groupe CGEM à la Chambre des Conseillers. Le patronat serait-il en train de subir les assauts des formations politiques à l'approche de la date fatidique des échéances électorales au point de vouloir se défendre contre toute velléité d'invasion ? On n'en saura rien et l'équipe dirigeante s'étonnera même de l'insistance des journalistes à vouloir aborder ce point qui reste « marginal » selon eux face au bilan de leurs actions entreprises en 2020 et les priorités de 2021 qui ont été le but premier de la conférence de presse.