La ville d'Essaouira accueillera du 31 octobre au 3 novembre prochains, la 16è édition du Festival « Les Andalousies Atlantiques », avec au menu 15 Concerts d'anthologie dédiés à donner au Patrimoine Musical Judéo-Arabe ses lettres de noblesse. Initié par l'Association Essaouira-Mogador, ce Festival se veut un rendez-vous annuel incontournable et un événement unique au monde, en ce sens que c'est au Maroc, au Maghreb et en terre d'Islam que des milliers de Musulmans et de Juifs se donnent rendez-vous pendant plusieurs jours pour chanter ensemble, jouer de la musique ensemble et fêter dans la joie leur histoires partagées, leurs mémoires mêlées et leur patrimoine musical interprété souvent à Essaouira en arabe et en hébreu. « Pour ceux qui ont pu en douter il y a plus de quinze ans quand naissait à Essaouira le Festival des Andalousies Atlantiques, c'est au Maroc, au Maghreb et en terre d'Islam que chaque année des milliers de Musulmans et de Juifs se donnent rendez-vous pendant plusieurs jours pour chanter ensemble, jouer de la musique ensemble et fêter dans la joie leurs histoires partagées, leurs mémoires mêlées et leur patrimoine musical interprété à 4 mains et comme souvent à Essaouira alternativement en arabe et en hébreu », lit-on dans un communiqué de l'Association Essaouira-Mogador. Et de poursuivre que 2018 avait été, à cet égard, une édition d'exception. Rarement, en effet, on aura vu la musique et le chant susciter autant d'émotions, autant de larmes pour dire la joie des retrouvailles à l'écoute de cette musique brodée, ce « matrouz » dont le Maroc a le secret et le talent enracinés dans la profondeur et la richesse d'une histoire plusieurs fois millénaire. ' »C'était en 2018 mais 2019 et ô combien ne sera pas en reste si l'on en juge par la créativité, l'audace et le caractère inédit du programme auquel nous invitent cette année ces +Andaloussiates Souiries+ plus précieuses que jamais », ajoute-t-on. Précieuses d'abord avec les femmes mises à l'honneur lors de cette nouvelle édition, non pas par phénomène de mode mais parce qu'Essaouira a la bonne idée de faire miroir et écho à ces jeunes femmes, chaque année plus nombreuses à se réapproprier les répertoires les plus emblématiques de notre musique andalouse, du Chgouri ou du malhoun judéo-arabe. Sont ainsi attendues à Essaouira, « Samia Ahmed » qui propose un voyage musical retraçant l'Histoire de l'Andalousie, « Asmae Lazrak » pour revisiter à sa façon les qsaïd qui incarnent depuis la nuit des temps ce malhoun judéo-arabe traversant les espaces et les générations pour « nous dire un hier qui nous aide à écrire au futur cette belle histoire marocaine » (au programme : Ana El Kaoui, Lalla Ghita Moulati, etc...), précisent les organisateurs. Les festivaliers auront également à apprécier les prestations de « Dalila Meksoub » qui chantera, entre autres, « Line Monty », « Salim Halali », « Samy Al Maghribi » avec, cerise sur le gâteau et en grande première, une qsida louant le prophète Sidna Mohamed (PSL) sur un texte du grand poète juif, le Maâlem Ayouch Benmouyal Souiri. Avec « Asmae Lazrak » et « Dalila Meksoub », sont aussi à l'affiche « Hanae Touk », « Tamar Bloch » et « Chaimae Imran » afin de rendre hommage à la grande pianiste « Hajja Ghita El Oufir » qui nous a quittés depuis plusieurs années mais qui aura profondément marqué depuis Rabat la scène maghrébine de la musique andalouse, précise-t-on. Et de faire observer que cet hommage aux femmes, qui donnera le ton à cette 16ème édition des « Andalousies Atlantiques » fera écho à la place faite aux jeunes cette année. Musulmans et Juifs, ces étoiles montantes sont déterminées à ne rien oublier de ce que leurs aînés leur ont légué. Ils s'appellent « Elad Levi », « Anas Belhachemi », « Yohai Cohen », « Salah Eddine Mesbah », « Hay Korkos » ou « Hicham Dinar », note-t-on. Une lecture exhaustive du programme révèle l'exceptionnelle diversité et densité des 15 concerts qui vont jalonner à Essaouira ces trois jours de fêtes de toutes nos musiques rejointes par le flamenco, poursuit la même source, soulignant que directement venue de Séville, la « Compañía Leonor Real » retrouvera sur scène « l'orchestre Rawafid », l'une de nos meilleures formations de musique andalouse dirigée par Maître Omar Metioui. Last but not least, « Raymonde Al Bidaouia » à laquelle Essaouira a choisi avec bonheur d'identifier ses Andalousies, va cette année encore gratifier le public de deux concerts. Le premier soir à Dar Souiri après minuit et samedi à la clôture pour une rencontre singulière et riche de promesses entre deux monstres sacrés, « Raymonde Al Bidaouia » et le grand maître « Ben Omar Ziani », icône incontestée et incarnation pionnière et emblématique de la musique judéo-arabe au Maroc et bien au-delà. Le Maestro et la Malka « nous feront l'offrande d'un concert improbable et inattendu mais qui fera date dans les annales de la musique marocaine », un de ces concerts dont Essaouira a le secret et qui donnera tout son sens à l'hommage qui sera rendu en ouverture à Cheikh Mouizo, le chantre engagé, exigeant et militant de toutes les causes et de toutes les fidélités qui ont jalonné la saga ou plutôt l'épopée fascinante et parfois contrastée du judaïsme marocain au cours du 20ème siècle, souligne-t-on. « Saga et épopée dont le point d'orgue et la conclusion cette année auront pour cadre la Zaouia Kadiriya qui ouvrira ses portes à tous pour une soirée longtemps espérée au fil d'un voyage hors du temps où se chanteront en arabe et en hébreu les Qsaid les plus emblématiques de notre patrimoine Ala », ont fait savoir les organisateurs. Et d'enchaîner que le Festival des « Andalousies Atlantiques », c'est aussi des débats, dans le cadre de son Forum-Agora, et des expositions, précisant que pour cette édition, Malika Demnati El Mansouri conviera les festivaliers à un accrochage à la thématique adéquate « Le vivre ensemble ». N'est-ce pas l'esprit même d'Essaouira, cité des saints Sidi Magdoul et Rabbi Haïm Pinto, conclut le communiqué.