Selon le Wall Street Journal, plusieurs conseillers du président américain soutiennent cette idée, qui représenterait une «opportunité économique» pour les Etats-Unis. Les autorités danoises et groenlandaises ont toutefois exprimé leur désapprobation. C'est un article du Wall Street Journal qui a propagé la nouvelle: le président américain Donald Trump serait intéressé par le rachat du Groenland par les Etats-Unis. Les sources du journal new-yorkais ont indiqué que l'occupant du bureau ovale aurait évoqué l'idée lors d'une réunion du conseil juridique de la Maison-Blanche et au cours d'un dîner. L'idée peut paraître étonnante, mais le Wall Street Journal indique que Donald Trump avait émis cette piste sur «différents niveaux de sérieux». Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le gouvernement américain s'intéresse à l'île, propriété du Danemark, qui regorge de ressources naturelles: en 1946, le président Harry Truman envisageait déjà cette possibilité. Les autorités danoises et groenlandaises répliquent En réaction à l'article du Wall Street Journal, la ministre des Affaires étrangères groenlandais Ane Lone Bagger a opposé une fin de non-recevoir à l'idée américaine, en indiquant à l'agence Reuters que l'île est «ouverte au business, mais n'est pas à vendre». De plus, le territoire du Groenland, qui a le statut de pays constitutif du Danemark – un statut inscrit dans la constitution du pays -, a entamé depuis plusieurs années un processus d'autonomisation qui pourrait aller jusqu'à l'indépendance. Ainsi, le référendum du 25 novembre 2008 portant sur l'autonomie renforcée du territoire a été approuvé à plus de 75,5% par les habitants, qui pourraient donc voir d'un mauvais oeil le fait de passer sous contrôle américain. Le projet de Donald Trump risque donc de se heurter aux volontés d'indépendance des locaux. Les autorités danoises ont également vivement répliqué. «Cela doit être un poisson d'avril, totalement hors saison», a ainsi réagi sur Twitter l'ancien Premier ministre Lars Lokke Rasmussen. Interrogé par la station de radio DR, Soren Espersen, porte-parole pour les Affaires étrangères du Parti du peuple danois (anti-migrants), s'est inquiété lui pour la santé mentale du président des Etats-Unis. «S'il l'envisage vraiment, nous tenons la preuve ultime qu'il est devenu fou», a-t-il dit. Au gouvernement, la Première ministre Mette Frederiksen et son ministre des Affaires étrangères, Jeppe Kofod, n'ont fait aucun commentaire à ce stade mais, dit-on de source gouvernementale, ils devraient s'exprimer plus tard dans la journée. Le sujet pourrait revenir sur la table lors de la prochaine visite du chef de l'Etat américain au Danemark, début septembre. «Opportunité économique» Pour rappel, les 57.000 habitants du Groenland vivent la majeure partie de l'année dans des conditions rudes l'hiver, mais le réchauffement climatique entraîne une fonte des glaces de plus en plus notable l'été. Dans le même temps la banquise recule: elle s'étend désormais sur 5,1 millions de km2 soit 483.000 km2 de moins qu'en 2007. Ce dégel de plus en plus marqué expose les sols et ouvre les routes maritimes ce qui permet d'envisager leur exploitation future. Et cette nouvelle donne suscite bien des convoitises. Les conseillers économiques de l'occupant de la Maison-Blanche, cités par le WSJ, la qualifient même «d'opportunité économique» pour le pays de l'Oncle Sam. Une vingtaine de compagnies pétrolières et gazières comme Shell, GDF Suez ou le norvégien Satoil ont également obtenu l'autorisation d'explorer les côtes groenlandaises. La zone économique exclusive du Groenland représente une richesse tant économique que stratégique, à la fois porte d'entrée des routes maritimes de l'Arctique et terreau d'une possible future exploitation offshore. Le Groenland représente aussi un intérêt économique pour ses minerais et plus particulièrement les «terres rares», ces métaux précieux utilisés notamment dans la fabrication de produits technologiques tels que les batteries de smartphone. La Chine détient jusqu'à présent le monopole sur ses matériaux mais leur exploitation prochaine au Groenland pourrait renverser la situation, ce qui n'est pas pour déplaire au président américain, en pleine guerre commerciale avec l'Empire du milieu. Cette nouvelle source potentielle pourrait donc permettre à Washington de se défaire de sa dépendance vis-à-vis de Pékin dans ce dossier épineux.